Chapitre 10 : Chevauchée

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Le matin du départ, Link, équipé de sa petite armure de chevalier, se rendit aux écuries. Le roi en personne avait ordonné qu'on lui offre un cheval en l'honneur de son adoubement. Estomaqué d'être gratifié d'un tel présent, dont le prix dépassait largement la somme que sa mère pouvait amasser en une vie de travail, Link demanda expressément qu'on lui confie Épona. Indépendamment de son coût exorbitant, ce cadeau du roi était le plus beau présent de sa vie : Épona avait été sa compagne d'apprentissage et il débordait de joie à l'idée qu'elle devienne la camarade de ses missions et de ses voyages.

Il la trouva déjà harnachée et piaffant d'impatience, visiblement ravie par la perspective d'une sortie en dehors de l'enceinte du château. Le jeune chevalier lui sourit et caressa affectueusement son encolure. Il sentit le souffle chaud et humide d'Épona mouiller ses joues tandis qu'elle le reniflait avidement. Il rit et lui offrit la pomme qu'il avait choisie pour elle sur le buffet du petit déjeuner. Lorsque la jument eut dévoré sa friandise et frotté son museau contre sa joue avec reconnaissance, Link la mena dans la cour où se réunissait la troupe.

L'escorte prévue pour accompagner les ingénieurs Sheikah et la princesse jusqu'au domaine Zora comptait une vingtaine de guerrières et de guerriers chevronnés, choisis parmi les plus hauts gradés de la garde royale. Link savait que des agents des services secrets se trouvaient camouflés parmi eux. Hormis Impa, dont il reconnut le visage bien qu'elle fut déguisée à la perfection, il fut incapable de différencier les guerriers Sheikahs des véritables chevaliers et chevaleresses. Il frissonna en pensant qu'il serait tout aussi incapable de discerner un Yiga infiltré dans leurs rangs.

Lorsque la troupe fut au complet et au garde-à-vous, Zelda entra dans la cour, suivie par deux jeunes adultes aux cheveux blancs dont l'apparence excentrique attira tous les regards. Une femme munie de lunettes rouges et rondes avançait d'une démarche sautillante, suivie de près par un homme au torse fièrement bombé et aux lunettes si épaisses qu'on ne distinguait plus ses yeux. La princesse, quant à elle, avait troqué ses habituelles robes cérémonieuses pour le confort d'un pantalon de voyage.

Ils avancèrent vers les trois chevaux qui les attendaient au centre de la cour. Les deux Sheikah s'installèrent chacun sur les montures à la robe commune, tandis que le maître d'écurie aidait la princesse à monter une magnifique bête au pelage blanc. Cette dernière piaffait nerveusement et Zelda, maladroitement perchée sur la selle, semblait inquiète.

- Il est bien dressé, mais il a un tempérament farouche, lui expliqua le maître d'écurie en lui confiant les rênes. Soyez patiente et ne cédez pas à ses caprices.

Zelda ne sembla pas rassurée par les paroles de l'éleveur.

Les chevaliers et les chevaleresses se hissèrent à leur tour sur leurs montures et formèrent quatre rangs de cinq guerriers. Deux rangs ouvraient la voie, tandis que les deux autres fermaient la marche ; ainsi, les deux ingénieurs et la princesse se trouvaient à l'abri au centre de la formation. Comme convenu, Link prit place au milieu de la troisième rangée, juste derrière la croupe blanche de la monture de Zelda. Il savait qu'Impa se trouvait sur le cheval en face de celui de la princesse, de sorte que cette dernière se trouvait encadrée par quatre éléments de confiance : trois Sheikah et l'envoyé d'Hylia.

Le cortège quitta le château et traversa solennellement la citadelle d'Hyrule sous le regard curieux des citoyens, puis s'élança dans la plaine en direction de l'est.

Le trajet devait durer trois jours et des points d'étape avaient été décidés en amont du voyage. Les chevaux trottaient à petite allure et Link, d'abord aux abois en songeant aux potentiels assassins camouflés parmi eux, se surpris finalement à savourer cette traversée paisible de la plaine d'Hyrule. Émerveillé de découvrir le monde, il ne se lassait pas de regarder autour de lui, ravi d'apercevoir des cerfs détaler ou une nuée d'oiseaux jaillir des hautes herbes pour se précipiter dans le ciel. Il respirait avec plaisir l'odeur de la terre humide retournée par les sabots des chevaux. Sous ses cuisses, il sentait Épona trotter joyeusement. Il se penchait souvent pour flatter son cou, attendri de la voir si gaie.

Les enfants élus [The Legend of Zelda : Breath of the Wild]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant