7 - Training

1.1K 111 78
                                    

Le lendemain, Chiyo se présenta au gymnase, son argent de poche serré dans son poing. Elle n'avait pas parlé de ses projets avec sa mère et encore moins avec son père. Bunji Tōga était un de ces employés de bureau japonais qui partait le matin à l'aube, avant même que Chiyo soit réveillée, et qui rentrait le soir bien après qu'elle se soit couchée. En dehors des week-end, Chiyo ne le voyait presque jamais. Quant à sa mère, Chiyo était à peu près certaine qu'elle n'approuverait pas sa démarche. Ayumi avait une idée très arrêtée de ce que pouvait faire une jeune fille comme il faut et Chiyo était sûre que la boxe n'en faisait pas partie.

Oui, mais moi j'ai envie d'essayer, se dit-elle. Et puis, de toute façon, j'ai cessé d'être une jeune fille comme il faut la semaine dernière.

Son regard se voila à ce souvenir.

Lorsqu'elle poussa la porte, tous les visages se tournèrent vers elle et elle sentit le rouge lui monter aux joues. Elle les ignora et s'avança vers le vieux Gojō.

– Je suis venue vous apporter l'argent pour ce mois-ci, dit-elle.

Le vieux boxeur la regarda. Puis il tira une cassette en métal de sous le banc sur lequel il était assis et il rangea les billets que Chiyo lui tendit. Il lui demanda :

– Tu as pris une tenue de sport ?

Chiyo lui montra le sac qui contenait son jogging du lycée et ses baskets.

– Oui, dit-elle.

Il lui désigna les vestiaires du menton.

– Tu peux te changer là-bas, dit-il. Il n'y a pas de coin pour les femmes, mais tu peux te changer dans les toilettes si ça te va.

– D'accord.

Cinq minutes plus tard, Chiyo était de retour auprès du vieux coach que Takamura avait rejoint.

– Takamura va superviser ta remise en forme, lui dit le vieux Gojō. Il me le dira quand il jugera qu'on peut passer à l'entraînement.

Chiyo jeta un regard au grand boxeur. Il était toujours aussi impressionnant, mais il lui faisait déjà moins peur que la veille.

– Essaie de pas me gêner, ok ? Lui dit Takamura.

– D'accord, dit-elle.

Il l'emmena dehors et il lui expliqua le parcours de son jogging quotidien.

– Je remonte la rive jusqu'au pont qui se trouve près du terrain de baseball, tu vois où c'est ? Chiyo hocha la tête et il poursuivit.

– Ensuite, dit-il, je fais le tour par l'autre rive et je reviens par le pont Nippori Toneri. Le parcours fait environ cinq kilomètres. Quand tu seras capable de le faire en vingt minutes, tu pourras passer aux choses sérieuses.

Vingt minutes ? Il est sérieux ?

La course à pied était un incontournable des séances de sport au lycée, mais la plupart des élèves – et Chiyo comme les autres – trottinaient et traînaient les pieds jusqu'à ce que le professeur siffle la fin du cours. Courir cinq kilomètres en essayant de faire le meilleurs temps possible, c'était une première pour elle.

– La première chose que tu dois travailler, lui dit-il, c'est ton endurance. L'entraînement ne servira à rien si tu n'as aucun cardio.

– Je comprends, dit-elle.

C'est bon, se motiva-t-elle, je peux le faire ! Je suis jeune ! Il suffit de le vouloir !

Takamura fit quelques étirements et il se mit en route, Chiyo sur les talons. Une centaine de mètres plus loin, il l'avait déjà distancée.

C'est normal, il est plus grand, se dit Chiyo, c'est pour ça qu'il va plus vite...

Avant de partir le boxeur avait été clair :

– Tu ne t'arrêtes pas, lui avait-il dit. Ralentis si tu veux, marche si ça te chante, rampe s'il le faut, mais va jusqu'au bout sans t'arrêter.

Quand Chiyo commença à avoir du mal à respirer une centaine de mètres plus loin, elle comprit que ça allait être plus difficile que prévu.




Elle fut de retour devant le gymnase cinquante minutes plus tard avec l'impression que ses poumons allaient exploser. La gorge lui brûlait et elle n'arrivait pas à reprendre son souffle. Elle se laissa tomber contre le mur, à l'intérieur de la salle, les joues cramoisies et la queue de cheval en débâcle, en essayant de se rappeler comment on faisait pour respirer normalement. Elle était allée jusqu'au bout, comme promis elle ne s'était pas arrêtée, mais avait bien cru mourir tellement sa poitrine lui avait fait mal. Takamura s'approcha et il se pencha vers elle.

– Une heure ? Dit-il. Sérieusement ?

Chiyo aurait voulu lui répondre, mais elle ne pouvait pas articuler un mot. Elle lui fit signe d'attendre et un des boxeurs en train de pouffer de rire, eut pitié d'elle et il lui apporta une bouteille d'eau.

Elle le remercia d'un regard et vida la bouteille presque d'une traite. Il lui semblait qu'elle n'avait jamais eu aussi soif de sa vie. Quand elle parvint enfin à parler, elle leva les yeux vers Takamura.

– Pas une heure ! Précisa-t-elle. Cinquante minutes !

Le fou rire qui secoua les hommes présents dans la salle fut général.




Le lendemain matin, Chiyo mit son réveil à six heures et sa mère la découvrit assise dans le genkan, en train de nouer ses chaussures.

(NDA : Genkan, partie de l'entrée des demeures japonaises où l'on met et retire ses chaussures)

– Chiyo ? S'étonna sa mère. Qu'est-ce que tu fais ?

Chiyo se redressa. Elle avait mis son jogging et elle avait attaché ses cheveux avec un élastique plus solide que la veille pour qu'ils ne la gênent pas.

– Je vais courir, dit-elle d'un air déterminé. Je reviens pour le petit déjeuner. À tout à l'heure maman !

Puis elle sortit sans attendre de réponse. Sa mère regarda la porte se refermer avec stupéfaction.

– Mais qu'est-ce qui lui prend en ce moment ? Se demanda-t-elle.

– Mais qu'est-ce qui lui prend en ce moment ? Se demanda-t-elle

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Bad boy [Wakasa x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant