EUNSEOKI. changlix

08

Si lors de ma première semaine d'insertion, j'étais choqué de finir peu avant minuit, aujourd'hui ça relèverait du miracle. Ce n'était pas rare que je me retrouve à rentrer sur la pointe des pieds vers une heure ou deux heures du matin, je m'effondrais sur notre lit et m'endormais dans la seconde suivante. Évidemment, ça ne plaisait pas à mon formidable petit ami qui m'obligeait à quitter le travail avant vingt heure mais chaque soir je devais l'appeler pour lui dire que ça n'allait pas être possible, il s'énervait bien sûr et je n'avais pas la force de répondre sur le même ton alors je le laissais crier, je m'excusais et je raccrochais. Je le comprenais, si il m'avait trouvé une place ici c'était pour que je puisse gagner de l'argent sans rien faire d'exceptionnel mais finalement, je me retrouvais à commencer à cinq ou six heures pour me coucher à une heure. Je n'étais qu'une larve dopée à la caféine, j'étais à deux doigts de prendre une tonne de somnifères pour espérer qu'on me foute la paix une bonne fois pour toute mais chaque matin, mon réveil sonnait. Je n'avais pas à me plaindre, je ne savais pas quand les autres dormaient non plus, ils travaillaient tout autant que moi, Jisung encore plus. Il m'avait même avoué qu'il n'avait même pas réussi à mettre son plan "sexe masculin" en action alors que notre conversation revenait d'il y a plus de trois semaines.

Ça allait être comme ça ce soir aussi, je sortais mon téléphone après avoir fini d'écrire ce foutu discours pour un mannequin de l'agence qui allait défiler pour la scolarité des enfants du monde, j'avais tapé le nom de Felix pour venir cliquer sur son numéro. Allez Changbin, tu peux le faire.

- Bébé ?

- Quoi ?

Merde, sa voix sèche me montrait clairement qu'il était déjà irrité.

- Tout va bien ?

- Je rentre chez moi à presque minuit et je constate que mon adorable petit ami n'est toujours pas là. Si tu m'appelle pour me dire que tu dois encore travailler jusqu'à pas d'heure, je hurle et tu dors sur le canapé.

- Mon coeur... Je soupirais en passant ma main sur mon visage. Je suis vraiment désolé mais tu sais que je n'ai pas le choix, ce n'est pas moi qui décide... Moi aussi j'en ai marre, je te jure j'ai envie qu'on se retrouve mais ce n'est pas moi qui décide.

- Putain mais tu as toujours la même excuse ! Ça fait presque un mois qu'on ne fait plus rien toi et moi, j'en ai assez !

- 'Lix-

Je n'avais même pas eu le temps d'en placer une qu'il avait déjà raccroché.

- Merde, je jurais alors que je reposais rageusement mon téléphone sur mon bureau.

Mes deux mains passaient sur mon visage, il fallait que je reprenne mes esprits ou je finirais par faire une malaise. Il fallait encore que je tienne quelques temps et ma période d'insertion se finissait, encore un petit peu et tout allait enfin se calmer. Je déglutissais bruyamment tandis que la porte s'était ouverte sur Jisung qui tenait un café dans sa main.

- C'est mort pour Minho, soupirait-il.

- Pourquoi tu dis ça ?

- Parce que quand j'ose enfin porter mes couilles pour lui demander un rencard, il me dit "non je ne mélange pas travail et privé" ! Tu t'en rends compte ?! Tout le monde mélange les deux ! Brailla-t-il avant de se rasseoir sur sa chaise.

- Tu comptes chercher quelqu'un d'autre ?

- Non, finalement c'était une idée stupide. Ça fait longtemps que j'ai pas tiré mon coup, ça doit être pour ça que j'ai dit ça...