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« Que la fête commence. »

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Nerea

La fatigue anesthésiait mes membres ou alors est-ce la drogue qu'on me faisait avaler ? J'avais l'impression d'avoir été écrasé par un troupeau d'éléphants tant ma tête me faisait mal.

Mes membres étaient lourds tout comme ma tête que je n'arrivais pas à relever.

Les yeux clos, ces derniers ne voulaient pas s'ouvrir malgré toute la volonté que je m'étais.

Le silence dans la pièce était pesante tout comme l'ambiance que je ressentais jusqu'au plus profond de mes entrailles. Je ne ressentais plus cette humidité, une chaleur familière se dissipait partout dans mon corps tout comme l'odeur qui se dégageait de la pièce.

Tout juste vêtu d'une culotte en coton et d'un soutien-gorge, je ressentais malgré tout la chaire de pouls me prendre. Je ne me sentais pas à ma place, j'avais l'impression d'étouffer. La lourdeur de mon corps était insoutenable, même soutenue par ces chaines sur ce matelas j'avais l'impression de peser une tonne.

Un liquide amer longea mon gorge jusqu'à atterrir dans mon estomac, me brûlant la trachée.

Un tube était dans ma bouche, je pouvais le sentir traverser ma gorge quand je bougeais légèrement la tête, encore dans les vapes.

J'avais envie de pleurer mais rien n'y fait, tout était coincé au plus profond de moi. Pleure, cri, honte, terreur. Je n'arrivais pas à exprimer quoi que ce soit, même quand je relevais la tête pour rencontrer ses pupilles d'un noir intense qui m'ont tant hanté depuis mon retour en Italie.

Il était la cause principale sur mon départ en Pologne.

Je peux encore sentir le couteau traverser sa chaire, la peur qui avait engourdît tous mes membres et ce désespoir qui ne quittait pas mon corps.

Il était en face de moi alors que pendant tous ces mois je pensais l'avoir tué. Je pensais qu'il croupissait encore dans cette chambre mais le voilà, devant moi à ne plus rien comprendre.

J'étais de retour dans mon ancienne chambre dans notre appartement. Cette chambre où j'ai tant pleuré. Rien n'avait bougé, les meubles, le lit ou encore cette ambiance pesante.

Il se trouvait en face de moi, assis sur le lit, un couteau à la main. Son regard se perdait sur mon corps. Je me sentais nue. Son regard se faisait insistant, pervers, il me terrorisait.

Les larmes me brûlaient les yeux et je me mordais l'intérieur des joues pour ne pas exploser en sanglot.

J'avais peur.

Lukasz me regardait, son large sourire ne le quittait pas une seule seconde ni ce regard pervers.

- Chérie, comme on se retrouve.

Sa voix était la même, celle d'un gros pervers, d'un manipulateur. Rien n'avait changé hormis de nouveaux tatouages en commençant pour cette goutte d'eau en dessous de son œil gauche et de cette tête de mort sur son crâne rasé. Une barbe avait poussé mais ce regard, toujours le même.

Il se grattait la nuque avant de se lever d'un mouvement lent. Son couteau ne le quittait pas, il le faisait tournoyer dans les airs, enlevant le tube qui se trouvait dans ma bouche avant de se dirigeant vers la fenêtre où j'avais l'habitude d'appeler Cataleya. Je me revois encore regarder les enfants jouer au ballon pour les garçons et à la marelle pour les filles.

Je voyais encore leur sourire sur leur visage et moi jalouse de ne pas avoir connu ça petite.

Il regardait par la fenêtre les gouttes d'eaux se briser contre la fenêtre tout comme mon coeur et mes espoirs.

Souffrances démoniaques Où les histoires vivent. Découvrez maintenant