J'errais dans une ruelle, incapable de contenir mes larmes qui continuaient de se déverser un peu partout sur mon visage. Mon maquillage avait coulé sur mes mains lorsque j'avais essayé de les essuyer. Alors j'avais arrêté, je les avais laissé faire ce que bon leur semblaient. De toute façon, plus rien n'avait d'importance.Tout ce que j'avais cru vrai, tout ce qui m'avait rendu la foi avait disparu.
Je m'étais laissé porter par mes pieds sans y prêter attention quand soudain, je me rendis compte que j'étais perdue : je ne connaissais pas cette ruelle. Serrant un peu plus mon châle sur mes épaules, je cherchais un panneau quelconque qui m'indiquerait où je me trouvais. Avantage de cette panique soudaine : elle avait fait taire mes larmes.
Plus le temps passait, plus la peur commençait à m'envahir. Je tentais de me calmer en me demandant si je serais capable de faire le chemin inverse jusqu'au gymnase mais je chassais vite cette idée : plutôt rester crever ici dans le froid que de retourner là-bas. Tournant sur moi-même, je cherchais un passant qui aurait pu m'aider mais l'endroit était vide. Pourtant, je ne saurais dire pourquoi, j'avais le sentiment désagréable qu'on m'observait. Je mis ça sur le compte de la fatigue quand j'aperçu au bout de la rue une sorte de grosse voiture noir aux vitres teintées, comme celle qu'on ne voit qu'à la télé pour transporter les chefs d'État où à l'arrivée des stars au tapis rouge. Elle semblait garée mais en plissant un peu plus les yeux, je m'aperçus en réalité qu'elle était seulement arrêtée à un stop. Donc, il y avait forcément un conducteur. Je n'arrivais pas à le voir. Mais pourquoi la voiture restait-elle aussi longtemps arrêtée au stop alors que la rue était déserte ? Je frissonnais. Mon instinct m'empêchait d'aller lui demander mon chemin et m'incitait à me dépêcher de partir. Mon pouls accéléra malgré moi. Je m'obligeais à penser que ma peur était ridicule mais je n'y parvins pas. Après un dernier regard en arrière, j'accélérais le pas et tournait à gauche pour déboucher sur une autre rue sans même prendre le temps de vérifier l'indication des panneaux. J'aurais voulu vérifié que la voiture n'était pas derrière moi. Un petit coup d'œil, un simple coup d'œil en arrière le plus naturellement du monde... mais je n'y parvins pas. Et puis, je continuais à me persuader que cette voiture n'avait rien de spéciale.
J'étais presque arrivée au bout de cette rue quand il me vint une idée : si je tenais vraiment à vérifier sa présence, je n'avais qu'à le faire d'une autre manière. Je me rendrais évidemment compte que je m'étais trompée et je pourrais continuer à marcher calmement. Je pris alors un petit miroir que ma sœur avait laisser dans mon sac et le levais légèrement à la hauteur de ma tête en faisant mine de me recoiffer. Ma main se mit à trembler, mon estomac se contracta : dans le reflet, j'aperçus la berline arrêtée au bout de cette rue, les phares éteints, elle attendait au milieu de la route, tourné dans ma direction. Mon cœur se mit à battre plus fort. J'accélérais encore le pas, prête à courir quand, en prenant à droite au bout de la rue je débouchais sur une artère beaucoup plus fréquenté. Soulagée, je respirais plus normalement : je n'avais jamais été aussi heureuse de trouver du monde. Je traversais vite la route pour changer de trottoir et attendait d'être bien entourée pour me retourner : la voiture avait disparue. A la lumière des lampadaires, mon cœur se calma. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer ? La voiture me suivait-elle vraiment? Qui était son chauffeur ? Me connaissait-il ? Des tas de questions m'assaillaient tandis que je continuais à marcher distraitement dans la nuit. Finalement, peut-être avais-je tiré des conclusions trop hâtives : la voiture étrange et son conducteur n'avaient surement rien à voir avec moi.
Un panneau me faisait face et je m'aperçue que je connaissais cette rue : c'était Arguello Boulevard, le fameux boulevard ou nous passions toujours pour aller à la piscine avec ma sœur pendant que ma mère et Selena étaient aux cours de yoga !
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Livre 1: Hiver
Teen Fiction"Les décisions que l'on prend sincèrement ne devraient pas nous faire peur. Au contraire, elles font parties de nous." Un concept à moi: Ecrire et écouter de la musique, c'est ce qui fait ce que je suis. Chaque moment, chaque passage de cette histo...