Bad boy [Wakasa x OC]

76 - Rupture

Le présentateur du Kōrakuen Hall annonça son entrée et une clameur parcourut la foule.

– Onze combats, onze victoires dont neuf par K.O. ! Entraînée par la légende vivante de l'OPBF ! Chiyo Tōgaaa !

(NDA : OPBF, Oriental and Pacific Boxing Federation)

– Face à elle ce soir... Poursuivit le présentateur.

Chiyo ne l'entendait plus. Elle rejoignit le centre de la salle sous les acclamations du public, Yoshio Gojō et Masaru Aoki à ses côtés. Les cris de la foule la faisaient vibrer. Elle avait l'impression qu'ils résonnaient jusque dans ses os.

Aoki lui tint les cordes et elle grimpa sur le ring sous une nouvelle salve d'applaudissements.

Ce soir, elle allait franchir la dernière barrière qui la séparait de son rêve. Il lui semblait que son cœur ne pourrait jamais battre plus fort dans sa poitrine. Le sourire féroce qui barrait son visage disait plus clairement que des mots la force de sa détermination.

Aujourd'hui, personne ne me vaincra !

Elle s'assit sur le tabouret, dans son coin du ring, et le vieux coach vint lui donner ses dernières recommandations. Sa voix était étouffée par les cris qui montaient toujours de la foule, mais Chiyo n'en avait que faire. Elle connaissait ses conseils par cœur.

Rester en mouvement... Se répéta-t-elle. Être toujours imprévisible... Varier les coups...

Tous ces préceptes, elle les avait gravés dans sa tête et dans ses poings. Elle se sentait plus forte que jamais.

Face à elle, son adversaire hochait la tête tandis que son entraîneur parlait. Elle gardait les yeux baissés pour se concentrer avant l'affrontement. Dans quelques instants, toutes les deux allaient en découdre.

La cloche sonna la fin du quatrième round et Chiyo regagna son coin, le souffle court et la peau ruisselante de sueur. Jamais un combat n'avait fait naître une exaltation pareille dans sa poitrine. C'était comme si sa vie n'avait fait que la mener à cet instant précis.

Je veux que ma vie toute entière soit comme ça ! Je veux vivre cette vie-là !

Aoki lui retira son protège-dents et il lui épongea le visage avant d'appliquer une poche de glace sur sa nuque pour soulager sa fatigue.

– C'est bien, dit le vieux, continue comme ça ! Fatigue-la ! Ne la laisse pas reprendre le dessus ! Tu dois faire en sorte qu'elle n'ait pas d'autre choix que défendre !

Chiyo opina. Elle changea de position sur le tabouret pour appuyer son épaule contre la corde et le coach reprit.

– Tu as le contrôle, pour le moment, c'est toi qui marque le plus de points ! Mais ne baisse pas ta garde ! N'oublie pas que c'est une adversaire expérimentée !

– D'accord, dit-elle.

La crampe, à la base de son cou, l'élança et Chiyo accentua la pression contre la corde pour l'étouffer. La douleur avait commencé à la tourmenter peu après la fin du troisième round et, depuis, elle ne lui avait pas laissé de répit.

Il faut que j'en finisse vite... Je n'ai plus de temps à perdre...

L'entraîneur jeta un œil de l'autre côté du ring et il poursuivit.

– Cherche la victoire aux points ! Dit-il. C'est le mieux ! Elle est à bout de force, elle ne remontera pas la pente si tu continues comme ça ! Ne lâche rien et ce match est à toi !