Chapitre 18

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L'aube qui filtrait à travers les volets me réveilla. Je battais plusieurs fois des paupières et baillais. En m'étirant, mes pieds rencontrèrent ce qui ressemblait à une... jambe! Je sursautais avant de me souvenir que c'était Louis. Mon pouls s'accéléra quand je sentis sa respiration lente et profonde contre mon dos. Je me retournais lentement pour ne pas le réveiller. Le spectacle que je découvris me laissa sans voix. Il était allongé sur le ventre, le visage tourné dans ma direction. Ses cheveux noirs comme la suie étaient plus en désordre que jamais. Ils émettaient d'incroyables reflets au contact du soleil. Quelques mèches tombait sur son front et ses long cils noirs. De petits grains de beauté parsemait la peau de son visage qui  scintillait comme de la neige à la lueur de l'aube. Ses lèvres entrouvertes semblait alimenter le souffle de l'univers.  Je m'émerveillais devant tant de beauté. Comment un être aussi pure, aussi parfait pouvait-il me porter de l'intérêt? Je ne pus résister à la tentation de me rapprocher un peu plus de ce visage magnifique pour en observer les moindre détails. Je n'arrivais pas à croire que j'étais bien là, tout près de lui, son petit nez droit à quelques centimètres seulement du mien. J'approchais doucement mes doigts et effleurait tendrement son front, d'où j'écartais quelques mèches. Je me sentais tellement triste à la perspective de m'éloigner de lui... mais il le faudrait pourtant, car je ne me sentais pas capable de lui faire du mal ou d'endurer une quelconque souffrance qu'il m'infligerais sans le vouloir. Je n'en avais plus le courage. J'étais sure que tout cela n'aboutirais à rien de bon pour nous deux.

"Peut-être dans une autre vie..."pensais-je.

Je venais à peine de goûter à la plénitude qu'il me fallait déjà y renoncer. Je fermais les yeux pour ravaler ma peine. Je me retournais pour ne plus avoir à faire face à son expression si paisible que je m'en voulais déjà de la troubler un jour. Je me recroquevillais de mon côté du lit, m'éloignant le plus possible de lui, comme pour éviter qu'il ne sente à quel point j'étais triste. Alors que j'enfonçais ma tête dans l'oreiller pour mieux refouler mes larmes, Louis gémis dans son sommeil. Je sentis qu'il bougeais. Je fus surprise de sentir son corps se rapprocher du mien. Il m'entoura de ses bras. Je me retrouvais face à son avant bras droit. Encore une fois, le tatouage me pris de cours: maintenant, je pouvais le voir dans les moindres détails. C'était la silhouette de mon arbre, je n'aurais jamais pu me tromper. De la branche tordue à droite jusqu'au tronc dont je reconnaissait chaque nœud. Alors je ne savais pas pourquoi mais cette simple image gravée à l'encre sur sa peau, c'était tout en cet instant de doute. Je n'arrivais pas à y croire. Ce n'était pas un hasard,  ça n'en avait jamais été un. C'était comme si au fond j'avais demander un signe qui m'aiderait à mieux trouver mon chemin et que la vie m'envoyais un message clair, un panneau clignotant que je ne pouvais ignorer.Il fallait que j'ai confiance, que j'y crois au moins une fois: cette fois. J'effleurais les branches. A c'est instant, je me suis souvenu d' une chanson qui dit que la vie est belle, et qu'on à pas besoin de comprendre, qu'il y a des miracles. Et pour la première fois, je saisissait tout le sens de ces paroles: je n'avais pas besoin de me demander comment mon arbre avait bien pu se retrouver là, il y était. C'était tellement fort que je n'ai pas pu m'empêcher de sourire. Je remarquais pour la première fois le tatouage à son avant bras gauche qui m'enlaçais .People Are Strange. Je caressais les lettres du bout des doigts. P, e, o, p, l, e, A, r, e, S, t, r, a, n, g, e. Les gens sont bizarres.  Ça m'a  fait penser à ce que je ressens moi même pour les gens en général, à ma différence, à mon sentiment d'être une extraterrestre quand je les regarde parfois. Peut-être que ce n'était pas du tout pour cette raison qu'il avait choisie cette phrase, mais je m'en fichais. J'effleurais son poignet droit du bout de mes lèvres, là où l'arbre prenait racine.Il soupira dans son sommeil. Je fermais les yeux et me laissais porter par des images de fleurs volants au gré du vent. Je ne savais pas encore à quel point nos destins étaient liés. Et je ne savais pas non plus qu'à ce moment-là, Louis souriait. 

Livre 1: HiverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant