Chapitre 12

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Je restais un instant abasourdie face à Selena. Elle n'exprimait rien sinon un profond chagrin et de la pitié. Je sentis à nouveau la colère monter en moi :

-J'ai découvert quelque chose que je n'aurais pas du découvrir ? lançais-je ironiquement en parodiant ses propres paroles.

Son visage se durcit mais elle n'ajouta rien.

-Ben tiens ! Ça me fait une belle jambe !

-Si tu savais... murmura-t-elle.

Elle pinça les lèvres, pleine de remords. Mais il était trop tard : elle en avait trop dit.

-Si je savais quoi, hein ? m'énervais-je. Vas-y! Fini ce que tu as commencé ! Dis-le !

Des larmes me brûlaient les yeux comme à chaque à fois que je me laissais emporter par ma colère.

Ma marraine releva le visage pour me faire face. Elle chercha longtemps dans mon regard. Plusieurs minutes s'écoulèrent ainsi, ses yeux fouillant les miens. Au bout d'un moment, ses traits s'affaissèrent et je sentis sa résignation.

-Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ?

Elle refusa de me regarder à nouveau. Je ne comprenais pas pourquoi mais son attitude m'effrayais.

-Qu'est-ce que c'est que ce délire ? Je veux savoir !criais-je, au bord de la crise de nerf.

Ma marraine me tourna le dos :

-Tu le sauras bien assez tôt, éluda-t-elle.

Je béais d'étonnement.

-Que...Comment ça ? soufflais-je.

Je n'arrivais pas à croire qu'elle puisse me faire ça. Je laissais libre cours à ma rage.

-Tu sais quoi ? J'en ai marre de tout ça. Marre de ces maudits secrets qui me rendent folle ! Et puis merde, qu'est-ce qui m'arrive à la fin ? Je n'aurais pas dû écouter Léa. Ma place est auprès de ma grand-mère. Je n'aurais jamais dû venir ici. J'me casse ! C'est pas une baraque, c'est un asile de fou !

Je claquais violemment la porte derrière moi.

A travers le flou de mes larmes, j'avais vu Selena amorcer un geste pour me retenir puis se raviser. Je ne lui laissais pas le loisir de changer d'avis : je courais dans ma chambre et attrapais mon sac où je fourrais en vitesse quelques vêtements, mon téléphone portable et mon chargeur . J'avais conscience que ce n'étais qu'un coup de tête mais j'avais besoin de prendre l'air. Je n'étais pas du genre à fuguer : ça c'était plutôt le rôle de Léa. Et d'habitude c'était moi qui jouait la maman raisonnable pour nous deux... Mais pas ce soir. Elle avait dépassé les bornes ! Ou peut-être était-ce moi qui devenais complètement dingue. Aucune idée !

Je m'étais attendu à une scène de la part de ma marraine mais elle n'en fit rien. Je l'en remerciais intérieurement dans un élan de gratitude... Je descendis les escaliers le plus vite possible, me demandant vaguement où était ma grande sœur et ce qu'elle penserait de moi si elle était là. Une bouffée de culpabilité m'obstrua la gorge : je m'en voulais de leur infliger ça. Léa, Selena et grand-maman était la seule famille qui me restait. Mais au fond de moi, quelque chose m'incitait à m'en aller. C'était comme être déchirée en deux parties bien distinctes : la Sarah normale voulait rester et s'excuser. La nouvelle Sarah avait besoin de partir, de respirer et réfléchir. J'étais perdue. Je me dirigeais vers le comptoir de la cuisine et griffonnais un mot sur le petit calepin destiné aux listes de courses.


Désolée. Besoin d'une pause.

A bientôt peut-être,

Livre 1: HiverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant