Les enfants élus [The Legend of Zelda : Breath of the Wild]

Chapitre 20 : Le capitaine de la garde royale

Une douleur fulgurante arracha Link au sommeil. Il ouvrit brusquement les yeux et se redressa. Son cœur martelait dans sa poitrine et ses poumons refusaient l'air qu'il essayait désespérément d'inhaler. Il s'assit sur le bord de son lit et se recroquevilla, essayant de calmer la panique qui l'empêchait de respirer. Il appuya ses mains sur son front pour contrôler le tremblement intense qui les agitait. Des sueurs froides lui trempèrent le dos tandis qu'il luttait contre l'impression de mort imminente qui bouleversait son corps.

Tout va bien, se répéta-t-il, les paupières serrées. Tu es dans ta chambre et tu ne vas pas mourir. Tout va bien.

Progressivement, ses palpitations douloureuses s'apaisèrent, ses poumons se décrispèrent et accueillirent à nouveau un peu d'oxygène. Il inspira longuement à maintes reprises puis soupira profondément. Ses muscles contractés se relâchèrent et sa gorge s'encombra de sanglots. Il retint farouchement ses larmes. Il avait tant à faire ce jour-là, il ne pouvait pas affronter ses obligations avec le visage d'un adolescent qui avait passé la nuit à pleurer.

Encore très secoué par ce réveil brutal, il parcourut les alentours du regard. Sa chambre était plongée dans une profonde obscurité, mais par la fenêtre, il pouvait voir les prémices de l'aube grisonner le ciel. Il disposait encore de quelques heures avant de devoir se lever, mais il savait qu'il ne retrouverait pas le sommeil.

Il quitta son lit. Ses mains tremblaient et ses jambes étaient faibles. Ses crises de panique nocturnes le laissaient toujours dans un état de vulnérabilité dont il peinait à se remettre. Il avait besoin de se défouler.

Il se vêtit en hâte, noua ses cheveux en queue de cheval, endossa la Lame Purificatrice et sortit de sa chambre. Il parcourut le château endormi d'un pas preste, répondant au salut des gardes qu'il croisait d'un vague hochement de tête. Il se rendit à la cour d'entraînement de l'école de chevalerie plutôt qu'à celle des quartiers militaires. Il ne voulait pas risquer de croiser un chevalier de la garde royale dans cet état d'agitation.

Il trouva la cour déserte. Des mannequins d'entraînement y étaient disposés, probablement en prévision de l'entraînement qui attendait les apprentis ce jour-là. Il dégaina l'Épée et se campa devant l'un d'eux. Il serra le pommeau de toutes ses forces pour calmer le tremblement de ses mains. La lueur rassurante de sa lame et sa chaleur l'apaisaient. Depuis quelques temps, la voix de l'arme sacrée résonnait en lui de plus en plus distinctement. Cette présence avait quelque chose de réconfortant.

Il s'attaqua au mannequin. Il avait choisi celui habillé d'une armure en métal afin de ne pas le détruire trop rapidement, mais en quelques mouvements, son adversaire factice tomba en morceaux. Il enchaîna aussitôt et s'en prit aux autres poupées, qu'il massacra sans plus de difficulté.

Il entendit un sifflement admiratif derrière lui et se tourna vivement. Une petite silhouette l'observait depuis le haut de la muraille. Elle glapit lorsqu'elle croisa son regard et s'empressa de le rejoindre dans la cour d'entrainement.

Il découvrit un jeune garçon en tenue d'apprenti chevalier, muni d'une épée en bois. Il devait avoir douze ou treize ans.

- Veuillez me pardonner de vous avoir importuné, héros d'Hylia ! dit-il précipitamment en s'inclinant très bas devant lui. Je venais pour une séance d'entraînement matinal, je ne m'attendais pas à trouver quiconque. Je n'avais nullement l'intention de vous espionner, mais quand j'ai vu qui vous étiez, je n'ai pas pu résister... Je... je m'en vais !

- Tu peux rester.

Le garçon releva la tête et lui lança un regard intimidé. Link lui adressa un bref hochement de tête et se détourna pour continuer sa session. Débarrassé des mannequins d'entraînement, il se contenta de pratiquer des enchaînements à l'épée. Cet exercice le défoulait moins que de frapper sur quelque chose, mais avait l'avantage de lui délasser les muscles et de focaliser son attention.