Chapitre 12

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Nos pattes foulaient la pelouse parfaitement taillée dans un bruit sourd. J'étais heureuse de pouvoir sortir. Au rythme de notre course, je sentais mes épaules se dénouer peu à peu. Depuis notre arrivée sur le domaine, nous avions enchaîné les situations délicates et les problèmes, et cette parenthèse nous permettait de recharger nos batteries. J'accélérai pour me mettre à la hauteur de Robin, et il me fit un discret signe de la tête. Les rayons du soleil se reflétaient dans ses yeux jaunes. Il était pensif. Pendant les quelques minutes qu'avait duré le trajet, j'avais partagé dans le lien de meute l'entretien que j'avais eu avec Morgane. Pas seulement à l'alpha, mais également à Ted, James et Samuel. Je n'avais rien à leur cacher. Ted avait lâché un sifflement impressionné, et Samuel m'avait assailli de questions. Même maintenant, alors qu'il gardait ses réflexions pour lui, des bribes de ses pensées nous parvenaient. Trop excité par ces révélations, il ne contrôlait plus rien.

Robin m'avait écouté attentivement puis était resté silencieux. Frustrée, je me décalai vers lui, et lui donnait un léger coup d'épaule pour l'inciter à se livrer. Il me rassura d'une pression à travers le lien de Reconnaissance, puis s'adressa à moi uniquement.


— Tu n'en es sans doute qu'au début de la découverte de tes pouvoirs. Et... Je ne pense pas pouvoir t'enseigner plus que tu sais déjà. Je t'ai appris à tirer profit de ta nature de métamorphe car c'est semblable aux loups-garous. Effectivement, ça ne me surprend pas que ce soit la même magie qui coule dans notre sang, ça paraît logique. C'est comme si tu étais sur des ondes identiques mais... sur un canal différent. La mutation, le lien de meute, les sens développés... Pour tout ça on est semblables, mais pour le reste, je ne peux rien t'apprendre de plus. Et si notre lien de Reconnaissance est beaucoup plus puissant qu'à la normale, j'imagine que c'est parce que tes pouvoirs psychiques te donnent un accès presque sans limites à mon esprit.


Il sauta souplement par-dessus un banc avant de reprendre le fil de la conversation.


J'aimerais t'aider plus, mais je ne peux pas.

— Tu m'aides tous les jours. Lorsque tu m'encourages, lorsque tu me pousses à me dépasser, à faire mes propres choix. C'est grâce à l'assurance que tu me donnes que je prends conscience de l'étendue de mes pouvoirs. Quand j'ai soigné ce petit garçon, j'ai compris que mes seules limites sont celles que j'impose à mon esprit.

— On peut rester plus longtemps, si tu en as besoin. Tu pourrais t'entraîner avec Morgane pendant quelques jours...


Aston me manquait, et je me réjouissais de notre départ demain matin. À l'idée de devoir faire face encore des jours à Damian et sa meute, mes muscles se tendirent. Et puis les membres de notre clan restés dans nos montagnes avaient besoin de nous, je ressentais l'agitation de l'esprit de l'alpha qui ne cessait de s'inquiéter pour eux. Et je manquais cruellement d'intimité avec Robin, beaucoup plus que je ne voulais bien me l'avouer.


— Non, rentrons. Après tout, il n'y a pas d'urgence à améliorer mes pouvoirs. Rien ne m'y oblige. Et je pourrais toujours essayer de les développer seule.

— Tu ne seras jamais seule, tu le sais ça ?


Oui, je le savais. Nous étions les deux pièces d'un puzzle. Faites pour être liées, ensemble. Séparés, nous n'étions plus rien. Plus qu'une vague image qui laisse deviner une moitié manquante.

J'entourai le lien de Reconnaissance de tout mon amour, alors que nous pénétrâmes dans les sous-bois, au fond du domaine de Damian. Nous n'avions pas besoin de mots pour nous exprimer, et nos émotions étaient bien plus fortes qu'un simple « je t'aime » lancé dans les airs.

Ici - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant