Bad boy [Wakasa x OC]

24 - Kōrakuen Hall Tokyo

Chiyo remontait l'avenue piétonne aux côtés du coach. Tatsuya Kimura marchait sur leurs talons. Tous les deux allaient combattre dans l'arène mythique du Kōrakuen Hall ce soir et Kimura ressentait les effets du stress depuis plusieurs jours déjà.

Le vieil entraîneur le regarda par-dessus son épaule et il secoua la tête.

– Depuis le temps Kimura, dit-il, tu ne t'y es pas habitué ?

L'autre leva les yeux, mais il ne répondit pas. Les mains serrées sur le ventre, il était à deux doigts de vomir. S'il ouvrait la bouche, ça risquait d'être la catastrophe. Chiyo s'efforçait de l'ignorer, son stress faisait grimper son anxiété en flèche. Elle avait beau le cacher mieux que Kimura, elle aussi était nerveuse. C'était aujourd'hui qu'avait lieu le match qui déciderait de son accession au rang de boxeuse de catégorie A.

– Je vais vomir... Marmonna Kimura derrière eux.

Chiyo eut une grimace de dégoût et elle s'écarta tandis que le vieux levait les yeux au ciel. Plus loin, se dressait le toit du Tokyo Dôme, le stade couvert qui dominait tout le quartier de Bunkyō. Mais ils n'allèrent pas jusque là. Ils entrèrent dans le bâtiment voisin, le Kōrakuen Hall, la salle dédiée aux sports de combat, en dépassant les affiches placardées dans la rue qui annonçaient les matchs du jour. Les noms de Kimura et de son adversaire occupaient toute la hauteur du programme et celui de Chiyo apparaissait juste en dessous. Ce soir, c'était lui la star du club, ce qui n'arrangeait pas son état.

Tous les trois gagnèrent le vestiaire qui leur avait été attribué et Chiyo alla se changer dans une cabine pendant que l'entraîneur essayait de calmer son boxeur. Takamura n'était pas venu avec eux aujourd'hui et c'était heureux. Ses plaisanteries lourdes avaient tendance à empirer les choses.

Chiyo sortit de la cabine au moment où Kimura essayait de positiver en se répétant :

– Du calme... Dans quelques heures, ça sera terminé... Respire... C'est rien du tout... Tu peux le faire...

L'entraîneur se redressa et attrapa ses gants en voyant revenir Chiyo.

– Bunji viendra assister au match ce soir ? Demanda-t-il.

– Je ne sais pas, répondit Chiyo en s'installant pour mettre ses bandes de protection. Papa a dit qu'il essayerait, mais qu'il risquait de rester coincé au travail.

Peu après ses débuts dans le circuit professionnel, Chiyo avait découvert que son père était son plus grand fan. Bunji Tōga s'était arrangé pour venir voir tous les combats de sa fille quand son travail le lui permettait. Depuis, il ne se passait presque pas un jour sans qu'il lui laisse une coupure de presse spécialisée parlant de tel ou tel combat ou un petit mot d'encouragement sur la table du petit déjeuner avant de partir travailler. Tous les deux s'étaient beaucoup rapprochés ces derniers mois grâce à la boxe. Même s'ils se voyaient toujours peu, ils avaient désormais un centre d'intérêt commun.

Au début, Chiyo avait été surprise par l'engouement de son père pour sa carrière. Elle savait que Bunji avait fréquenté le club Gojō quand il était plus jeune et elle se doutait aussi que c'était grâce à son intervention que sa mère avait consenti à ce qu'elle passe sa licence professionnelle. Mais elle n'avait pas imaginé qu'il ressentirait autant d'enthousiasme à l'idée qu'elle s'était mise à la boxe.

– Il n'a pas la vie facile avec son travail, reconnut le vieux coach.

Il vint l'aider à mettre ses gants avant de se tourner vers la porte.

– Allez, c'est l'heure, dit-il.

Le visage de Kimura vira au vert.

– Je peux pas coach... Bredouilla-t-il. Je sens que je vais m'évanouir...