Chapitre 28

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J'enfilais ma veste avant de sortir dans la fraîcheur de la fin d'après-midi. Je levais les yeux aux ciels. De gros nuages gris cachaient le soleil. J'avais entendu le matin même qu'il y aurait une éclipse entre 17h et 18h. D'après les infos, la lune devait cachée le soleil à plus de 70%. Je plissais les yeux à la recherche du soleil mais la couche nuageuse était tellement épaisse que je n'en vit aucune trace. Quelques gouttes commençaient même à tomber. Je mis la capuche de mon sweat et pressais le pas. Plus je me rapprochais du bar, plus mon anxiété montait. J'avais beau y avoir réfléchi toute la journée, je ne savais toujours pas ce que j'allais bien pouvoir lui dire.

Les rues étaient étrangement vides pour un samedi en fin d'après-midi.

Je frissonnais, le vent gelé s'insinuait sous mes vêtements. Je finis par arrivé devant le bar. A première vue, il paraissait fermé. Tous les rideaux était baissés.

« Bizarre... »

Je vérifiais l'heure sur mon portable : 17h10. D'habitude son bar ouvrait toujours à 16h le samedi. Je décidais quand même de m'approcher. Je toquais à la fenêtre, l'appelait, mais personne ne répondit. Entre les stores de fer j'aperçu une lueur. Je décidais de passer par la porte de service. Quand je contournais le bâtiment et marchais sur un papier. Je le ramassais et reconnut l'écriture de Joe. Un autre s'envola vers moi, puis encore un et encore un autre. Je les attrapais : on aurait dit des lettres. Des lettres adressées à...

-Mme Evelyne Carter...

Je trouvais la porte de service complètement défoncée, pendante, retenue seulement par ses gonds. Tout à coup, je compris qu'il se passait quelque chose d'anormal. Des papiers continuaient à s'envoler en désordre mais je ne m'en préoccupais plus. J'entrais.

-Joe... ? Y a quelqu'un ?

Une lumière vacillante pendouillait du plafond. L'ampoule semblait presque à bout de souffle mais elle éclairait encore. Mes poils se dressèrent quand je vis l'état du bar. Quelqu'un était venu. Des verres et des bouteilles étaient brisés sur le sol. Les tiroirs étaient sortis, leur contenu répandu sur le sol. Partout s'envolaient des lettres semblables à celles que j'avais ramassées dehors. Toutes étaient adressées à ma tante. La peur me paralysait. Je tentais d'appelais Joe mais son portable sonna derrière le bar. Je fermais les yeux et retenais ma respiration. Je trouvais son téléphone qui gisait par terre, l'écran brisé. Je m'élançais dans la rue en courant. J'appelais la maison, pas de réponse. Je téléphonais sur le portable de mon oncle mais toujours rien.

-Allez, répond, répond...

Je courais de plus en plus vite, incapable de contenir ma peur. Où était Joe ? Que lui était-il arrivé ? Je n'arrivais plus à respirer, je me forçais quand même à courir. J'ignorais mes poings de côté et mon envie de vomir. Quand j'arrivais à la maison, le ciel commençait à s'assombrir. 

« L'éclipse » pensais-je aussitôt.

Malgré ma curiosité, je m'interdis de regarder le ciel:  pas question de se brûler la rétine maintenant.

J'arrivais au coin de la rue de chez moi, hors d'haleine, le cœur au bord des lèvres. Je voyais la maison. Il n'y avait pas de lumière. Je m'obligeais à fournir un dernier effort. J'arrivais devant chez moi. Mon cœur se mit à battre plus fort quand je vis que le portail était grand ouvert et que la porte d'entrée avait été forcée. Une peur terrible m'envahit.

-Non !

Je courais à l'intérieur. Tout était plongé dans le noir. Des fenêtres avaient été brisées, la maison était balayée par les courants d'air. Soudain, j'entendis un bruit dans la cuisine. Un bruit de verre brisé qu'on écrase. Poussé par la colère, j'attrapais la batte de baseball de mon oncle dans le salon et me dirigeais à pas lent vers la cuisine, prêt à toute éventualité. Mon cœur battait si fort dans ma poitrine que ça me faisait mal. Je m'avançais vers la pièce, la batte levée, prêt à frapper. J'entrais d'un coup, allumait la lumière et me jetais sur l'étranger.

Livre 1: HiverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant