Bad boy [Wakasa x OC]

77 - Sentence

Les lumières de l'ambulance dansaient sur les façades des bâtiments qui bordaient la ruelle, derrière le Kōrakuen Hall. Un ambulancier aida Chiyo à monter à l'arrière du camion et le vieux Gojō la rejoignit. Il s'assit en face d'elle en silence, les mains entre les genoux.

Chiyo remarqua qu'il n'avait pas sa canne.

Il a dû l'oublier dans les vestiaires, se dit-elle.

Mais la pensée s'évanouit de son esprit presque immédiatement.

J'ai perdu.

Voilà les seuls mots qui revenaient sans cesse dans sa tête.

Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent en vue de l'hôpital universitaire Juntendo, non loin de l'université qui bordait la rivière Kanda, au nord de Chiyoda, et le camion s'engagea sur la rampe qui menait aux urgences.

Ayumi repoussa la porte vitrée et elle se dirigea vers l'accueil presque en courant. Elle savait qu'elle se trouvait dans un hôpital et qu'elle aurait dû se contenir, faire preuve de plus de retenue. Mais elle n'y arrivait pas.

Mon bébé est à l'hôpital ! Mon petit bébé est à l'hôpital !

Depuis qu'elle avait reçu le coup de fil de l'entraîneur de Chiyo trente minutes plus tôt, il lui semblait que son cœur avait cessé de battre dans sa poitrine. Ses doigts serraient convulsivement un kleenex qui était à présent en charpie, mais il aurait fallu employer la force pour desserrer ses doigts.

Mon bébé... mon bébé...

Même si Chiyo avait dix-neuf ans désormais, c'était plus fort qu'elle, Ayumi continuait à voir en elle le nourrisson que la sage-femme avait déposé entre ses bras à sa naissance. Ce jour-là, elle avait été tellement bouleversée que Bunji et elle aient pu faire ce petit être, que plus jamais sa vie n'avait été la même.

Qui a fait du mal à mon bébé ? Si c'est ce vieux cinglé, il va me le payer !

Elle sentit la fureur monter en elle. Elle agrippa le comptoir de l'accueil et attendit que l'infirmière lève les yeux en luttant contre l'envie de la secouer pour aller plus vite.

Assise au bord du lit d'hôpital, dans une salle de soin des urgences, Chiyo écoutait le médecin sans l'entendre tout à fait. Les infirmiers avaient remplacé la bande de protection que le coach avait utilisé pour maintenir son bras en place par une attelle et ils lui avaient donné des antalgiques pour calmer la douleur.

– ... sans doute une déchirure du tendon au niveau de la tête de l'humérus, dit le médecin. Vous vous êtes beaucoup entraînée dernièrement ?

Il fallut plusieurs secondes à Chiyo pour comprendre qu'il s'adressait à elle. Elle hocha la tête sans lever les yeux, avec l'impression d'évoluer dans un cauchemar.

– Ce genre de pathologies survient le plus souvent après des mois de sollicitation intensive, poursuivit le médecin. Elles peuvent faire suite à un traumatisme ou à un choc, mais dans ce cas on découvre généralement que la détérioration était déjà bien avancée...

Un tumulte dans le couloir lui fit tourner la tête et Ayumi ouvrit la porte coulissante comme une furie.

Elle tomba en arrêt devant Chiyo, la tête basse sur le bord du lit, le vieil entraîneur à côté d'elle.