Chapitre 16

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Je me dégageais doucement de son étreinte :

-Et maintenant ?demandais-je.

Pour toute réponse il prit son téléphone portable et composa un numéro.

-Eve ?

Après une seconde de pause, il parla à nouveau.

-Oui je lui ai donné...

Ses mains se crispèrent. Je fronçais les sourcils.

-Je t'expliquerais plus tard, trancha-t-il. Je suis avec une amie... non ne commence pas...

Ses joues rougirent légèrement et il me lança un regard à la dérobée.

-Je t'assure que non, s'agaça-t-il. Est-ce que je peux...

Il inspira à fond.

-... l'amener à la maison ?

-Que...? m'exclamais-je.

Il me fit signe de me taire. Je me tortillais, mal à l'aise : j'ai une sainte horreur de m'imposer chez les gens, et encore plus quand il s'agit de parfaits inconnus. Louis tenait le combiné loin de son oreille et attendais que la voix qui braillait à l'autre bout se calme. Il me regarda dans un mélange d'exaspération et de résignation. Je ris nerveusement, il fit la grimace.

-Non, calme-toi... c'est juste qu'elle n'a nulle part où aller et il est tard... Arrête ! Bien sûr que non... on sera là dans environ un quart d'heure.

Sur ce, il lui raccrocha au nez. Un silence gênant s'installa. Je cherchais les mots justes :

-Ça me gêne... je ne veux pas m'imposer. Si ça les dérange je rentrerais chez moi et j'essaierais de m'expliquer avec Selena...

-Bien sûr que non, me coupa-t-il, la voix étonnement dure. Ce qu'il y aura de pire à faire, c'est de refuser l'hospitalité des Carter, crois-moi.

-Tu n'es pas obligé de faire ça, soupirais-je.

-Evidemment pas.

Je me tournais vers lui. Il y avait une lueur étrange dans son regard. Il prit une de mes boucles entre ses doigts et la replaça derrière mon oreille:

-Mais j'en ai envie, fit-il.

Quelque chose dans sa façon de le dire provoqua une décharge dans le bas de mon ventre. Je rougis. Il me sourit.

-D'accord, couinais-je faiblement, incapables de détaché mes yeux de son sourire.

Mon anxiété croissait un peu plus à chaque pas qui me rapprochait d'un tas de questions indiscrètes assorti de pince-fesses pour grand-mère avec service à thé et tout le toutim.Tout le temps que dura le trajet, je me concentrais sur le visage de ce garçon mystérieux. Ça démarche, ça façon de bouger ses épaules et ses mains quand il parlait, les fossettes qui creusaient ses joues chaque fois qu'il me souriait... Il ne me ressemble pas. Pourtant, quelque chose dans cette manière qu'il a de parler ou même de bouger me faisait penser à moi, c'était absolument déroutant. J'acquiesçais à tous ce qu'il me racontait  en cherchant à voir plus loin dans ses yeux verts foncés.

 Mais pourtant tout était là, tout semblait innocent, clair et pure chez lui. Aucun mal, aucune trace de folie. 

 "Evidemment. "

Je me sentais pleine d'amertume et de tristesse: comment pourrais-je jamais être à la hauteur? Et j'étais gênée et même un peu honteuse d'être là à ses côtés sous son regard qui me dévorait en pétillant de joie.

-... et la veille de noël, je nous allions toujours chez mes grand parents. Je me rappelle comme nous étions heureux, tous blottis les uns contre les autres à regarder Harry Potter en boucle sur le vieux canapé en attendant que les cadeaux arrivent...

Je l'interrompis et m'arrêtais de marcher. 

-Attend une minute.... 

-Quoi? 

Je n'arrivais pas à y croire. Moi aussi j'avais toujours adoré ces bouquins que j'emportais partout avec moi quand j'étais plus jeune et qu'il m'arrivait encore de relire où de regarder les films. Je lui lançais un regard accusateur, Louis resta perplexe.

-Alors c'était donc toi le garçon que je voyais souvent au réunion de la secte "Jesus-K.Rowling "dont j'étais membre? Au plus grand désarroi de ma sœur aînée entre nous...

Il explosa de rire. Je ris à mon tour.

-Oui, c'est tout à fait probable!

Nous poursuivîmes notre chemin tout en débattant sur la portée et le but de cette histoire qui avait réussie à prendre une dimension mondiale. 

-Moi en tout cas, ces histoires m'ont beaucoup aidé quand j'étais... plus jeune. 

Peut-être que "détestée" , "harcelée", ou "persécutée" auraient été des adjectifs plus appropriés mais je ne souhaitais pas me livrer d'avantage. Louis ne répondit. Il se contenta de me regarder comme s'il avait espérer découvrir mes secrets en me passant au rayon x. Je commençais à me sentir mal à l'aise quand :

-Voilà, on y est, déclara-t-il.

Mon estomac se contracta.Un autre malaise plus important s'insinua en moi.

-C'est que... je n'ai jamais fait ce genre de choses... je ne sais pas ce qu'il faut faire là... paniquais-je.

-Ne t'inquiète pas... Ils ne te poseront pas de questions indiscrètes et ils ne sont pas du genre à manger les belles jeunes filles, rit-il avant de se rendre compte de ce qu'il venait de dire.

Je rougis jusqu'aux oreilles : aucun garçon ne m'avait jamais fait de compliments - si on exclut Gilbert s'entend...

Louis se tourna face à la porte et sonna. Je n'eu pas le temps de m'en préoccuper d'avantage : on entendait quelques ordres de dernières minutes voler à travers la maison.

-Larry ! Va te changer et surveille mon rôti. Je vais leur ouvrir... Allez file prendre une douche tu es tout sale ! Non mais regardez-moi ça...

Une voix grave protesta, indistinct et je ne pus retenir un sourire. Le bruit de talons, précis et rapides, résonna dans le hall. La poignée tourna. Mon cœur s'affola. Je dansais nerveusement d'un pied à l'autre en me demandant franchement ce que je faisais là. J'inspirais un grand coup, chassais mes pensées, quand la porte s'ouvrit.


Just a Cloud Away, Pharrell Williams


Livre 1: HiverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant