Chapitre 7

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Je marchais le long de la rue le nez en l'air, guettant le prochain panneau. Je les comparais à l'adresse griffonnée sur un petit bout de papier complètement froissé à force d'être plier et déplier. L'écriture était à peine lisible :

  1450,Washington St  ( près du Washington & Hyde mini park)

Je relevais la tête et plissais le nez pour lire le panneau. Il indiquait la même rue que j'avais déjà passé dix minutes avant. La rage et le désespoir me gagnèrent : non d'un chien ! Pourquoi fallait-il que tous ces quartiers chics se ressemblent à ce point ?

Cela faisait bientôt une demi-heure que j'errais dans les rues désertes pendant que mes camarades de classe travaillaient. Dans des moments de lucidité, je me demandais ce que je faisais là, à tourner en rond et à m'inquiéter pour une « quasi » inconnue.

"Non, pas question d'abandonner."

Une ultime possibilité s'offrait à moi. Je dépliais à nouveau le bout de papier et le tournais. Au dos, un numéro de téléphone commençait à s'effacer. J'hésitais. La peur me tordait les entrailles. Qui décrocherait ? Que dirais-je ?

Je secouais la tête et fronçais les sourcils.

« Bon sang Louis ! Qu'est-ce qu'on s'en fiche ! Bouge ton gros cul et compose moi ce foutu numéro. C'est ta seule chance ! T'as pas fait tout ça pour abandonner maintenant non ? Bon... je regardais mon portable et soupirais. C'était le bien genre de truc dont je me passerais. Je composais le numéro indiqué :

415-570-4867

La sonnerie résonna près de mon oreille. Je cherchais vite ce que je pourrais dire quand la voix douce de ce qui me semblait être Sarah lança mollement :

-Allo ?

Ce n'était pas elle. Le ton était légèrement plus aiguë. une autre oreille que la mienne ne l'aurais surement pas remarquer mais voilà: ce n'est pas donner à tout le monde d'avoir l'oreille absolue!

-Euh... Bonjour je voudrais savoir si...

La voix féminine me coupa :

-On ne répond pas aux enquêtes, lança –t-elle sèchement.

Je ne me laissais pas dégonfler.

-C'est à propos de Sarah ! ma voix avait fâcheusement déraillé dans les aigus.

Il y eut un blanc. Je crus d'abord qu'elle avait raccroché.

-Qui êtes-vous ? lança-t-elle d'une voix tremblante qui trahissait sa panique.

-Je...je suis son... ami.

Comment me qualifier autrement ? La réponse fusa :

-Ma sœur ? Un ami ? s'exclama-t-elle d'un ton effaré.

Son étonnement me parut déplacé. Mais de ce côté-là j'étais mal placé pour parler : je n'avais aucun « ami » proprement dit.

-Oui. Je suis son ami. Comment va-t-elle ? Pourquoi n'est-elle pas venue au lycée ?

Les mots qui sortait de me bouche soulageait ma peur. J'allais enfin savoir.

-Ben elle ne va pas très bien...

-Est-ce que je pourrais passer la voir ? la coupais-je impatiemment.

Je m'étonnais de mon propre culot.

-Attend une seconde...

Le silence se fit. Je trépignais d'impatience. Moi, d'habitude si réservé, je m'invitais chez des gens que je ne connaissais pas.

Livre 1: HiverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant