Calix Hiemis

Capitulum 12

La journée s'était déroulée très rapidement et sans souci. Nous avions joué à un de jeu de plateau avec deux démons et un humain et j'avais remporté haut la main les trois-quarts des parties avec une grande fierté, même si je l'avoue, je n'avais absolument pas compris les règles du jeu.

Le soir venu, nous montâmes dans le petit salon commun des appartements pour attendre les trois vampires. Depuis notre escapade presque raté en ville, nous préférions la tranquillité de ce petit salon pour venir y manger en fin de journée.

Allen avait voulu passer à la source avant le soir, mais j'avais préféré attendre un peu de mon côté, appréhendant ce soir, où je devrais de nouveau faire face à ma phobie.

Je n'avais pas oublié que les vampires allaient m'aider autant qu'ils le pouvaient afin que j'en prenne le dessus et malgré ma peur, je voulais à tout prix y arriver.

Neveïn n'avait pas souhaité y aller non plus, au risque d'échauffer davantage son vampire. Il semblait un peu plus rassuré, mais ce n'était pas encore le bon moment.

À notre arrivée dans la pièce, divers plats étaient encore fumants prouvant que le repas devait tout juste être servi. C'était comme si la table nous attendait. Est-ce que les vampires y avaient pensé ?

Le petit salon où nous étions était attenant aux appartements des vampires et d'après les dires de Taìlann seul lui et ses proches y avaient accès, alors je supposais que ces plats étaient bien disposés pour nous. D'un côté, je l'espérais, puisqu'Allen s'était déjà jeté dessus sans rien demander.

— Dis, tu pourrais attendre que tout le monde arrive avant de te jeter sur la nourriture, s'exclama Neveïn avec une petite pointe d'amusement.

— Mais j'y peux rien ! La nourriture nous attendait clairement et tu sais bien non ? « Mange donc, tu ne sais pas qui te mangera, alors profite autant que tu le peux ».

Allen répétait toujours religieusement cette phrase comme défense. C'était un des seuls souvenirs qu'il avait de sa vie d'avant et il s'y accrochait depuis lors. C'était aussi devenu notre petit credo amusant lorsque nous parlions nourriture.

Nous nous installâmes autour de la table en rigolant de bon cœur et en attendant l'arrivée des vampires qui ne devait plus tarder. Je me mis à grignoter une sorte de petite brioche aux olives tout en continuant de parler de nos projets d'avenir.

Cela semblait presque tiré par les cheveux et j'ignorais totalement comment les personnes normales faisaient pour choisir ce qu'ils voulaient faire, alors j'espérais que nous puissions réussir. Dans tous les cas, je savais que les vampires et les personnes du château pourraient toujours nous aiguiller.

Les trois démons arrivèrent quelques minutes plus tard et dans un sursaut presque paniqué, j'enfournai le reste de mon morceau de brioche à m'en étouffer. Ce fut donc les joues tendues à l'extrême et sur le point d'avaler de travers que j'accueillis mes vampires sous le rire du prince.

— Vous pouviez commencer à manger sans nous. Je vous rappelle que nous ne mangeons que très peu de nourriture comme celle-ci.

Anthèm'ir et Taìlann vinrent s'asseoir à mes côtés pendant que Maïden prit la place en face avec Neveïn. Ce dernier n'osa pas le regarder dans les yeux et semblait presque garder une petite distance d'un air assez soucieux.

Maïden prit l'initiative en prenant sa main qu'il embrassa avec douceur. Il tentait au mieux de le rassurer par ces actions. Je remarquais aussi que le vampire semblait plus fatigué que d'habitude, ses traits étaient tirés et Anthèm'ir le fixait souvent de manière étrange.

Même si j'avais deux vampires à mes côtés, j'avais la chance qu'ils puissent se nourrir entre eux. La pression que devait ressentir Neveïn devait être assez grande sur ses épaules. Je ne m'en faisais cependant pas trop pour lui. Je savais qu'il aurait le courage nécessaire pour se lier avec le vampire à ses côtés et qu'ils seraient heureux.