87 - Deuil

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Dans le train qui les conduisait, elle et son père, à Nagaoka, dans la préfecture de Niigata, Chiyo gardait les mains sur les genoux et les yeux baissés. Elle devait lutter à chaque instant pour ne pas pleurer.

Lorsque le fils de Yoshio Gojō les avait appelés deux jours plus tôt pour leur annoncer la mort de son père, elle avait cru à une mauvaise blague.

Le coach est mort ? C'est impossible, il ne peut pas mourir...

Ni les préparatifs, ni le tailleur que sa mère et elle étaient allées lui acheter pour la cérémonie ne lui avaient ouvert les yeux. Il lui avait fallu monter dans le train pour commencer à réaliser.

Le vieux Gojō est mort ? Il est vraiment mort ?

À partir de cet instant, la culpabilité s'était mise à la ronger.

Il a baissé les bras... ça ne peut être que ça. Il a baissé les bras après avoir vu comment j'avais échoué et il a fini par mourir.

Ces pensées se mirent à tournoyer dans sa tête, refusant de la laisser en paix.

Son père était assis à côté d'elle. Bunji s'était libéré une journée pour aller rendre un dernier hommage au vieux coach qui avait été son entraîneur à lui aussi autrefois. Il n'était pas les seuls. Quelques sièges plus loin, Aoki et Kimura avaient pris le même train qu'eux et même Takamura, avait appris Chiyo, avait pris le premier vol en provenance du Brésil pour assister à la cérémonie. Il était arrivé la veille d'après ce qu'elle avait entendu dire.

Kimura était désormais un jeune marié et Mai l'avait abreuvé de recommandations sur le quai de la gare, même si son voyage ne devait durer qu'une journée.

Bunji tendit la main et il la posa sur celle de sa fille.

– Ça va aller Chiyo... Lui dit-il.

Lui aussi était bouleversé. Il connaissait le vieux Yoshio Gojō depuis si longtemps qu'il en était arrivé à le croire immortel.

Finalement, nous sommes tous peu de chose...




Le train entra en gare de Nagaoka et, en sortant du wagon, Chiyo dut resserrer sa veste contre elle. Il faisait plus frais qu'à Tokyo. Tous les quatre se dirigèrent vers les taxis alignés devant la gare et les deux voitures se mirent en route sans qu'ils n'aient échangé plus de trois paroles.

Quand ils arrivèrent devant le temple, il y avait déjà foule, le vieux boxeur était connu dans le monde entier et beaucoup de ses anciennes connaissances avaient fait le déplacement.

Chiyo était sous le choc en voyant tous ces visages connus. Elle avait beau savoir que Yoshio Gojō avait boxé au niveau mondial, c'était autre chose de voir tous ces grands noms réunis au même endroit. Elle eut le temps de reconnaître Marvin Hagler, l'ancien champion du monde des poids moyens, George Foreman, qui dominait toute l'assistance du haut de ses un mètre quatre-vingt-douze, Manny Pacquiao le phillippin et même Joe Frazier, le boxeur légendaire.

Une voix l'interpella tandis que son père rejoignait la famille du vieil homme pour annoncer leur arrivée.

– Yo, Tōga.

Elle se retourna et Takamura vint se ranger à non niveau.

– Salut, dit-elle en revenant à l'examen de la foule.

– Alors comme ça il paraît que tu as foiré dans les grandes largeurs ? Lui dit Takamura.

Chiyo grimaça. Elle aurait dû s'en douter, Takamura et son franc-parler n'avaient pas changé.

Bad boy [Wakasa x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant