⋆ 𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟓𝟐

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      Paolo avala une dernière gorgée de son café, incapable de distinguer si ses tremblements étaient dus à la caféine ou à l'absence anormale de sa petite amie. Il avait d'abord cru qu'elle n'avait plus de batterie sur son téléphone, ce qui expliquait les messages sans réponse, mais après plusieurs appels sonnant dans le vide, il s'était inquiété.

     Un peu après minuit, il avait fait un tour dans le centre-ville à sa recherche, en vain. Stephen n'avait pas su le rassurer et s'en était suivie une altercation dans laquelle Paolo reprochait à son ami de laisser Ambre sortir avec « n'importe qui ». Alors, il était rentré dans son studio, enchaînant les cafés pour rester éveillé. Son harcèlement contre Stephen ne cessa pas, il l'avait contraint d'appeler Sybille. Elle était encore avec Ali, Théo et les jeunes rencontrés au bar. Elle lui affirma qu'Ambre était rentrée, alors le message fut passé à Paolo. Il appela ensuite Théo, pour qu'il confirme les dires de Sybille, mais lui, n'avait réellement plus de batterie.

Alors, Paolo sortit une nouvelle fois, pour vérifier si Ambre était chez elle, mais il revint bredouille.

     L'inquiétude primait, mais Paolo éprouvait de la colère. Sa jalousie le laissait croire que sa petite amie était avec un autre homme et que ses camarades la protégeaient. Il ne songea pas une seconde à une situation plus menaçante, si elle était en danger, elle ne serait pas restée muette, il la connaissait.

     Tandis qu'il faisait les cent pas devant son lit, Paolo entendit le claquement de la porte de l'immeuble. Il patienta quelques instants, écoutant les craquements de l'escalier. Et, dès que la poignée se baissa, il s'empressa de rejoindre l'entrée.

Ambre apparut, le soulageant. Pourtant, ses cheveux décoiffés et son regard presque impassible le troublèrent. Il s'apprêta à la prendre dans ses bras, mais elle l'esquiva. Elle jeta son sac sur la table, retira sa veste et ouvrit le frigidaire. Pas d'alcool, évidemment. Alors, sans un mot, elle rejoignit le lit. Elle s'allongea en bâillant et ferma les paupières. Cette attitude agaça Paolo, qui serra les dents. Il s'assit sur le matelas avant de gronder :

     — T'étais où ?

     — Je suis fatiguée.

     — S'il te plaît, j'étais super inquiet ! Pourquoi tu m'as pas répondu ?

     Ambre lança un regard noir à son petit ami. Sa fatigue était réelle, elle ne voulait pas discuter aussi tard.

     — Est-ce que quelqu'un t'a fait du mal ? osa Paolo, préoccupé.

     — Quoi ? Pas du tout, je suis sortie avec Billy et Ali.

     Paolo fronça les sourcils, déterminé à obtenir la vérité.

     — Je croyais que le théâtre finissait vers 23 h 30.

     — Oui, mais on a croisé Théo et on est allés chez Sasha après. Mon téléphone était dans mon sac.

     Ambre se félicita intérieurement pour l'aisance de son mensonge, ignorant tous les appels que son petit ami avait passé pour la retrouver. Et il ne supportait pas ses fabulations qui remettaient en cause l'équilibre de leur couple. Ou tout du moins, l'image qu'il s'en faisait.

     — C'était bien ? Tu as rencontré des gens ?

     — Oui, oui. Est-ce que je peux dormir, maintenant ?

     — Seulement si tu me dis la vérité.

     — C'est la vérité.

     Le rire nerveux, le regard fuyant et la rougeur des joues d'Ambre ne laissaient aucun doute à Paolo. Après toutes ces années à la côtoyer, il savait déceler son attitude mensongère. Il ne voyait pas ses mains, cachées sous la couverture, mais il était certain qu'elles bougeaient, entremêlées l'une dans l'autre.

Les fleurs renaissent au printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant