Chapitre 35

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Matt pouffa, et toutes les personnes dans la pièce dévisagèrent Lexi.

— Heureuse de te revoir, lui dis-je en lui serrant doucement la main.

Elle posa son regard azur sur moi, et esquissa l'ombre d'un sourire. Hélène se présenta, lui expliqua rapidement ce que contenait sa perfusion, et lui souhaita la bienvenue parmi nous.

Elle scruta silencieusement chacun des loups présents, et fit une grimace.

— Qu'est-ce qu'ils ont tous à me regarder en chien de faïence ? me demanda-t-elle en chuchotant.

— Oh merde, siffla Ted. Il y a une nouvelle prétendante au trône de la lourdeur, Conor risque de perdre sa couronne.

Malgré moi, je lâchai un rire nerveux, en écho à celui de Matt et Hélène.

— Heureusement qu'il n'est pas là pour voir ça, lui qui est le roi des jeux de mots douteux, il l'aurait sans doute provoqué en duel, et elle n'est clairement pas en état, continua-t-il.

Tout le monde dans la pièce s'esclaffait, sauf la sorcière qui nous regardait en fronçant les sourcils. Notre famille était de nouveau réunie, et indemne. Le soulagement suintait de partout, et Robin me serra un peu plus fort contre lui. Ils m'avaient tous manqué. À leur manière, ils étaient chacun indispensable à mon nouvel équilibre. Chacun d'eux m'avait aidé à relever la tête ces derniers mois, sans même le vouloir. Ils étaient tous venus me chercher, sans aucune hésitation, j'en étais certaine. En pensant à ce qu'il aurait pu arriver, mon sourire se fana faiblement. Mais nous étions tous en vie, ensemble, et c'était tout ce qui comptait aujourd'hui.

Une fois notre fou rire calmé, Hélène nous chassa pour que Lexi puisse se reposer. Elle m'ordonna de m'allonger sur le lit d'une manière qui ne laissait aucune place à la discussion et m'occulta sous le regard inquiet de l'alpha : l'entaille sur ma hanche n'était pas tout à fait cicatrisée mais ne tarderait pas à l'être. Quant au reste, j'étais légèrement déshydraté, j'avais maigri, et j'avais besoin de repos — beaucoup de repos —, mais ça allait plutôt bien. Elle marmonna quelque chose qui ressemblait à « je payerai cher pour avoir les résultats d'une IRM de ton cerveau » mais le raclement de gorge de Robin la dissuada d'aborder le sujet. Je la sentais inquiète, elle craignait les répercussions que pouvaient avoir mes pouvoirs sur mon activité cérébrale, surtout après mon saignement de nez intempestif.

Elle me tendit une bouteille d'eau, puis je me redressai pour demander à Robin de me conduire dans la salle de bain.

Une baignoire.

J'en avais rêvé tant de fois qu'elle semblait à peine réelle.

— Tu m'aides, s'il te plaît ? suppliai-je Robin en m'asseyant sur son bord.

La tête me tournait toujours, je n'étais pas sûre de pouvoir entrer dans l'eau sans encombre.

— Bien sûr.

Il dévissa le robinet pour commencer à remplir le bac et se retourna vers moi. Il s'approcha lentement, presque hésitant, et saisit le bas de mon t-shirt pour le passer au-dessus de ma tête, ses yeux ancrés aux miens. Sa pomme d'Adam se mouva lorsqu'il posa son regard sur ma poitrine nue, puis il se détourna et entreprit de défaire ma tresse en silence.

— Pourquoi me fermes-tu ton esprit ?

Il me fit l'un de ses sourires en coin qui me faisait tant d'effets, avant de prendre une grande inspiration.

— Tout ça, c'est... compliqué.

Robin n'en dirait pas plus, pour deux raisons : tout d'abord, car sa meute presque au complet était de l'autre côté de la porte, et nous entendait comme s'ils étaient dans la même pièce. Ensuite, car il n'était pas du genre à mettre des mots sur ses sentiments, ou pire, sur ses angoisses.

Ici - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant