Chapitre 38 - II

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Robin, c'est Arkan. J'ai besoin de toi.

Mon cœur s'affola. Arkan était vivant.

— Putin, tu nous as fait peur, s'exclama l'alpha en se passant nerveusement une main dans les cheveux. Thomas est avec toi ?

— Oui, et notre meute est à nos trousses. Ça fait deux jours qu'on essaye de les semer.

Robin jura, et je posai ma paume sur son torse pour lui apporter toute la clairvoyance qui lui était nécessaire.

— Damian ne vous laissera pas partir comme ça. Venez, j'assurerais votre protection.

— J'espérais t'entendre dire ça... avoua Arkan, la voix tintée de soulagement.

— Je vais prévenir Wyatt, vous avez qu'à rejoindre la vallée en passant par son territoire, ça vous fera un peu de répit.

— Robin, tu es conscient des répercussions si tu décides de nous accorder ta protection, n'est-ce pas?

Le regard de Robin croisa celui de Matt qui nous avait rejoints, puis le mien.

— Bien sûr, gronda-t-il. Ne perdez pas de temps, et soyez prudent.

— Merci mon frère. On sera là dans deux jours.

Arkan raccrocha brusquement, et Robin soupira. La tension qui planait dans l'air me serrait la gorge, je ne savais plus comment respirer convenablement.

— De quelles répercussions parle-t-il ? chuchotai-je, anxieuse.

— Chez les loups-garous, la protection d'un alpha n'est pas prise à la légère, m'expliqua-t-il en posant ses doigts sur mes hanches et en me rapprochant de lui. En s'opposant à Damian, on lui déclare la guerre, en quelque sorte.

Il appuya son menton sur le haut de mon crâne, songeur. Je le trouvais étonnamment calme étant donné la situation. Sentant mon affolement monter en flèche, il me saisit par les épaules pour scruter mes prunelles, et entoura mon esprit d'un cocon de sérénité.

— Tu n'as pas à t'en faire. Entre la puissance de notre meute, celle d'Arkan, et tes pouvoirs, on sera en supériorité. Ils y réfléchiront à deux fois avant de tenter quoi que ce soit.

— Ça ne va pas poser de problème qu'Arkan soit avec nous ? Il est dominant lui aussi, non ?

— On se connaît depuis longtemps, ça ira.

Je restai silencieuse. Ses paroles me rassurèrent un peu, mais je craignais qu'il minimise l'ampleur de la situation.

— Matt, tu sais ce que tu dois faire.

Le second acquiesça, nous salua et claqua la porte derrière lui, le téléphone vissé à l'oreille pour prévenir tout le monde.

***

Les arbres commençaient déjà à perdre quelques feuilles qui flottaient tranquillement dans la brise. La sécheresse de cet été les avait éprouvés, et la forêt adoptait doucement une teinte bronze, même si les températures n'étaient pas encore automnales. J'ouvris un peu plus la fenêtre de ma voiture, et pris une grande inspiration. L'odeur de la rivière si particulière me chatouilla les narines, et sa mélodie cristalline me ragaillardit. C'était une belle journée.

Robin avait appelé les Sept, nous devions partir dans trois jours. J'avais décidé de profiter au maximum de ce court répit que m'offraient nos épreuves.

Je bifurquai dans une modeste rue résidentielle en bordure de forêt, et me garai devant chez Conor. Je me laissai guider par la voix de Juliette dans le jardin derrière la maison, et souris à la petite fille juchée sur une trottinette. Son père la surveillait d'un œil, assis sous le porche, l'air morne.

Ici - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant