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- Alors c'est vrai ? renifla Jisung. Tu te barres ? Pour de vrai ?

Je l'avais observé, sourcils froncés, avant de pouffer.

Il était étrange de faire ce constat à l'aéroport, mes valises bien bouclées déjà parties dans la soute, mon billet en main.

- Eh oui. On essaiera de se revoir.

- Et quand ? s'était-il exclamé. Dans dix ans ?! Qu'est-ce que je vais devenir sans toi ?

J'avais haussé les épaules.

- Peut-être patron de l'entreprise, qui sait ? Je crois en toi, Jisung.

- T'es bien le seul, marmonna-y-il avant de geindre quand Minho lui tapota le bras.

- Passe un bon vol, m'avait souri ce dernier. Tu nous enverras un message quand tu es bien arrivé ?

- Oui oui, bien sûr. Passez me voir en Corée.

- Où seras-tu ?

- Je vais passer quelques mois à Jeju, passer du temps avec ma famille. Puis après je trouverais un travail vers Seoul dans mon domaine. Le vrai. L'informatique je veux dire.

Minho avait doucement acquiescé avant de venir me prendre dans ses bras.

Au tour de Jisung, j'allais l'enlacer également mais il se plaqua contre moi avant de venir m'étouffer avec ses bras, ses cris de torturé auraient pu réveiller un mort.

- Calme-toi-

- RESTE ! JE T'EN SUPPLIE ! CHANGBIIIN ! hurla-t-il avant de se calmer quand un agent de sécurité vint l'obliger à faire moins de bruit.

Il renfila deux fois avant de passer sa manche de sweat sous ses yeux.

- Tu vas trop me manquer... reniflement. Qu'est-ce que je vais faire sans toi... reniflement. Tu sais... reniflement.

- Oh bon sang mais mouche-toi ! râla Minho en lui mettant un mouchoir dans la narine gauche.

Après s'être nettoyé le nez, Jisung avait dégluti puis ses mains s'étaient posées sur mes épaules pour m'obliger à le regarder dans les yeux. Wow un peu trop près d'ailleurs.

- Je ne te l'ai jamais dit parce que ça fait gay, mais après tout, on est gay, non ? Enfin moi, un gay spécial. Y a une case spécial pour les gay spéciaux ?

- Un abruti ?

- Bref, ce que je veux te dire, c'est que je te remercie pour tout ce que tu as fait pour moi ces huit derniers mois. Merci pour nos moments d'amitiés, honnêtement tu m'as redonné goût à la vie. Changbin, tu es mon meilleur ami.

- Arrête je vais pleurer aussi, j'avais marmonné avant de le reprendre dans mes bras. Merci à toi aussi, on en aura eu de beaux moments, hein ? Et pas mal de galères surtout, il avait ricané en acquiesçant, je ne pensais pas dire ça aussi parce que c'est gay, mais oui je suis gay alors, tu es mon meilleur ami. Enfin un de mes meilleurs amis, j'avais rectifié avant de pouffer.

- Changbin, m'interpella Minho. Ton avion ne va pas tarder, tu devrais y aller.

- Oui tu as raison. À plus les copains, j'avais souri en me détachant.

J'avais entendu un vague « à bientôt beau gosse » et quelques temps plus, je n'étais plus en Océanie.

Fini.

Je n'étais plus là.

Et ce que je ne pensais pas possible, mais j'étais seul.

Felix n'était pas à mes côtés.

J'étais arrivé avec lui et je repartais seul.

Quel bouffon je faisais.

***

Cela faisait presque quatre mois que j'étais retourné en Corée et j'étais à nouveau posé en haut, sur ma grande chaise, à surveiller la mer.

Ça faisait des années que je n'avais pas bosser en tant que maître nageur et ce n'était pas si déplaisant. Un peu ennuyant mais au moins je bronzais. Ce qui m'embêtait, c'était les souvenirs que j'avais sur cette plage.

Quatre ans auparavant, Felix avait repoussé mon collègue alors qu'il simulait une noyade pour pouvoir m'embrasser.

Idée un peu stupide mais ça avait marché.

Cela faisait presque cinq mois que je m'étais séparé de l'amour de ma vie et aucun jour ne passait sans que je ne pense à lui.

De temps en temps, je regardais de ses nouvelles via internet mais ma sœur me criait toujours dessus pour que j'arrête. C'était plus fort que moi, une fois toutes les deux semaines environ c'était plus fort que moi et je scrollais sur mon téléphone pendant presque quatre heures.

Felix était le fils du nouveau milliardaire australien James Lee qui ne cessait de s'enrichir encore plus chaque jour, sa fortune personnelle avait explosé aussi après l'ouverture de son entreprise, les photos des fêtes privées à Los Angeles auquel il ne manquait pas d'apparaître ne cessaient d'apparaître sur les réseaux sociaux. Mon ex petit ami était désormais dans le cercle très fermé des super stars du monde entier. Parfois je me disais que j'étais sorti avec une superstar. C'était dingue.

Bordel qu'est-ce qu'il me manquait.

- Tu penses encore à lui ? demanda ma sœur avec une glace dans la bouche.

- À ton avis, je ronchonnais en balançant mon téléphone sur le lit.

- Changbin, ça suffit ! Passe à autre chose ! Y a d'autres gay sur Terre ! J'ai un collègue gay si tu veux ! Super sympa en plus, canon et pas trop riche.

- Je m'en fiche.

- Et bien je m'en fous, ce soir tu vas le voir.

- Jamais de la vie.

- C'est pas un question.

- Arrête, vraiment, je n'en ai pas envie.

- Mais depuis que tu es rentré, tu es toujours triste !

- Je me suis fait larguer comme une pauvre merde, forcément je ne vais pas être super content de ça.

- Bon, laisse-moi au moins te trouver un travail qui ne te laissera pas réfléchir trop longtemps.

- J'aime bien mon boulot.

- T'es sur ton perchoir à rien faire à longueur de journée. C'est nul, surtout quand on ne veut pas penser à ce qui ne va pas.

J'avais longuement soupiré avant d'hausser les épaules. Elle n'avait pas tort. Regarder l'horizon pendant des heures n'aidaient pas à chasser les idées noires.

- Ça consisterait à faire quoi ton boulot ? Pas un truc pourri où je dois bosser jusqu'à quatre heures du matin. J'ai déjà une mauvaise expérience dans les entreprises qui confondent employés avec esclaves.

- Mais nooooon, t'inquiètes pas ! Tu pourras marcher, courir et sauter partout ! C'est génial !

- La salle de sport ? C'est pas une mauvaise idée ça, tiens.

- Alors je pensais plutôt à bosser dans un fast food mais bosser à la gym c'est encore mieux ! J'ai des contacts là bas je vais t'aider !

On s'était tapé dans la main avant de sortir de la maison pour aller jusqu'à la plage, moi y bosser et elle bronzer un peu comme la starlette qu'elle était.

EUNSEOKI. changlix Where stories live. Discover now