Capitulum 23

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Je somnolai tranquillement entre les bras douillés d'Anthèmir alors qu'il me massait les épaules et le dos avec toute la douceur du monde.

Je m'étais reposé l'espace de quelques heures et lorsque le brun s'était levé pour aller se baigner et observer la venue de l'étoile guide, je l'avais suivi.

Je commençais à prendre l'habitude de rejoindre le démon au petit matin. C'était un moment calme où nous n'avions pas besoin d'échanger beaucoup de mots et que j'appréciais beaucoup. C'était différent de l'agitation du centre et de ces examens.

Le vampire déposait parfois quelques baisers sur mes épaules, me laissant ainsi profiter de la quiétude que j'éprouvais contre lui.

Taìlann dormait encore dans la pièce à côté et je le sentais tellement serein dans ses songes que je savais qu'il n'allait pas se réveiller de suite.

Tout n'était qu'apaisement et sérénité et je pouvais enfin apprécier cela.

J'étais cependant toujours un peu bouleversé par nos émotions qui venaient se déchaîner dans mon cœur.

J'avais compris que ce que je ressentais devenait incontrôlable et venait s'abattre violemment contre mes vampires. Chacune de mes pensées suffisait à créer ou à raviver des émotions.

Je n'arrivais pas à les brider contrairement à mes compagnons qui laissaient couler leurs sentiments contre moi dans un voile de douceur.

— Anthèm'ir... Comment est-ce que tu fais pour réguler aussi bien tes émotions et ne pas nous étouffer avec Taìlann ? Maintenant que j'arrive à sentir vos sentiments, les miens me reviennent au travers des vôtres et j'ai grand mal à me faire à ça.

Mes vampires agissaient avec plus de retenue que moi. Ils faisaient preuve d'une infinie douceur en relâchant doucement leurs émotions afin que je m'y habitue.

De mon côté, ressentir autant de sentiments et ne pas se laisser submerger me demandaient de gros efforts. J'étais sur le point de me noyer à chaque fois que j'éprouvais une émotion plus forte qu'habituellement. Je la sentais toucher mes vampires et me revenir avec force. C'était déroutant.

— Pour moi, c'est très différent. Étant né également incube, le contrôle de nos émotions est primordial pour nous nourrir pendant que notre proie est en sommeil. Il faut être furtif et ne pas que nos émotions nous gagnent au risque de la faire paniquer et de la réveiller. Je me suis déjà nourri dans tes songes et tu ne l'as jamais remarqué, n'est-ce pas ?

Je tournai négativement la tête. Il était vrai que je n'avais jamais rien aperçu, mais j'étais quasiment sûr que les rêves pleins de débauches qu'il m'arrivait d'avoir très souvent venaient de sa part.

— On nous apprend à gérer nos émotions bien avant que nous soyons en âge de nous nourrir, reprit-il. Vider ton esprit sera le plus important pour commencer.

— Comment fais-tu ?

— Mon père m'a appris à me concentrer sur ma respiration en premier lieu. Il fallait que je me fixe sur cela afin de ne plus me soucier de quoi que ce soit d'autre. Ensuite, je pouvais commencer à étendre cela sur mes émotions. Je les laisser vivre en moi sans chercher à les changer. C'est une phase d'observation assez intense au début. Pas la suite, j'essayai de contrôler leur vivacité, c'est le plus dur, c'est pour ça qu'il ne faut pas négliger la phase d'avant.

— Au centre, Handeïs m'avait appris à entrer dans des états méditatifs, jusqu'à la transe pour certains examens. Il arrivait qu'il aille tellement loin qu'il devait me guider pour me faire revenir à lui.

Une immense vague d'amour déferla dans mon cœur. Ma respiration en fut presque coupée, mais c'était tellement bon que je me laissais porter autant que je le pouvais par ce sentiment.

Calix HiemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant