Chapitre 16 : Chemins séparés

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- La campagne s'est bien passée ?

Link leva les yeux de la croupe d'Épona, qu'il s'appliquait à brosser après l'avoir soulagée de son harnachement. Le maître d'écurie s'était joint à lui et avait posé une main familière sur l'encolure de la jument.

- Plutôt bien, répondit Link en reportant son attention sur le soin qu'il apportait à sa monture. Nous avons délogé une dizaine de campements de bokoblins et de moblins à Akkala. Quelques blessés, mais pas de perte dans nos rangs.

- Ah, c'est bien. Nous avons de la chance d'avoir les chevaliers d'Hyrule pour nous débarrasser de ces horreurs.

Link lui sourit vaguement et acheva de brosser sa jument, qu'il débarrassa des dernières éclaboussures de boue et de sang maculant son pelage. Il se sentit satisfait de voir à nouveau sa belle robe baie qui avait disparu sous la crasse après plusieurs mois de campagne.

- Vous savez que vous pouvez demander à un écuyer de faire ces corvées, remarqua le maître d'écurie. Vous n'avez pas à vous en charger vous-même...

- Je sais. Mais j'aime prendre soin d'elle.

Son ouvrage achevé, le chevalier posa sa brosse et caressa la grosse tête d'Épona, qui frotta affectueusement son museau contre lui en retour. La pauvre bête semblait épuisée et il se sentit soulagé de lui offrir enfin le confort de son box, aux écuries du château. Après la violence des combats et les rudes nuits dehors, elle méritait amplement une litière de paille chaude, de l'avoine à volonté et un toit pour la protéger des premières bises hivernales.

Il lui offrit quelques friandises qu'elle dévora joyeusement puis la laissa dans son box. Le maître d'écurie le suivit tandis qu'il prenait le chemin de la sortie.

- Vous avez une sacrée complicité avec votre jument, constata le vieil homme en souriant. Je me rappelle la première fois où je vous l'ai confiée, il y a quatre ans, quand vous êtes entré à l'école de chevalerie. Vous étiez très impressionné !

Link sourit à part lui en repensant à ce souvenir. Du haut de ses dix ans, il s'était senti écrasé par l'immensité de la bête dont on lui avait confié la longe. Aujourd'hui, il avait l'impression qu'Épona avait rapetissé, mais c'était lui qui avait grandi.

Il remercia le maître d'écurie, récupéra ses affaires et sortit de l'édifice. Son souffle formait une buée dense dans l'air glacé et une fine couche de neige recouvrait çà et là le sol pavé. Harassés par le long voyage, les chevaliers et chevaleresses de sa troupe s'étaient empressés de rentrer au château, laissant le soin de leurs montures aux écuyers. Un grondement furieux échappa à son estomac lorsqu'il songea au banquet qui l'attendait, et que ses camarades avaient probablement déjà entamé.

Il hâta le pas et entra dans le château. Il parcourut les couloirs en direction de la cantine militaire, ignorant les regards et les chuchotements qui suivaient son passage. L'Épée des Légendes attachée dans son dos attirait toujours autant l'attention.

- Link ! cria une voix derrière lui.

Il se retourna. Une adolescente aux cheveux coupés ras et au sourire espiègle lui adressait de grands signes de main à l'autre bout du couloir. Link écarquilla les yeux en reconnaissant Neven. A peine eut-il le temps de faire un pas dans sa direction qu'elle s'élança vers lui et le heurta de plein fouet pour le prendre dans ses bras. Elle le serra avec tant de force qu'il sentit des os de son dos craquer. Il sourit et lui rendit son étreinte. Neven s'écarta ensuite pour le détailler des pieds à la tête, et ricana :

- Tu pars en campagne pendant des mois pour tuer des hordes de monstres mais tu reviens toujours aussi gringalet !

Elle le dépassait en effet d'une bonne tête ; son corps longiligne, presque dégingandé, marquait une croissance trop rapide toute en verticalité. Ses longs membres étaient fins mais sculptés de muscles secs. Une nouvelle cicatrice scindait son sourcil gauche en deux et l'arrête de son nez était désormais un peu tordue. Tout en elle dégageait une impression de brutalité et de confiance en soi, depuis son regard espiègle sous ses sourcils froncés jusqu'à son attitude nonchalante et bandée de muscles. Link sourit en songeant à la petite fille bagarreuse dont il était autrefois inséparable : sa forme adolescente lui allait comme un gant.

Les enfants élus [The Legend of Zelda : Breath of the Wild]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant