Chapitre 8

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J'avais eu du mal à avaler mon dîner. Les gars s'étaient goinfrés de mets plus savoureux les uns que les autres, passant du homard au bœuf de Kobé sans même reprendre leur respiration. Robin était resté silencieux, et me lançait des regards frustrés de temps à autre : il détestait le fait qu'on ne puisse pas être en privé pour discuter.

J'étais dans une maison de tueurs. Et je n'étais pas certaine de trouver le sommeil en sachant ça. Je repensais à l'arrivée de Thomas et Arkan, couverts de sang. Ils avaient dit que leur mission leur avait pris plus de temps que prévu. Je comprenais mieux ce qu'ils voulaient dire par là.

Je donnai la touche finale à mon maquillage - très léger, à la hauteur de mes talents - quand l'alpha me rejoignit : il était bientôt l'heure du rendez-vous. Je le sentis s'affoler lorsqu'il posa les yeux sur mon dos dénudé, et ses sentiments étaient tellement contradictoires que je laissai seulement entre-ouverte la porte de mon esprit. Son désir brûlant menait un combat sanglant contre son angoisse, son appréhension et sa colère. Tout ça se mêlait dans son cerveau aussi vif qu'impulsif. Je crus même percevoir une pointe de jalousie qui me fit sourire.

Sentant une certaine résistance dans le lien de Reconnaissance, il s'approcha doucement de moi.

— Tu m'en veux ?

Je pris quelques secondes pour réfléchir à ma réponse. J'entendais Ted, Samuel et James se préparer dans la pièce d'à côté.

— Non. Tu fais ce que tu penses être le mieux pour moi. Mais ne me cache rien, je ne suis plus une petite chose fragile.

— Bien sûr que si, tu l'es.

Je levai les yeux au ciel.

— D'accord, je ferais attention, promit-il en s'asseyant sur le lit avec un air préoccupé.

Il se passa la main dans les cheveux et n'ajouta rien. Je savais que ce n'était absolument pas le moment d'entamer une dispute. Il allait avec besoin de mon soutien et de toutes ses capacités d'alpha pour affronter cette soirée.

Je me dirigeai vers lui et ses yeux s'allumèrent d'un éclat doré. Il passa ses mains autour de ma taille et posa sa tête sur mon buste en soupirant alors que mes doigts se baladaient dans ses cheveux.

— Tu es magnifique dans cette robe.

Je caressai sa barbe et pris son visage entre mes paumes. Même si c'était sincère, ça devait lui couter d'avouer que le choix de Damian était pertinent.

— Merci, soufflai-je en déposant un baiser sur ses lèvres.

— Ce soir, ce sera pareil qu'à l'aéroport. Beaucoup de monde, beaucoup de bruit. Ferme ton esprit.

Je n'avais pas encore eu le temps de penser à ça. Hisser des barrières pour me protéger ainsi voulait également dire m'isoler de Robin. Et c'était le pire moment pour le faire.

— J'essayerai de ne pas te mettre dehors.

Il me fit un demi-sourire puis m'embrassa une dernière fois avant de partir sous la douche. Il ne nous restait que quelques minutes avant l'heure du rendez-vous.

À minuit, nous sortîmes du manoir et découvrîmes six vans noirs identiques stationnées devant l'entrée. Nous nous installâmes tous les cinq dans le second, conduit une fois encore par Daniel, et prîmes la route. De l'extérieur, nous devions ressembler à s'y méprendre à un convoi présidentiel. Nous avions furtivement croisé Damian qui était rentré dans celui de tête avec Oliver, Arkan, et Morgane.

Après près d'une heure de trajet, les lumières de la ville de Ferré apparurent, et les minibus se stationnèrent en file indienne devant un bâtiment à l'air sinistre. Robin avait enfilé une chemise qui faisait ressortir le hâle de sa peau, et avait négligemment replié ses manches juste sous ses coudes, laissant apparents ses avant-bras musclés et son tatouage. Il était, comme à son habitude, bien trop séduisant, et je tentai de dissimuler les battements de mon coeur qui s'intensifiaient. Les autres membres de la meute avaient eux aussi fait un effort vestimentaire, et Samuel avait même passé une veste de costume.

Ici - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant