Hébétée, je fixais encore la trappe par où sa silhouette venait de disparaître. Je n'arrivais pas à y croire. Tout s'était enchaîné si vite ! Pour la première fois depuis longtemps, je n'arrêtais pas de sourire. IL réussissait à me faire rire. Comment était-ce possible ? Je n'en savais foutrement rien. Je tentais de me rappeler son prénom.
« Euh...comment c'était déjà... Lewis ?...Loris ?... Louis, oui c'est ça»
Je m'extasiais devant la beauté de se prénom.
« Sarah, à quoi tu joues là ? »
Je recouvrais mon sérieux. Les questions que je m'étais posées lorsqu'il avait déboulé à l'improviste dans ma chambre me revenaient en mémoire. Comment avait-il su où j'habitais ? Pourquoi était-il venu ? Quelque chose clochait. Peut-être dans sa façon de me regarder ? Peut-être dans la tendresse qu'il semblait éprouver pour moi sans même me connaître ? Il était différent des autres. Sa présence m'avait apaisé : l'angoisse qui me torturait et faisait monter ma température depuis la nuit dernière avaient diminués dès l'instant où il était entré. Ce n'était peut-être qu'une coïncidence après tout... Mais qu'elle était la vraie raison de sa visite ? Je m'exhorter à faire le vide dans ma tête: inutile de se poser autant de questions auxquelles je ne pouvais pas répondre dans l'immédiat.
Je me redressais et sentais mon t-shirt trempé de sueur se coller contre mon dos. Je fronçais le nez : une bonne douche s'imposait !
J'avoue que j'étais plutôt enthousiaste à la perspective de ne plus sentir le gaspacho. Ce n'est qu'en me levant que je pris l'ampleur de ma faiblesse. Mes jambes tremblèrent avant de se dérober sous mon poids. Je me retrouvais une nouvelle fois la joue ventousée sur le parquet dont je finissais par connaître les défauts par cœur. Mes courbatures me firent serrer les dents. Je m'efforçais de me traîner tant bien que mal jusqu'à mon armoire où je dénichais ma trousse de toilette - bleue marine spéciale voyage- que je n'avais encore jamais utilisée. Je repensais avec nostalgie à mon ancienne salle de bains chez ma grand-mère. Elle était peut-être étroite et vieillotte mais je l'aimais bien. Au fond, ce n'est que quand on perd quelque chose qu'on se rend vraiment compte de sa valeur.
Je me promis d'appeler Renée et Gilbert dès que j'aurais pris ma douche.
Après quelques longues minutes douloureuses, j'arrivais enfin dans MA NOUVELLE salle de bains. Je posais ma trousse de toilettes sur le marbre du lavabo et levais la tête. J'étouffais un cri d'horreur en me retrouvant face à mon reflet :
-Oh mon dieu...m'étranglais-je, les yeux écarquillés.
Mon teint avait viré au blanc laiteux et des cernes soulignaient mes yeux. Mes os saillaient presque sous la peau tendue de mes joues plus creusées. Une pellicule de sueur recouvrait les trois quarts de ma peau et collait en partie mes cheveux sur mes joues. J'avais un air de pestiférée. Bref, si je n'avais pas su que c'était moi, j'aurais décampé vite fait bien fait ! Je me déshabillais péniblement et me hissais dans la baignoire. Mes jambes tremblaient sous l'effort. J'évitais toujours de regarder dans le miroir. J'allumais l'eau. Le sillon des gouttes tièdes sur ma peau détendait mes muscles et effaçait toute trace de mes heures fiévreuses passées à transpirer. J'avais bien cru que mes maux de tête –si s'en était- finiraient par me rendre folle. Je me rappelais cette sensation étrange lorsque ma marraine ou ma sœur Léa étaient entrées dans la chambre... Il m'était impossible d'identifier ce que leur compagnie m'infligeait. J'avais cette impression de ressentir des émotions qui ne m'appartenaient pas. Tout avait commencé la nuit dernière. Il s'était passé quelque chose cette nuit-là, après que je me sois effondrée sur le sol. Mais quoi ? Tout ce dont je me souvenais c'était la crise d'angoisse, mes muscles contractés à m'en faire mal, puis plus rien. Je frissonnais et m'obligeais à me concentrer sur le parcours des gouttes d'eau. Je restais une bonne heure sous la douche avant de me souvenir que je devais passer un coup de fil.
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Livre 1: Hiver
Fiksi Remaja"Les décisions que l'on prend sincèrement ne devraient pas nous faire peur. Au contraire, elles font parties de nous." Un concept à moi: Ecrire et écouter de la musique, c'est ce qui fait ce que je suis. Chaque moment, chaque passage de cette histo...