Chapitre 2 - Étann

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"Mon loup, mon loup, m'entends-tu ?

Le vieux chêne en lisière de forêt appelle, appelle.

Nous ne pouvons jamais ignorer l'écho de ses racines.
Mon loup, mon loup, m'entends-tu ?
Des choses étranges arrivent quand la pleine lune est venue,
si je te dis de courir, bondis sans réfléchir.
Mon loup, mon loup,
tu ne tueras que pour survivre
car telle est la rime de nos humbles vies.
Mon loup, mon loup, m'entends-tu ?"


J'ouvre les yeux avec peine, puis les écarquille.

Qu'est-ce que je fais là ?

Dans ma poitrine, mon cœur s'emballe. Je voudrais bouger mais ça m'est impossible. La douleur m'entrave. Un faisceau de lumière se faufile entre les cimes des arbres et pénètre la pièce mais je ne vois pas bien. Mes yeux me piquent et mon sang bouillonne. Je cligne plusieurs fois des paupières mais rien ne s'arrange. C'est un flou total.

Je ne suis pas mort. Je ne suis pas mort.

Mon flanc et mon épaule me lancent d'une douleur aiguë et je me souviens avec stupeur de cette immense bête sauvage aux yeux noirs. Je tourne la tête pour savoir où je suis. Il n'y a personne et cet endroit ne ressemble pas à un refuge de montagne. Habituellement, ils sont en pierre et présentement, le bois m'entoure de toute part.

Je soulève un bras avec peine. Mon torse est recouvert d'un linge qui protège un amas de feuilles étalées sur mon épaule jusqu'à mon pectoral. Quand je soulève tout ça, un haut le cœur me prend à la vue de la chair entamée et nécrosée.

Je dois aller à l'hôpital. Je ne survivrai jamais à mes blessures sans aide.

Pourquoi m'a-t-on amené ici ? Et comment une cabane peut-elle être construite en pleine montagne à plus de 1500 mètres d'altitude ? C'est impossible.
Je suis fatigué et j'ai envie de sombrer de nouveau, seulement la peur me tient éveillée. Pourquoi ce loup m'a-t-il attaqué ? Je n'arrive pas à me l'expliquer.

Je serre les draps de la paillasse sur laquelle je suis allongé entre mes doigts et rien que ce simple geste intensifie la souffrance. Quand je respire, ça me fait mal aussi. La douleur est partout.

Je veux crier à l'aide, mais rien ne sort. Tout ça est incompréhensible.

Une comptine semble résonner dans mes oreilles, mais je ne suis pas certain que je n'hallucine pas, car à partir du moment où je la distingue j'ai l'impression d'entendre un brouhaha insupportable. J'attrape ma tête de mes deux mains pour m'éviter de convulser.

À l'aide. Venez me sauver.

Je crie et psalmodie dans ma tête.

Je vais mourir. Je vais mourir. Je vais mourir. Je vais mourir.

🌙

Quand je reprends connaissance, c'est à cause des couinements d'un chien qui pleure et de cette comptine qui ne cesse de tourner en boucle.

Est-ce un rêve ?

Mes yeux collés luttent pour s'ouvrir et, de suite, le bruit résonne dans ma tête comme une cacophonie. Ça résonne si fort que ça me frappe dans les tempes.

Quelque chose gratte contre le bois de la cabane. Quand j'arrive enfin à me concentrer et à ouvrir les yeux, je me rends compte qu'un loup immense se trouve devant moi. Je me redresse avec effroi contre le mur et un gémissement de douleur m'échappe. Je me débats dans les draps pour essayer de m'enfuir, mais je m'étale au sol, sans aucune force. Le loup couine et se baisse sur ses pattes avant, ne manquant aucun de mes mouvements. Je plisse le front quand je remarque que du sang commence à goutter sur le parquet, salissant le bois.

Non ! Mes blessures se sont rouvertes.

Est-ce un rêve ? Un cauchemar ? Je suis terrifié et mon corps me brûle toujours autant. Comme si le venin se répandait dans une progression lente, dans chaque membre, cellule par cellule.

— N-ne me fait pas de mal... imploré-je.

La douleur est telle que les ombres sont sur le point de reprendre possession de moi quand le loup s'approche soudain, les oreilles en arrière. Je me recroqueville sous la peur. Il renifle et montre les dents. Je ferme les yeux sous l'appréhension et attends ma sentence. Il ne sert à rien de se battre quand il n'y a aucun espoir de victoire.

Je rouvre les paupières de stupéfaction quand je sens sa truffe mouillée courir sur mon torse et se faufiler sous le linge en coton. Le sang qui s'en échappe est soudain lapé par une langue rappeuse et une bave hideuse.
Je frissonne sous la sensation désagréable et essaie de repousser l'animal. Malheureusement, sa force excède la mienne. Je suis très faible et mon mal de tête me rend impuissant.

Je ne comprends pas ce qu'il se passe. J'ai peur.

— Laissez-moi... chuchoté-je. Laissez-moi.

Tout est un flou artistique. Mes sens sont complètement saturés et la douleur ne cesse d'accaparer mon cerveau.

— Awu ! s'exclame une voix inconnue d'une pièce adjacente. Sors de là. Tu n'as rien à faire ici. DEHORS !

Le loup couine, jappe vers l'intrus, puis s'enfuit la queue entre les jambes. La personne s'approche et je ne le vois pas, tourné sur le côté, effrayé qu'on me fasse du mal.

— Tu peux te rendormir, il ne t'arrivera r... oh ! Tu sens très bon.

Je n'entends rien d'autre, mes dernières forces me quittent.

——

Hi pups !! Voici une nouvelle partie de chapitre ❤️ La prochaine arrivera demain. :)  Merci merci merci pour tous vos votes. L'histoire grimpe tous les jours dans les classements ! 💙
Je vous souhaite un bon week end ⭐️
Bien à vous,
Andy ❤️

[À paraître en 2025]D'OR ET DE JAIS - Tome 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant