Chapitre 29

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Je regardais encore une fois mon portable : pas de nouveau message, aucun appel manqué. Comme souvent ces derniers temps, j'avais envie de pleurer. Depuis que j'avais retrouvé Olma, je me sentais mieux. Dès que j'avais un moment de libre, je passais la voir à la piscine et nous discutions de tout et de rien. Mais ça ne suffisait pas à me faire oublier ce qui c'était passé, surtout quand je le croisais au lycée. Selena s'inquiétait de plus en plus à mon sujet. Comment lui expliquer ? Moi-même je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. C'était la première fois que quelqu'un me faisait autant souffrir.

« Et la dernière » pensais-je avec colère.

On ne m'y reprendrait plus, j'avais eu tort. Comment j'avais pu être assez bête pour croire qu'il s'intéressait à moi... Je décidais d'appeler ma grand-mère pour prendre des nouvelles. Tout allait bien pour elle et Gilbert, la vie suivait son cours paisiblement. Alors je m'efforçais de prendre le ton le plus enthousiaste possible et de faire comme si tout allait pour le mieux. Nous échangeâmes quelques ragots sur les nouvelles-et nombreuse-conquêtes de ma sœur, sur la météo et la nourriture de la cantine. J'étais heureuse de l'entendre rire. Je coupais court à la conversation en prétextant de la nourriture sur le feu quand le mot petit-ami survint malencontreusement. Aïe. Je posais une main contre ma poitrine et encaissait le coup: je ne l'avais pas vu venir ça.

Assise au bord de la fenêtre, je contemplais les pins du jardin dont la branche épaisse d'un d'entre eux venait jusqu'à ma fenêtre. J'ajoutais la touche finale à un exercice de maths quand Selena nous appela. Je regardais mon portable par réflexe : pas de nouveau message. Je sentis le pincement familier, cette douleur qui rythmait désormais mon quotidien, compresser mon cœur. Je me demandais comment un si petit objet pouvais à lui seul me causer autant de souffrance. Je l'éteignais et le balançais rageusement sur mon lit avant de descendre par la trappe.

Je trouvais ma marraine assise sur le canapé, le visage concentré sur la télévision. Encore de tristes nouvelles d'après la une du journal télévisé.

-Tu devrais pas regarder ce genre de truc, c'est ultra déprimant ! fit ma sœur en limant ses ongles.

J'étais plutôt d'accord avec elle. Encore des attentats, dans différents pays : la France, le Mali, la Tunisie... Et ça ne s'arrête plus. Des dizaines de gens qui meurent à intervalle réguliers, des véhicules piégés qui explosent, des familles déchirées par le deuil. Et mon cœur ne supporte plus de voir ça. Une femme pleure son enfant mort qu'elle berce dans ses bras, il a été tué par un terroriste. Je ne comprends pas ce qu'elle dit derrière son voile, à travers ses sanglots. Mais je peux sentir sa souffrance et son chagrin. Je détourne le regard, incapable d'en supporter plus. Puis c'est fini, le reportage est terminé ; le sujet change. Ma tante se lève et se dirige d'un pas raide vers la cuisine. Je m'assois doucement à sa place.

-.... La mort violente de Byorg Namstov, dans la nuit dernière, a choqué les nombreux témoins présents sur les lieux du crime. L'opposant, parmi les plus virulents à l'égard du pouvoir en place, a été abattu de quatre balles tirées d'une grande voiture noire au vitres teintées, au centre de la capitale... l'homme confiait il y a quelques jours craindre pour sa vie en raison de son opposition... Dans une de ces dernières interviews publiques, Byorg Namstov affirmait se sentir observer... Le véhicule ayant servi à transporter les assassins a été retrouvé mais aucun indice ne permet d'identifier le ou les auteurs de ce crime...

Quand je vois la photo de la voiture s'affichée sur l'écran plat, mon cœur fait un bond dans ma poitrine. C'est exactement le même modèle que celle qui me suivait l'autre jour dans la rue. Je me reprends aussitôt : il doit surement en exister des milliers des voitures comme celle-là.

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⏰ Dernière mise à jour : May 29, 2016 ⏰

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