Chapitre 23

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J'avais eu peur, très peur. Plus que de raison. Au moment où Sarah avait dit vouloir couper les ponts, en l'espace d'une seconde, j'avais senti tous mes espoirs s'écrouler et mon cœur tomber en chute libre. J'avais ressenti la même chose que le jour ou mes parents m'avaient abandonnée alors que je m'étais promis que ça n'arriverait plus.

Une partie de moi était comme... morte. Ce sentiment de vide qui vous glace chaque globule rouge et pétrifie vos organes vitaux.

Mais c'était fini tout ça. Je lui avais fait promettre de ne jamais redire pareils balivernes sur le danger qu'elle représentait pour moi avec ses histoires de malédiction. Et peu importe sa raison, je m'en fichais. Je sentais que tout était en train de changer en elle, je le voyais à chacun de ses sourires. J'arriverais à lui redonner goût à la vie même si elle n'y croyait plus.

Une idée me vint soudain. Je fouillais mon bureau de fond en comble, remuais partitions et vêtements sales. Je finis par trouver cette foutue enveloppe rose : coincée entre une chaussette et une boîte de médiators ! J'esquissais un sourire.

Under my skin, Hot Bodies in motion

Les jours qui suivirent se déroulèrent selon une routine bien rangée. J'attendais que sa sœur ou que son bus la dépose, nerveux, puis dès que je l'apercevais, la journée commençait enfin. Nous passions tout notre temps ensemble et même une fois le lycée terminé, nous discutions durant des heures au téléphone ce qui rendait Eve folle de joie et avait le don d'agacer Oncle Larry.

-Mais qu'est-ce que vous pouvez bien trouver à vous dire ? Vous venez tout juste de vous quitter ! C'est ridicule...

-Bien sûr que non ! riposta ma Tante. C'est l'amooooour! chantonnait-elle les yeux brillants, mains jointes.

Larry soupirait, les yeux au ciel.

Peu importe ce que le monde entier pouvait bien en penser : j'avais besoin d'entendre sa voix. Tout le temps. Comme une dépendance, une addiction. Je ne savais pas si c'était bien ou si c'était mal, je ne voulais juste pas y penser.

Au lycée, tout le monde semblait accepter ce  revirement de situation même s'il arrivait encore qu'on nous jette un regard de travers. On ne parlait plus de Louis Carter sans évoquer Sarah Hashley, et vice versa. Mr Giles avait finalement décidé de me faire confiance en s'apercevant que mon choix était le bon. Il nous soutenait tous les deux du mieux qu'il pouvait. Et puis il y avait Josh Bryant, qui ne semblait pas se remettre de l'humiliation publique qu'il avait subi. D'ailleurs il nous arrivait encore d'en rire lorsque nous le croisions dans un couloir, flanqué de ses éternels toutous. Nous avons émis l'hypothèse qu'ils ne changeaient jamais de vêtements ou qu'ils avaient les mêmes en plusieurs exemplaire ce qui, d'une façon ou d'une autre, était  soit dégoûtant soit ridicule.

L'équipe des pompomgirls continuait à nous lancer des remarques acerbes et des regards réfrigérants. L'attente pour manger était toujours aussi longue et pourtant, avec Sarah, elle semblait beaucoup plus courte. La nourriture était toujours aussi mauvaise mais, quand elle me souriait, tout semblait meilleur. Le comportement des autres était toujours aussi écœurant et pourtant, quand elle me regardait, je ne le remarquais même plus. Nous parlions de tout et de rien, nos goûts, nos envies, nos peurs... Passant en revue chaque détail de notre nouvelle vie.On avait inventer un passe temps qui nous permettaient de mieux nous connaitre le "souvenir-souvenir". On devait se raconter un souvenir chacun notre tour. Et lorsqu'elle me parla d'une balançoire au fond de son jardin, une image me revint comme un flash. Cela faisait partie des souvenirs que j'avais vu pendant notre première rencontre, lorsque j'avais pris sa main. Je n'avais plus eu l'occasion de repenser à ce qui c'était passé se jour là. Je la revoyais souriant sur sa balançoire, ses petites bouclettes qui la suivait au grès de ses balancements...

Livre 1: HiverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant