-Une petite fête tu disais? soufflais-je.
Les corps entremêlés qui se balançaient, les filles aux talons et aux robes démesurées, les projecteurs qui éclairaient la salle gigantesque de bleu vert rose jaune rouge, le buffet encore plus énorme... mes yeux pétillaient. Je n'arrivais pas à y croire, j'avais l'impression de rêver ! Je ne remarquais pas les regards surpris et les murmures hostiles sur notre passage. Accroché au bras de mon magnifique cavalier, l'euphorie commença.
-Euh... c'est ça oui, répondit-il tout aussi impressionné.
Shermanology and GRX, Can't you see
Louis m'entraina sans attendre sur la piste de dance. Je ne nous reconnaissais pas. Nous d'ordinaires si timide, dansions à en perdre haleine sur le rythme endiablée de la musique. Les voix qui venaient parfois me compresser le cœur et m'abrutir le cerveau se tenaient à distance. J'étais libre. Et quand je le regardais, que je détaillais son visage pâle éclairée par la lumière des projecteurs, je voyais en lui ce que je ressentais. C'était comme un miroir.
Lentement, la formidable impression de « normalité » au milieu de tous ces gens « normaux » que j'avais toujours recherché s'installais confortablement en moi. Et je me sentais bien, si bien que j'aurais voulu que ce moment dure pour toujours. Mais au bout d'une demi-heure à gigoter comme des vers, mes chaussures à talons commencèrent à me faire descendre de mon petit nuage.
Dieu me préserve d'avoir embrassé ma sœur sur la bouche quand j'ai découvert que celle-ci avait pensé à mettre une paire de ballerines dans mon petit sac. Je dus crier pour couvrir la musique et me faire entendre de mon cavalier :
-Je reviens, ' vais changer de chaussures !
-Quoi ? Tu veux manger de la sciure ? s'étonna-t-il.
Au bout du troisième essai pour me faire comprendre, j'abandonnais. Je parvins difficilement à me faufiler entre les lycéens surexcités ou ivres morts (au choix). Les toilettes des filles étaient déjà dans un état exécrable : je soulevais ma robe pour lui éviter ce carnage entre vomi frais, nourriture et punch renversé. Je vérifiais distraitement mon reflet dans le miroir : à part mes cheveux qui voltigeaient dans tous les sens et mes joues rougies par l'excitation, ça pouvait aller. Je me passais de l'eau fraîche sur les joues et le cou sans trop me soucier de mon maquillage puis troquait mes échasses meurtrières contre les ballerines plates. D'énormes ampoules rouges s'épanouissaient déjà sur mes talons où la peau avait été malmenée intensivement. Mais ô bonheur ! Ma chère sœur avait également pensé aux pansements : Hallelujah !
Alors que je m'affairais, un groupe de filles gloussantes entra dans les toilettes. Je reconnus le visage de deux d'entre elles pour les avoir croisées au lycée : une petite rousse au nez pointu et une grande brune très maigre aux yeux si ronds qu'on aurait dit des soucoupes volantes.
Je m'éloignais par reflexe et prétextait fouiller dans mon sac même si je ne recherchais rien en particulier. Je les écoutais par curiosité :
-Je suis sure que ça va marcher ! C'est qu'elle est loin d'être stupide Cassandra.
-Ça c'est sûre ! pouffa la rouquine de sa voix suraiguë en se remettant du rouge à lèvres.
-C'est dans la poche... Et bon débarras la concurrence ! renchérit une autre.
Le groupe de fille ricana. Je ne savais pas de quoi elles parlaient, je ne connaissais pas ces filles mais déjà l'envie de leur tordre le coup me submergeais. Je refusais d'en entendre plus et me dirigeais vers la sortie. Je ne pouvais supporter de les entendre plus longtemps rire du malheur de quelqu'un. Mais au moment d'ouvrir la porte :
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Livre 1: Hiver
Teen Fiction"Les décisions que l'on prend sincèrement ne devraient pas nous faire peur. Au contraire, elles font parties de nous." Un concept à moi: Ecrire et écouter de la musique, c'est ce qui fait ce que je suis. Chaque moment, chaque passage de cette histo...