Chapitre 5

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Tout le manoir était richement décoré. En y entrant, je m'attendais bêtement à y trouver des éléments vaguement Renaissance, en adéquation avec les moulures au plafond, les ferronneries et les marbres de l'escalier. Mais Damian en avait fait un lieu chaleureux, quoique très masculin. En redescendant au rez-de-chaussée, je contemplai les tableaux que je n'avais jusqu'alors pas remarqués. Sur chaque palier était accrochée une œuvre d'art, et je retins la main de Robin un instant pour apprécier les détails de l'un d'entre eux. L'artiste avait représenté les différentes phases de la lune, et les reflets du relief à sa surface me captivaient. La toile faisait presque ma taille, mais n'était pas du tout disproportionnée par rapport à la hauteur des plafonds.

Je remarquai seulement le fil conducteur de toutes ses œuvres : la nuit. Nous étions passés devant un ciel d'un noir d'encre parsemé d'étoiles brillantes, le suivant représentait une bougie entourée de ténèbres, et le dernier une route dans les bois éclairée par les phares d'une voiture.

— Damian a toujours été un grand amateur d'art, le flatta Robin alors que, depuis le rez-de-chaussée, il devait surement nous écouter.

— Je veux bien te croire, tous ces tableaux sont magnifiques.

Il me sourit légèrement, et m'invita à le suivre d'un mouvement de tête.

Nous pénétrâmes dans le grand salon, où Damian nous attendait déjà, un verre rempli d'un liquide ambré à la main. Il était affalé dans un large fauteuil club en cuir, à l'extrémité de la pièce. Le reste de sa meute était debout près des hautes fenêtres. Heureusement, ils avaient profité de ces quelques minutes pour s'habiller, m'évitant ainsi le malaise que provoquait encore chez moi la nudité des loups-garous.

— Robin, viens t'assoir et prends un verre.

Damian désigna le seul siège vacant installé à côté de lui. Apparemment, seuls les Alphas avaient le privilège d'être assis confortablement. Les autres devaient se contenter de rester debout, loin d'eux. Je savais que parfois chez les loups-garous, l'importance de chacun se définissait par sa position spatiale par rapport au dominant. Robin n'admettait pas les vieilles règles royalistes au sein de sa meute, mais il m'avait appris à ne pas m'adresser à un alpha alors que j'étais en position supérieure, debout dans un escalier, par exemple, si je ne voulais pas le froisser.

— Il doit y avoir un oubli. Il n'y a pas de sièges pour ma meute, siffla Robin en s'approchant.

La pression qui flottait discrètement dans la pièce explosa tout d'un coup, me comprimant la poitrine. Les deux alphas savaient qu'il était dans leur intérêt de rester alliés, mais ils ne pouvaient s'empêcher de se provoquer. J'espérais qu'aucun d'eux ne franchisse les limites.

Damian haussa les sourcils, et jeta sa tête en arrière dans un grand rire.

— Je savais que tu allais dire ça, tu es tellement prévisible !

Il calma son hilarité puis claqua des doigts avant d'ordonner :

— Apportez d'autres sièges.

Quelques hommes quittèrent la pièce en courant et rapportèrent trois fauteuils qu'ils installèrent derrière celui destiné à mon Alpha.

Il en manquait un. Je sentis Robin se tendre. Damian nous provoquait. Pour lui, je ne faisais pas partie de la meute, je n'étais pas un loup-garou.

Robin sourit d'un air mauvais, et me fit signe de m'installer sur le siège qui lui était destiné. Je m'exécutai alors que Ted, James et Samuel prirent place juste derrière nous. Il s'assit sur mon accoudoir, et passa négligemment son bras autour de mes épaules. De cette manière, il était installé plus haut que Damian, et je sentis sa satisfaction dans le lien de Reconnaissance.

Ici - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant