Ici - Tome 2

Chapitre 27

Je repris ma respiration et me redressai sur ma couchette.

Robin.

Je l'avais vu. Le peu de magie qui me restait l'avait cherché, et était parvenu à me transmettre quelques visions de son esprit.

Mes yeux n'avaient pas à s'habituer à la lumière, il faisait toujours aussi sombre. Le souffle sifflant et régulier de Matt m'indiquait qu'il devait s'être assoupi. J'avais la bouche pâteuse, et l'impression d'être passé sous un rouleau compresseur. J'étirai mes bras et grimaçai en réveillant ma douleur dans le cou.

Je remerciai silencieusement Jenny d'être rentrée le plus vite possible de Lacvil pour remettre l'alpha sur le droit chemin. J'avais pleinement conscience que ma disparition avait dû le ravager, j'étais sa pire faiblesse, il ne me l'avait jamais caché.

Était-ce réellement pour mes facultés de sorcières que j'étais enfermé ici, ou un ennemi de Robin voulait-il l'affaiblir en s'en prenant à moi ?

Lexi fut secouée par d'une nouvelle quinte de toux. Elle n'avait vraiment pas l'air en bon état. Je n'étais pas médecin, mais l'encombrement de ses bronches n'avait rien de bénin.

— Depuis combien de temps es-tu ici ? lui demandai-je lorsqu'elle fut calmée.

— Je n'en sais rien. On n'a aucune notion du jour et de la nuit, impossible de compter. Plusieurs semaines je dirais, voire plusieurs mois.

— Et Matt ?

— Il est arrivé après moi. Ça faisait déjà un moment que j'étais là. Ils l'ont traqué longtemps, ils avaient entendu dire que le second de la meute de la Vallée de l'Aube s'était fait la malle.

— Tu sais ce qu'ils nous veulent ?

— Tout est toujours une question de pouvoir. C'est ça qu'ils veulent.

— Pourquoi ? Et en quoi pensent-ils qu'on pourrait être utiles ?

— Certaines sorcières ont décidé qu'elles avaient passé assez de temps à se cacher, et qu'elles ont une revanche à prendre. Va savoir pourquoi, mais les sitrams sont d'accord avec elle, ricana-t-elle.

— Elles n'ont que les sitrams à leur côté ? Pas de loup-garou ?

— Elles sont en train de créer des alliances, et de ce que j'ai pu comprendre, ce n'est qu'une question de temps avant que des loups-garous en colère contre leur gouvernement grossissent leur rang. On dit que les humains sont cruels, mais ce n'est rien comparé aux créatures surnaturelles. Ils sont tous plus pourris les uns que les autres, acheva-t-elle essoufflée.

Un court silence s'installa.

— Tu ne nous aimes pas, n'est-ce pas ?

— Non, je n'aime pas les loups-garous, ni les sitrams, et encore moins les sorcières, même si j'en suis une moi-même.

Je ne pouvais que comprendre Lexi. Quand j'avais découvert cette sphère parallèle à celle des humains, j'avais Robin à mes côtés. Il était l'entièreté de mon monde, le reste n'était que secondaire. Je n'avais porté que peu d'attention à ce que ça engendrait. Malgré tout, nous ne rêvions que de calme et de normalité. Sans nous l'avouer, nous sommes persuadés qu'une vie humaine aurait été plus simple. Mais sans la magie qui nous entoure, même si le destin nous avait réunis, j'aurais probablement quitté Aston comme c'était prévu. Et il n'y aurait rien eu entre Robin et moi.

— On va sortir de là, repris-je, revigoré par ma vision de Robin. Il y a du monde à notre recherche, ce n'est qu'une question de temps.

— Cette cellule est en train de me tuer. Du temps, je n'en ai plus beaucoup.