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« Ce que les morts laissent aux vivants »

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Nerea

Le paysage défilait à toute vitesse.

Nous étions à quelques minutes du cimetière où Cristian se trouvait et je ne pouvais m'empêcher de ressentir une pointe d'appréhension.

J'appréhendais le fait de voir sa tombe pour la toute première fois. De le savoir sous terre alors que moi, je vivais une vie paisible.

Je me détestais de le trouver là, de ne plus avoir le privilège d'entendre sa voix, son rire, ses blagues.

Tout me manquait chez lui, même sa présence. Ses bras, ses mots, ses conseils.

Lui tout simplement.

- On y est, me prévient Priam en arrêtant le moteur.

N'attendant pas une réponse, il sortit de la voiture, claquant la portière. Je fis la même chose de mon côté.

En face de moi se trouvait un portail vert, grand ouvert.

Je le passais au côté de Priam. Devant moi, des tombes, aussi belles les unes que les autres. Certaines étaient remplies de fleurs, de petits mots et de photos.

Des tombes de personnes âgées, d'enfants, d'adultes et même de bébés.

Certaines avaient des symboles religieux, d'autres non. Certaines étaient remplies de décorations, d'autres non.

Mon bouquet de fleurs à la main, j'avançais, ressentant la tristesse m'envahir.

Je m'arrêta une fraction de seconde vers une tombe. Une photo de deux bébés se trouvait là, quelques petits mots du genre :

« À jamais dans nos cœurs »

« Nos enfants, nos perles, nos anges, nous vous faisant des bisous volants »

Plusieurs mots de ce genre avec leur prénom, leur date de naissance et leur date de mort.

Je repris mon chemin.

Un vieil homme se trouvait là, un balai à la main, enlevant les feuilles dispersées dans les allées.

- Bonjour, dis-je avec un petit sourire.

- Madame, Monsieur, nous fit l'homme avec un signe de tête.

Il reprit son activité et moi, je repris mon chemin au côté de Priam.

Je le regardais du coin de l'œil. Habillé de noir, les cheveux attachés en arrière comme à son habitude, le regard perdu au loin, le dos droit. Il marchait la tête haute malgré les circonstances.

Je baissais le regard vers ses mains. Il faisait craquer ses doigts, ouvrait puis fermait les poings, comme à chaque fois qu'il était stressé.

Avec le temps, j'ai compris ses méthodes de fonctionnement. Priam est quelqu'un de très fier, qui ne montre jamais ses sentiments directement, il le fait toujours indirectement avec quelques petits gestes.

Souffrances démoniaques Où les histoires vivent. Découvrez maintenant