Chapitre 12 - Partie 2 - Étann

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Il ne mentait pas quand il disait que c'était physique. Non seulement le soleil tape, mais surtout James-Karl m'impose un rythme infernal. Je suis en nage.

Nous portons chacun un épais échalas en bois sur les épaules avec deux larges seaux en bout. L'Alpha avale le dénivelé comme s'il n'avait rien sur le dos et marche à allure soutenue. C'est à peine s'il ne court pas.

De mon côté, ce n'est pas la même chose.

Je fais de mon mieux pour suivre la cadence, mais clairement, je le retarde. Et ça n'a pas l'air de lui faire plaisir.

Je n'ai pas osé briser le silence depuis le départ de la clairière. Nous travaillons sans bruit et la rudesse du bois s'enfonce dans mes cervicales. J'ai beau être devenu plus fort, l'inconfort de certaines besognes n'a pas disparu. Une fois le chemin effectué plusieurs fois dans un sens puis dans l'autre et les bassins et réservoirs d'eau du village remplis, James-Karl décide de nous arrêter sur le retour dans un champ de chanvre un peu plus haut que le village.

— Nous allons terminer l'entraînement ici.

Je suis étonné. Pourquoi décider de faire ça ici, aussi loin du village ?

Il a un air revêche au visage et je n'arrive toujours pas à savoir si c'est parce qu'il n'a pas l'air dans son assiette ou si c'est parce que ma compagnie l'insupporte toujours autant.

— Nous allons lutter.
— Quoi ?

J'ose espérer qu'il plaisante. J'ai déjà effectué l'exercice une ou deux fois avec Ilan et je ne suis pas certain de vouloir me frotter au futur PackAlpha. Il va me dépecer en petits morceaux.

Je n'ai aucune chance.

De plus, James-Karl est en sueur et c'est déjà assez compliqué pour moi de me trouver à proximité de lui. Son odeur me trouble de plus en plus.

— Approche.

Je reste immobile et essaie d'oublier que j'ai les mains moites. Il s'installe devant moi et plie les genoux. Je prends la même posture par mimétisme. Je n'ai pas le temps de le voir s'élancer qu'un hoquet de stupeur m'échappe quand son épaule rencontre mon estomac et que je tombe à terre dans un choc bruyant.

Aïe !

Ma tête a frappé au sol et il m'y immobilise.

— Il va falloir travailler tes réflexes. Relève-toi.

J'ai encore du mal à encaisser le coup qu'il faudrait déjà y retourner. Je m'exécute avec difficulté, un peu essoufflé et cette fois, je me concentre sur chacun de ses mouvements. Je n'ai pas envie de remanger le sol tout de suite.

Je plisse les yeux et essaie d'identifier comment il s'y prend. J'ai fait un peu de boxe plus jeune, mais je crains que ça ne m'aide pas beaucoup.

— Je n'ai pas eu le temps de me préparer, grogné-je.
— Tu crois que si un animal sauvage nous attaque, tu auras le temps de te préparer ?

Il se jette de nouveau sur moi et cette fois, j'effectue un crochet sur la droite pour l'éviter. Un grondement s'échappe de ma poitrine. Je n'aime pas que l'on me mette devant le fait accompli.

— Je ne veux pas me battre, James-Karl.

Je recule pour instaurer de la distance entre nous. Sa foutue odeur est partout et me rend nerveux.

— Tu es faible.
— Je ne suis pas faible. Je ne veux juste pas faire ça.

Il me met un coup de tibia dans le flanc.

— Réponds.
— Je t'ai dit, non.

Ses yeux rougeoient soudain et une décharge traverse mon échine.

[À paraître en 2025]D'OR ET DE JAIS - Tome 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant