Bad boy [Wakasa x OC]

26 - Tension

– QUOI ?! S'exclama Chiyo, stupéfaite.

Elle se redressa, oubliant le speed bag face à elle qui continua à se balancer avant de s'immobiliser totalement.

– Le vieux a cédé, répéta Kimura. Ton pote va venir s'entraîner ici.

– C'est pas mon pote, répondit automatiquement Chiyo.

C'est pas vrai ! Il ne peut pas aller voir ailleurs, non ? Ça n'est pourtant pas la seule salle de boxe de Tokyo !

– C'est pas tout, reprit le boxeur en jetant un regard du côté du coach. Le vieux voudrait que ce soit toi qui te charge de le remettre en forme avant de passer à l'entraînement proprement dit.

Chiyo frémit de rage.

– Alors ça, c'est non !

Elle retira ses gants d'entraînement avec les dents et rejoignit l'entraîneur assis dans son coin de la salle d'où il pouvait tout voir.

– Monsieur Gojō, dit-elle, est-ce que je peux vous parler ?

– Hmm ? Dit le vieux. Qu'est-ce qu'il y a Tōga ?

– Kimura senpai me dit que vous voulez que je me charge de l'entraînement d'Imaushi kun.

– Le nouveau gamin ? Dit-il. Oui.

– Je refuse ! S'écria Chiyo presque sans le laisser finir.

Son éclat fit lever les yeux au vieux coach et les boxeurs à proximité tournèrent la tête vers eux. Chiyo se mordit la lèvre.

– Si tu ne veux pas, reprit l'entraîneur, je ne peux pas t'y forcer. Mais tu devrais réfléchir. Il y a des choses qu'on ne peut apprendre qu'en les enseignant aux autres.

Chiyo tourna les talons. Elle était toujours aussi furieuse, mais elle regrettait d'avoir crié.

Il n'a qu'à se débrouiller seul ! Il sait se battre non ? Il peut s'entraîner quand il veut. Je suis sûre qu'il a des tas d'amis prêts à l'aider au moindre signe de sa part !

Elle retourna près du speed bag, peinant à calmer les battements anarchiques de son cœur.

Pourquoi est-ce qu'il est venu ici d'abord ? Tout allait si bien, alors qu'est-ce qu'il est venu faire ici ? Et pourquoi il continue à venir ? Il m'énerve ! Je le déteste !

Après sa première visite, Chiyo était allée se confier à Mai durant la pause déjeuner, au lycée.

– ...et ce crétin vient presque tous les jours maintenant ! Avait-elle dit.

– Je comprends que tu sois en colère, lui avait dit Mai. Mais si on y réfléchit bien, c'est un mal pour un bien.

– Comment tu peux dire ça ?

Chiyo avait été étonnée par sa remarque.

– Ce que je veux dire, avait repris Mai, c'est que tu ne vas pas te cacher toute ta vie, si ? Vous avez fait une erreur tous les deux. Peut-être que vous revoir vous donnera l'occasion de parler et de mettre tout à plat. Je crois que ça te ferait beaucoup de bien.

– Je ne veux pas parler avec ce type ! S'était exclamée Chiyo. S'il y a bien une personne au monde avec qui je n'ai pas envie de parler, c'est lui ! Je le déteste !

– Je me doute que tu n'as pas envie de lui parler, je n'en aurais pas envie non plus à ta place. Mais dis-moi Chiyo, qui est-ce que tu détestes à ce point ? Lui ou toi ?

Chiyo n'avait pas su quoi répondre et Mai avait repris.

– Et si c'est toi, tu vas continuer à te détester combien de temps ?

Ses mots tournaient encore dans la tête de Chiyo des jours après. Elle les chassa avec brusquerie.

Je ne veux pas lui parler, se répéta-t-elle butée, je veux juste qu'il s'en aille, qu'il disparaisse de ma vie !

– Alors là, je comprends pas, dit une voix.

Chiyo leva la tête et vit Takamura près du sac de frappe plus loin. Elle ne l'avait pas entendu approcher. Il reprit.

– Comment ça se fait que tu refuses de l'entraîner ? Dit-il.

Chiyo fronça les sourcils.

– Je ne vois pas ce qu'il y a d'étonnant, dit-elle. Je ne veux pas voir ce type ! Moins il vient, mieux je me porte ! C'est tout !

– Je ne sais pas ce qu'il t'a fait, continua Takamura, mais le vieux te sert une occasion en or de te venger et tu ne vas pas la saisir ?

À côté d'elle, Kimura hocha la tête.

– C'est exactement ce que je me disais, dit-il. Tu as l'opportunité de lui en faire baver comme jamais. Une chance pareille, ça ne se reproduira pas. En plus c'est un fumeur. Je ne lui donne pas quinze minutes de footing avant de cracher ses poumons dans le premier fossé venu.

– Dix minutes, renchérit Takamura.

Tous les deux échangèrent un coup d'œil. Puis ils se serrèrent la main.

– Tenu, lança Kimura.

Chiyo les regarda tour à tour et une nouvelle expression naquit sur son visage.

Me venger ?

Elle réfléchit, puis elle sourit.

Après tout, pourquoi pas ?

Finalement, quand elle alla trouver le coach, ce fut pour lui dire qu'elle acceptait. Elle allait se charger de son entraînement. Elle en profiterait pour lui faire payer et si, dans la foulée, il préférait abandonner, ça serait parfait.

Il n'y a pas que lui qui peut se comporter comme une ordure.

Lorsque Wakasa se présenta à l'entrée du club, Chiyo l'attendait devant la porte.

– Le coach m'a demandé de te remettre en forme, lui dit-elle avant qu'il n'entre. Va te changer, on va courir.

Wakasa la regarda sans faire un geste.

– Je sais que tu es très forte, dit-il, alors ne le prends pas mal, mais je n'ai pas envie de courir. Je suis venu pour apprendre à boxer.

Chiyo venait de finir de nouer ses lacets. Elle se redressa et elle lui adressa son plus beau sourire.

– Si ça ne te convient pas, dit-elle, tu peux partir.

Elle commença à s'étirer, se désintéressant de lui, et Wakasa soupira.

– Très bien, senpai, dit-il.

Il alla se changer et fut de retour cinq minutes plus tard.

– Tu sais, lui dit-il, j'ai bien compris que tu ne pouvais pas me sentir. Si tu me disais pourquoi on irait plus vite tu ne crois pas ?

Chiyo afficha un sourire encore plus démesuré.

– Oublie ça, lui dit-elle. Je t'ai confondu avec quelqu'un d'autre, c'est tout.

Waka haussa un sourcil. Finalement, il préféra ne pas insister.

– Si tu le dis, dit-il.

Chiyo se mit en route, Wakasa sur les talons. Lorsqu'elle fut de retour vingt minutes plus tard, elle était seule et elle avait un sourire sadique sur les lèvres.