Chapitre 4 : L'épreuve

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Link entra dans la salle d'entraînement de l'école de chevalerie, où le garde à qui il avait remis la lettre du roi lui avait demandé d'attendre les directives. Les nombreux apprentis qui y discutaient avec enthousiasme se turent lorsqu'il pénétra dans la pièce. Il sentit que tous les yeux de cette petite foule d'enfants, d'adolescents et d'adolescentes se braquaient sur lui. Il s'appliqua à ne croiser aucun regard aussi longtemps que le silence dura. Puis quelques chuchotements et quelques ricanements retentirent ça et là et Link se risqua à jeter des coups d'œil aux élèves tandis que les conversations reprenaient à voix basses autour de lui. Il vit des enfants qui semblaient moins âgés que lui, et des adolescents de toutes les tailles dont certains avaient probablement l'âge d'être adoubé. Toutes et tous portaient la tenue des apprentis de la chevalerie, dont la qualité semblait bien supérieure à la tunique rapiécée et au pantalon de toile grossière dont les apprentis soldats se vêtissaient pour s'entraîner. Link croisa à plusieurs reprises des regards curieux, ébahis ou moqueurs. Il détourna systématiquement les yeux avec malaise.

- C'est lui, le héros ? entendit-il quelqu'un chuchoter

- Mais non, c'est un gamin.

- C'est un domestique, ça, non ?

Link évita soigneusement le moindre contact avec les individus qui occupaient la pièce. Son ventre était glacé d'appréhension mais il s'appliqua à maintenir une expression indifférente sur son visage. Il s'adonna à l'observation de la salle d'entraînement, afin de détourner son attention des chuchotements qui saturaient ses tympans. Il se trouvait dans une pièce circulaire en pierre pourvue de vastes fenêtres et de deux portes, dont une menait vers l'intérieur du château et l'autre vers une cour encerclée de murailles. De nombreuses armes d'entraînement en bois étaient entreposées dans des râteliers, tandis que des épées, lances et espadons en métal ornaient murs. Il repéra les boucliers et les arcs du coin de l'œil : il ignorait tout de l'épreuve à laquelle il allait être soumis, et il préférait s'assurer de repérer toutes les armes à sa disposition.

Lorsqu'il entendit le silence s'abattre à nouveau dans la pièce bruyante, il détourna les yeux des boucliers dont il examinait les motifs peints, et découvrit une femme en armure de chevaleresse debout au milieu de la pièce. Elle était si grande et musculeuse qu'il manqua de la confondre avec une Gerudo, mais sa peau très blanche le démentait, de même que sa taille qui, bien qu'impressionnante pour une hylienne, n'équivalait pas celle des femmes du peuple du désert.

Elle croisa les bras et posa sur lui un regard dur.

- Tu es Link ?

Il acquiesça en silence.

- Je suis Bathylle, la maîtresse d'armes de l'école de chevalerie. On m'a laissé un temps très court pour te préparer une épreuve, alors je n'ai pas fait dans la dentelle. Tu vas affronter tous mes apprentis un par un, du plus médiocre au plus doué, jusqu'à ce que tu sois vaincu. La règle est simple : tu te bats avec une arme en bois et tu l'emportes quand tu parviens à asséner un coup qui aurait été létal avec une arme en métal. Choisis ton équipement et rejoins-nous dans la cour. Ne traîne pas : le roi nous attend.

L'ensemble des apprentis suivit la maîtresse d'armes qui partit aussitôt dans la cour d'entrainement, laissant Link seul dans la salle. Lorsque le dernier adolescent eut quitté la pièce, il s'autorisa à soupirer de soulagement. Cette épreuve s'avérait moins terrible que tout ce qu'il avait pu imaginer. Les apprentis chevaliers étaient certes nombreux et probablement plus habiles que les apprentis soldats ; mais une série de duels lui paraissait bien moins insurmontable que des épreuves d'érudition ou d'éloquence auxquelles les chevaliers et chevaleresses, parangons de la noblesse, devaient également se montrer compétents. Il avait craint de devoir faire étalage de sa naissance médiocre devant le roi et sa fille et était soulagé d'être mis au défi sur un terrain familier. Il espérait battre un nombre suffisant d'aspirants chevaliers pour satisfaire les attentes du monarque, et, surtout, pour que la princesse Zelda le juge digne de combattre à ses côtés.

Les enfants élus [The Legend of Zelda : Breath of the Wild]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant