Chapitre 22

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Une fois de plus, j'admirai le travail de Yohan. Campée devant le miroir de la salle de bain, je laissai mes doigts parcourir son œuvre déjà cicatrisé qu'il m'avait tatoué le matin même.

Des volutes fines et graciles recouvraient mon avant-bras, et s'échappaient jusqu'à mes poignets. À leur extrémité, juste sous le pli de mon coude, trois mains formaient un triangle, comme un encadrement au paysage des Montagnes Ruisselantes qui se trouvait au centre. Les proportions et la perspective étaient parfaites, si bien qu'on avait l'impression de regarder à travers une fenêtre.

À l'instant où le tatoueur m'avait montré le résultat, quelque chose en moi avait changé. Jusqu'à la fin de ma vie, mes frères seraient près de moi à travers ce symbole que nous avions dessiné ensemble. La vallée, elle aussi, me rappellerait à elle à jamais.

Je caressai tendrement les arabesques, les mêmes que ceux de l'alpha, en une version légèrement plus fine et féminine. Comme s'il avait senti que je pensais à lui, le lien de Reconnaissance se contracta. Robin arrivait.


Le bruit du pickup me parvint alors que je me préparai un thé. L'orage grondait au loin, et des trombes d'eau venaient s'abattre sur les fenêtres. L'odeur de terre mouillée me chatouillait les narines et me réjouissait, le sol en avait besoin, et j'appréciai la fraîcheur que la pluie apportait avec elle.

Quelque chose le tracassait. Il n'était pas particulièrement bouleversé, mais tendu. La portière du véhicule claqua, et je rejoignis le salon alors qu'il passait la baie vitrée déjà ouverte pour profiter du son de l'eau.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? lui demandai-je en guise de salut.

Des gouttes de pluie parsemaient ses cheveux et glissaient dans son cou jusqu'au col de son t-shirt. Il ôta ses chaussures, et m'embrassa doucement. Il se détendit légèrement tandis que le stress montait en moi. J'en étais certaine, quelque chose n'allait pas.

— Ne t'inquiète pas, me dit-il en caressant ma joue avec son pouce. J'ai... J'ai reçu un appel déplaisant.

— C'est-à-dire ?

— Le conseil des alphas, ils veulent te rencontrer.

L'information mit quelques secondes à cheminer jusqu'à mon cerveau.

— Quoi ? Pourquoi ?

— Ils sont curieux, comme tous ceux qui ont appris ta transformation. Et on en sait plus qu'eux sur les sorcières, ça ne leur plaît pas. Ils aimeraient qu'on leur explique de vive voix ce que l'on a découvert.

Je me remémorai rapidement ce que je savais de ce conseil. Ils étaient sept à y siéger, et prenaient toutes les décisions importantes concernant les loups-garous du monde entier. Ils faisaient régner la paix, mais surtout s'assuraient de la discrétion et de l'intégrité de leur race auprès des humains.

— On ne peut pas refuser, j'imagine ?

— Pas vraiment, me répondit-il en se passant la main dans les cheveux, embarrassé. Je préfèrerais qu'on garde de bons rapports avec eux...

— Quand ? demandai-je, dépitée de devoir quitter Aston encore une fois.

Je n'en avais vraiment pas envie. J'avais l'impression d'être rentrée il y a quelques jours, alors que ça faisait déjà trois semaines. La vallée était mon cocon, je m'y sentais bien et tout était plus facile ici.

— Avant la fin de l'année.

Bon, ça me laissait encore quelques semaines pour me préparer.

— Où veulent-ils nous rencontrer ?

Ici - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant