Bad boy [Wakasa x OC]

67 - Ressentiment

Le printemps s'était installé sur Tokyo et les beaux jours avaient remplacé les rigueurs de l'hiver.

Chiyo marchait devant Wakasa dans la rue bondée de monde, sa liste de courses à la main. Lorsqu'elle avait dit à sa mère qu'elle allait faire les boutiques afin de pouvoir sortir avec Wakasa, cette dernière s'était empressée de lui remettre son porte-monnaie et la liste de courses pour le repas du soir.

– Ça tombe très bien Chiyo ! Lui avait-elle dit. Je n'avais pas le temps d'y aller !

Chiyo était restée figée et elle n'avait pas su quoi répliquer.

Maintenant, elle sillonnait les magasins d'alimentation en bougonnant, Wakasa riant dans son sillage.

Chiyo savait qu'elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. Si elle avait dit à sa mère qu'elle allait retrouver son petit ami, Ayumi ne lui aurait jamais demandé de faire les courses.

Par contre j'aurais eu droit à un interrogatoire en règle en rentrant.

Elle se tourna à demi vers Wakasa.

– Je suis vraiment désolée ! Dit-elle. Si j'avais su qu'elle me ferait ce coup-là, je serais sortie en douce !

Wakasa la rejoignit.

– Ne t'inquiète pas, lui dit-il, ça ne me dérange pas. Je trouve même ça plutôt marrant.

– Pas moi, répondit Chiyo en ramenant les yeux sur sa liste. La prochaine fois, je file sans rien dire... Elle pourra toujours râler.

Il lui passa le bras autour de la taille pour la ramener contre lui.

– On expérimente le rencard-commissions, dit-il. C'est une première, je suis sûr que personne ne l'a fait avant nous !

La situation avait l'air de beaucoup l'amuser et Chiyo finit par se dérider.

– Je te promets que dès que j'ai terminé, je serai toute à toi. Par contre, il faudra que je rentre en train aujourd'hui... Pas moyen de porter tout ça en moto.

Elle regardait pensivement la liste en essayant d'imaginer ce qu'elle pourrait laisser de côté sans se faire attraper par sa mère.

Je pourrais lui dire qu'il n'y avait plus d'œufs... C'est casse-pieds à porter les œufs. Comme ça, j'ai presque fini...

À côté d'elle, Wakasa demeurait silencieux. Son manque de réaction finit par attirer l'attention de Chiyo.

– Waka ? Dit-elle. Tout va bien ?

Il déglutit péniblement.

– Toute à moi tu as dit ?

Chiyo vit une lueur qu'elle commençait à bien connaître s'allumer dans son regard. Elle éclata de rire.

– Tu n'es vraiment pas possible ! Lui dit-elle.

– Quand tu dis toute à moi, reprit-il sans en démordre, tu as une idée précise en tête ou bien tu me laisses choisir ?

Elle se blottit dans ses bras en riant.

– Je te laisse carte blanche, dit-elle finalement et, à cet instant, Chiyo put le sentir se raidir contre elle.

La seconde d'après elle releva les yeux.

– Ah ! Voilà le magasin de tofu dont maman m'a parlé ! Dit-elle. Je reviens, attends-moi là ! Avec ça j'en aurai fini !

Elle se détacha de lui et partit en courant vers la boutique qui se trouvait au fond d'une petite place, dans le quartier de Shimokitazawa où ils déambulaient depuis plus d'une heure.