[À paraître en 2025]D'OR ET DE JAIS - Tome 1 & 2

Chapitre 16 - Étann

Un frisson d'horreur me glace le sang quand je remarque que le lycan devant nous n'a plus vraiment l'apparence d'un homme. Un monstre sauvage et aux crocs immenses serait plus juste. C'est donc ça, un loup féral. Je me demande pourquoi il est le seul à être sous forme humaine et non loup. Tous ceux qui l'entourent sont transformés.

Je croyais que ce n'était plus possible de se transformer.

L'odeur âcre de l'Alpha m'agresse la gorge. J'ai envie de me débarrasser de ce parfum dérangeant, de l'empêcher de gagner ma peau. Pendant plusieurs jours, autour de moi et sur moi, je n'avais que la fragrance de James-Karl. Et mon Oméga en est devenu possessif. La horde de loups féraux apporte avec elle un fumet musqué et terreux. Je dirais même quelques nuances de sang. C'est très désagréable.

Je suis nerveux.

Je ne sais pas grand-chose de ces bêtes. Je sais simplement qu'un lycan peut-être banni de sa meute et se retrouver à la dérive, seul, avec le lien de l'Empreinte brisé. Ilan m'a dit que souvent les lycans devenaient fous et déviants. Qu'ils n'avaient plus foi ni lois, et que plus aucunes limites ne les concernaient. "Souvent, la force pure et animale demeure le seul moyen de s'en sortir, alors les loups féraux en reviennent à leur nature profonde et sauvage."

Ce qui m'interpelle, là, maintenant, c'est que les loups que nous avons devant nous ne sont pas seuls. Ils ont l'air bien synchronisés et bien décidés à écouter les ordres de cet Alpha.

Nous ne nous en sortirons pas.

— Laissez-nous passer, ordonne James-Karl d'une voix assurée.

— Et pourquoi ferais-je ça ?

Un grondement menaçant échappe à James-Karl.

— Si vous avez touché à un seul cheveu des membres de mon village, je vous hanterais jusqu'à la fin des temps.

— Oh ! Des menaces. Je serais ravi d'en savoir davantage, mais j'ai moi-même un dessein à mener.

L'Alpha prend un air blasé.

— Je dois vous ramener au camp. Vivants. Il veut vous voir à genoux... plier devant lui.

— Je ne plie pas devant des cannibales décérébrés.

Les flammes de la folie percent dans les pupilles de notre assaillant, puis il sourit, révélant davantage ses dents impressionnantes.

Des cannibales ?

— Bolor et sa descendance sont morts depuis longtemps, atteste James-Karl. Je ne vois pas qui pourrait revendiquer mon statut.

— Vous avez toujours été capables de vous croire grandioses, vous, la lignée du clan Roé. Tss... Même la Déesse-Lune n'a plus grand intérêt pour vous, alors que vous êtes soi-disant ses héritiers. J'ai pitié, sincèrement. Mais trêve de bavardages, on vous attend. Je vous propose de m'accompagner et personne ne sera blessé. Débattez-vous et je ne peux vous assurer de survivre.

– Je te tuerai ici même, atteste James-Karl.

Je tourne la tête vers lui, apeuré. Comment ça ? Il y a au moins 5 loups en face de nous. Nous n'avons aucune chance.

Mon cœur se serre. L'alpha soupire.

— Comme vous voudrez.

Je panique et essaie de me souvenir ce que m'a appris James-Karl de l'art et la manière de combattre. Je ne suis pas bon au corps à corps et tout juste passable à l'arc.

Des aboiements rugueux nous menacent et Awu n'attend pas une seconde pour s'élancer et attaquer deux loups féraux dans un grognement. Le loup noir est habile, doué, il plante ses crocs dans la nuque de l'un pour ensuite balafrer l'œil de l'autre. James-Karl suit son compagnon et entame un corps à corps avec l'affreux Alpha lycan. Les deux hommes sont effrayants de puissance, mais je m'inquiète car nous n'avons aucune arme en notre possession.