Capitulum 3

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Handeïs m'avait installé et lié sans ménagement sur la même table de laboratoire que la veille. Il m'était impossible de lui parler afin de le faire s'arrêter.

Son regard n'était que fureur et ses gestes méthodiques ne laissaient aucune place à la parole. Il déballait à côté de moi ses outils habituels, me faisant de plus en plus paniquer.

Ma haine avait fini par totalement disparaître au profit d'une terreur si intense que je sentais déjà le décor tourner autour de moi. Je regrettais à présent toutes les mauvaises actions de ma vie.

Je le vis déposer sur la petite table des horreurs des fioles emplies de liquides ainsi que des herbes et des poudres de toutes sortes de couleurs dans des bols.

Je recevais quelques fois des injections dans le corps, mais c'était très souvent à la suite d'examens un peu trop intense et me rendant malade. Ces produits n'avaient pas l'air d'être faits pour soigner.

Si je l'avais pu, j'aurais certainement regardé d'un œil mauvais ces mixtures. Mais j'étais bien trop occupé à essayer de trouver une solution pour ne pas mourir d'angoisse. Si ces herbes n'allaient pas finir par me tuer avant, j'allais sûrement y laisser une partie de mon âme et terminer comme certains de mes camarades.

— J'ai remarqué que comme quelques uns de tes compagnons, tu éprouves une résistance à diverses substances. Je vais donc effectuer des tests avec les produits devant toi, afin d'en connaître les effets et le temps que ton corps met à les évacuer. Si certaines de mes théories sont validées, tu pourrais beaucoup y gagner, tu sais.

— Je ne te crois pas...

Je ne pouvais empêcher les sanglots qui faisaient encore plus trembler mon corps. Des sueurs froides m'avaient déjà gagné et je haletais sous la crainte que me faisaient ressentir le médecin et ses expériences.

Des milliers de questions se bousculaient dans ma tête et rien ne me rassurait. Et si mon corps n'arrivait pas à survivre à tout ça ? Est-ce que j'allais en ressortir indemne ? Mon affolement grandissait de minute en minute.

— Tu es celui qui a le plus de résultats concluants ici. Je ne me permettrais pas de te perdre alors si je dois t'amadouer, je le ferai et si je dois te forcer, je le ferai également. Tu devras quand même expérimenter toutes les herbes que j'ai sur cette table.

Je n'avais pas cessé de pleurer depuis mon altercation avec lui dans les couloirs, et je pressentais que mes pleurs n'allaient jamais se tarir.

Le fait qu'il veuille me garder en vie m'était rassurant, mais je me demandais si l'inverse ne serait pas mieux. J'étais vraiment à bout et cette expérience allait me rendre d'autant plus fou. Handeïs fera ce qu'il voudra de moi après, mais je ne voulais plus souffrir.

— Quelques-unes de ces plantes justes ici, sont très toxiques, mais pas mortelles sur un court moment. Si on les touche à certains endroits, elles peuvent être très réactives. Je te prendrais du sang pendant l'apogée de leurs effets sur toi, afin de voir comment il réagit avec des substances non désirables et comment il les traite. Je t'observerais aussi, tes réactions sont très importantes.

Handeïs n'attendit pas plus et commença à serrer un lien sur mon bras. Il nettoya le creux de mon coude et planta délicatement une aiguille me faisant geindre de douleurs.

Je vis juste à travers les papillons noirs, dansants devant mes yeux, que le tuyau me reliant à une petite poche vide, n'était pas encore ouvert. Il attendrait avant de faire circuler le sang dedans au bon moment.

— Nous pouvons commencer. Je ne te demande pas si tu es prêt, tu devras t'adapter. Je vais débuter par une plante qui ne pousse que sur le continent de l'Est, au Royaume de Tarani. Si on la coupe, sa sève devient toxique, mais ce qui m'intéresse ici, ce sont les premiers effets ressentis. Ils peuvent être différents en fonction des personnes.

Calix HiemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant