Chapitre 17 : La princesse ignorée

240 20 59
                                    


- Vous devez élaborer une stratégie ! s'exclama Zelda en retenant le capitaine de la garde royale par l'épaule. Vous ne pouvez pas envoyer nos chevaliers et chevaleresses à la mort ainsi !

- Altesse, répondit le vieil homme d'un air impatient. Votre empathie pour nos forces armées est toute à votre honneur. Mais au moment où nous parlons, des civils de la citadelle se font massacrer. Nous n'avons pas le temps d'élaborer un plan d'action. Il faut agir vite.

- Vous ne viendrez pas à bout d'un tel monstre en l'attaquant de front, insista-t-elle sans se démonter. Le château d'Hyrule est en sous-effectif, il faut mobiliser nos forces armées avec discernement ! Ce sont des hyliens, pas de la chair à canon !

- Vous n'avez aucune compétence en stratégie militaire. Votre rôle à vous, c'est de vous mettre à l'abri.

- Mobilisez les armes Sheikah ! Les gardiens sont presque fonctionnels, nous pouvons essayer de les acti...

- Je n'ai pas le temps pour vos caprices, la coupa-t-il durement. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'ai une offensive à mener.

Zelda se stoppa net, abasourdie. Le capitaine de la garde royale lui adressa un dernier regard sévère, de ceux que des adultes adressent à un enfant désobéissant. Elle serra les poings pour contenir sa rage.

- Vous resterez sous la protection du chevalier Reiner, le lieutenant de la garde royale, continua-t-il d'un ton implacable. Si quelque chose devait m'arriver, il serait immédiatement chargé des opérations en tant que nouveau capitaine.

Sans attendre une réaction de la part de la princesse, il se tourna vers sa maigre armée : une petite trentaine de chevaleresses et de chevaliers, tout au plus.

- Quant à vous, dit-il en s'adressant à l'un d'eux, vous restez en sécurité au château.

Zelda jeta un coup d'œil au chevalier auquel s'adressait le vieil homme. Un adolescent sans armure, dissimulé au milieu de la troupe, fit un pas en avant. Elle remarqua le pommeau ailé dépassant de son épaule et écarquilla les yeux en reconnaissant Link. Il avait grandi mais demeurait étonnamment menu, contrastant avec tous les guerriers épais de muscles qui l'entouraient. Ses cheveux noués en queue de cheval révélaient un visage au regard déterminé.

- Capitaine, répondit-il, je peux me batt...

- On ne discute pas les ordres, coupa son supérieur en se détournant de lui.

Link ferma aussitôt la bouche, l'air désarçonné. Il n'insista pas et s'effaça à nouveau.

- En avant.

Le bataillon se mit en marche d'un même mouvement. Zelda regarda les militaires suivre docilement le capitaine hors du château, la laissant seule en compagnie des deux chevaliers dispensés. La porte se ferma dans un fracas sinistre et le silence engloutit l'immense hall d'entrée.

Après un instant de flottement, Reiner s'inclina devant elle et dit poliment :

- Altesse, laissez-moi vous raccompagner jusqu'à vos appartements. Vous y serez en sécurité.

- Je n'ai pas besoin de votre assistance, dit-elle froidement. Disposez.

- Mais... altesse... le capitaine m'a ordonné...

- Les ordres du capitaine de la garde royale outrepassent-ils les miens ? répliqua-t-elle en sentant sa voix trembler de rage.

Reiner hésita. Il semblait peser le poids des deux ordres contradictoires et chercher à déterminer celui qu'il devait suivre en priorité. Zelda ne lui laissa pas le temps d'achever sa réflexion. Elle se détourna de lui, et, sans adresser un regard à aucun des deux chevaliers, quitta le hall et emprunta le grand escalier. Elle fulminait d'avoir été humiliée de la sorte par le vieux militaire devant toute la troupe. Sa voix ne comptait-elle pas ? En l'absence du roi, la parole de l'héritière du trône n'avait-elle pas valeur d'ordre ? Pourquoi personne, à la cour, ne lui accordait jamais le moindre crédit ?

Les enfants élus [The Legend of Zelda : Breath of the Wild]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant