Chapitre 14 : Vah'Ruta

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Comme l'avait prévu Mipha, le messager auquel Zelda avait confié sa lettre reparut le lendemain après-midi, muni de la réponse du roi. La princesse, qui avait prié à la cascade de Sera toute la journée, ne la reçut en mains propres qu'au dîner. Elle en oublia instantanément sa faim.

- Puis-je l'ouvrir maintenant ? demanda-t-elle au roi Dorefah qui siégeait devant elle.

Elle savait que ce n'était pas très poli : on venait de lui servir un plat magnifiquement dressé et tous les convives de la table avaient commencé à manger. Mais elle avait pensé à cette réponse toute la journée et, maintenant qu'elle l'avait entre les mains, elle était incapable de réfréner son impatience.

- Bien sûr, altesse, répondit chaleureusement le monarque Zora.

Elle lui sourit avec ravissement et écarta son assiette pour poser la boîte étanche qu'on lui avait remise. En l'ouvrant, elle découvrit une enveloppe portant le sceau de son père, ainsi qu'un paquet enveloppé dans un tissu délicat. Elle décacheta la missive royale, les doigts tremblants d'excitation, et plongea dans la lecture.

Comme elle s'y attendait, son père la sermonnait de se pencher sur le travail de Pru'ha et Faras alors qu'il lui avait clairement donné la consigne de dédier tout son séjour à la prière. En parcourant des yeux la calligraphie élégante du roi, elle pouvait entendre sa grosse voix la gronder. Elle endura la lecture de reproches sévères et d'interminables sermons sur l'importance primordiale de l'éveil du pouvoir du Sceau, et fut récompensée de sa patience par le dernier paragraphe :

J'ai tout de même confié au messager le manuscrit que tu me demandes. Je l'ai parcouru et je dois reconnaître que je suis impressionné par ton travail de traduction. J'espère qu'il aidera Faras et Pru'ha dans leurs recherches.

Ces lignes lui arrachèrent un sourire abasourdi tant elle fut surprise de lire un compliment de la main de son père. Il ne l'encourageait jamais à mener ses recherches sur les antiques technologies Sheikah, et plus les années passaient, moins il tolérait qu'elle y accorde du temps.

Elle rangea la lettre puis s'empressa de sortir le paquet de la boite et retira le tissu qui l'enveloppait. Elle révéla un manuscrit si ancien que sa couverture en cuir grisonnante tombait en lambeaux, et un petit carnet de notes beaucoup plus récent. Elle ouvrit précautionneusement le vieil ouvrage et en parcourut les pages une à une. Lorsqu'elle trouva ce qu'elle cherchait, un sourire triomphal étira ses lèvres :

- Je le savais ! dit-elle joyeusement.

Le silence s'abattit autour d'elle et elle leva la tête, confuse. Son enthousiasme lui avait fait oublier qu'elle se trouvait attablée avec la famille royale Zora et qu'elle n'avait toujours pas entamé son entrée. Dorefah, Mipha, Pru'ha, Faras et même Link la dévisageaient avec une curiosité perplexe. Elle se sentit rougir.

- Pardonnez-moi, s'excusa-t-elle à l'adresse du monarque, j'ai attendu ce message avec tant d'impatience que j'en oublie les convenances.

- Ce n'est rien, assura-t-il. Avez-vous reçu quelque bonne nouvelle ?

À nouveau, Zelda ne put retenir le sourire enthousiaste qui envahit ses lèvres.

- Oui, et je crois que cette nouvelle va vous ravir, roi Dorefah.

Elle posa le manuel devant elle.

- Ceci est un antique manuel Sheikah. Il parle des technologies dont nous avons aujourd'hui perdu le savoir. Bien sûr, l'original datant de dix mille ans n'existe plus, mais il a fait l'objet d'un travail de copie à travers les générations, ce qui nous a permis d'en récupérer un exemplaire. La langue utilisée a été oubliée par le clan depuis très longtemps mais nous avons des pistes pour en traduire certains passages. J'y ai beaucoup travaillé pendant mon temps libre et je connais très bien ce manuscrit.

Les enfants élus [The Legend of Zelda : Breath of the Wild]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant