Progressivement, les ombres se diluèrent jusqu'à ce que les aspirants et leur guide atteignent le centre du bâtiment. Là, enveloppés d'un silence ecclésiastique, ils s'extasièrent, muets : devant eux se révélait une majestueuse pièce circulaire à l'architecture intérieure bien plus travaillée que les façades aux décorations inexistantes. Cette opposition de style provoqua chez Mobius une fascination troublante. Pourquoi ces créatures s'isolaient-elles ainsi du monde ? Voulaient-elles protéger la beauté mystique de leurs rites, de la même façon qu'elles s'effaçaient derrière leurs larges vêtements ?
« C'est... géant », s'étonna la gamine.
La sacralité des lieux atténuait sa fougue infantile. Sa voix timide résonna sur les marbres obscurs veinés de gris jusque derrière les écrasantes colonnes qui agrémentaient le pourtour de la salle. Les murs vierges apparaissaient comme vide de sens aux yeux de Mobius. Pas une arabesque, pas une peinture ou même une sculpture ne venait entacher la sobriété ambiante. Pourtant, la froide splendeur qui en résultait forçait au respect et à la contemplation.
Le vieillard toussota ; de fines particules flottaient dans l'air. Au centre, un brasero gigantesque crépitait en silence. Une épaisse fumée cendrée s'en échappait. Elle s'étalait jusqu'à la voûte insaisissable, en un ciel couvert. Les volutes, chargées d'encens, s'étiraient dans les recoins les plus insoupçonnés, saturaient l'espace d'un capiteux et résineux parfum qui oppressait les sens et assombrissaient les lieux déjà enclins à l'obscurité. Depuis les coursives qui serpentaient sur plusieurs étages, tout autour de la pièce, des ombres observaient discrètement la scène.
Mobius distingua leurs lointains chuchotements.
« Certainement d'autres créature », songea-t-il.
Puis, à mi-distance du brasier, leur guide s'arrêta. Ses invités firent de même.
« Capites, mes pairs ! Nos enfants nous ont rejoints », annonça la créature.
Suite à ces mots, les murmures se turent les uns après les autres, puis donnèrent naissance à un chant lugubre et lymphatique. Les paroles, d'abord nébuleuses, se firent compréhensibles à mesure que les chœurs se rapprochaient. Mobius, crispé, sentait cette insidieuse litanie lui enserrer les viscères. Emprisonné par le rythme profond et par sa pesante lourdeur, il se laissa aller à l'union. L'encens aida à la symbiose. Entre les couplets occultes, le jeune homme entendit ce verset, répété avec insistance, cette antienne qui invitait à l'abandon.
« Renonce, Renie et Répudie.
Renonce, Renie et Répudie. »
Les chantres se présentèrent alors à eux, comme une myriade d'individus identiques, accoutrés de leur épaisse bure noire. Ils se mouvaient paisiblement et se déversaient dans la salle depuis les entrées latérales qui menaient aux étages. Avec une harmonie magnétique, ils se positionnèrent en arc de cercle autour du brasero.
VOUS LISEZ
DAEHRA
FantasyMobius est terrorisé. Qui sont ces sombres créatures qui le poursuivent dans ses cauchemars ? Xenon, lui, est aux anges. De quelles nouvelles odeurs sera fait demain, puis après-demain ? Quant à Lhortie, elle est débordée. Qui lui a foutu des troup...