Ici - Tome 2

Chapitre 7

J'avais boitillé jusqu'à nos appartements, soutenue par un Robin dans une colère noire. Heureusement, Damian avait eu le tact de vider la maison de tous ses habitants. Une blessure mettait un loup-garou en position inférieure et parfois dangereuse. La faiblesse n'était pas admise. J'avais beau être une sorcière, j'étais tout de même considérée comme l'une des leurs. Enfin, quand ça les arrangeait.

J'étais certaine que mon alpha aurait pu sauter à la gorge du premier loup qu'on croisait. Heureusement, ils avaient un instinct de survie très développé quand ils étaient face à un individu dominant, et aucun lycanthrope n'avait osé se montrer.

La douche brûlante avait ôté le sang sur ma peau et il ne restait maintenant que quelques griffures rougeâtres et boursoufflées sur ma taille.

J'entendais les voix des autres qui chuchotaient dans la pièce d'à côté alors que je brossais mes cheveux humides devant le miroir, et repensais à la vallée qui me manquait tant. Il fallait qu'on tienne le coup. Après demain, nous serions chez nous. En attendant, je m'efforcerais de désamorcer les conflits un à un.

Je frissonnai à l'idée que l'on puisse avoir des ennemis. Je savais certains loups sanguinaires, sans limites. Les membres de la meute étaient tous ma famille, il n'était pas question que qui se soit leur fasse du mal. Nous n'aspirions qu'à vivre dans la paix.

La porte de la salle de bain dans laquelle je me trouvais s'ouvrit sur Robin. Il avait dû capter certaines de mes réflexions à travers le lien, et s'inquiétait de l'angoisse qui me comprimait la poitrine. Il posa ses paumes brûlantes sur mes hanches, alors que je tentais toujours de démêler mes cheveux. Mon ventre se contracta en réponse aux baisers qu'il déposait dans mon cou.

— À quoi tu penses ? me souffla-t-il en continuant de m'embrasser.

— À Aston. Je suis pressée de rentrer chez moi.

— Moi aussi, me susurra-t-il en remontant vers l'arrête de ma mâchoire.

Les battements de mon cœur s'accélérèrent, et ma peau se recouvrit de chair de poule. Je me retournai pour lui faire face. Je caressai ses tatouages d'une main, pendant que l'autre se posait sur sa nuque pour attraper ses lèvres. Il me rendit mon baiser avec ardeur, et je m'imprégnai de son odeur qui embaumait toute la pièce. Mes nouvelles capacités me révélèrent ce que je ne percevais pas auparavant : son souffle qui s'accélérait, son rythme cardiaque qui battait au même rythme que le mien. Il me souleva et j'enroulai mes jambes autour de sa taille alors que ma serviette tombait au sol, lui arrachant un grognement de satisfaction.

— Oh ! entendis-je à travers la cloison. Vous pouvez vous retenir pendant trois jours sans déconner !

Je pouffai alors que Robin lâchait un gémissement de frustration.

— Le repas vient d'arriver. Et il y a un colis pour Alex, continua Ted avec une pointe d'hésitation dans la voix.

— On arrive.

Il me reposa précautionneusement sur le sol avec une grimace d'excuse, et l'une de ses paumes frôla ma blessure.

— Ça te fait encore mal ?

— Non, c'est bon maintenant, répondis-je alors qu'il détaillait les entailles des yeux, les sourcils froncés.