Capitulum 2

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Une insoutenable douleur parcourant l'entièreté de mon corps me fit vivement ouvrir les paupières. Je ne pus étouffer un cri de souffrance de sortir d'entre mes lèvres gercées. J'étais gelé et ma gorge était si sèche que déglutir m'étouffait pratiquement.

Je vis à l'horloge sur le mur qu'il était déjà trop tard pour espérer rentrer dans ma chambre et reprendre mes leçons le lendemain en toute « normalité ».

Handeïs m'avait recouvert d'une petite couverture très douce qui aurait dû me tenir chaud, mais mon corps ne semblait pas vouloir se réchauffer. Il s'affairait à noircir des feuilles à son bureau. Je tentai de changer de position afin de me dégourdir un peu les muscles, mais j'étais toujours attaché. Le bruit que je faisais finit par l'alerter alors qu'il était jusqu'à présent beaucoup trop concentré sur ses notes.

— Tu es déjà réveillé ? Je vais te détacher, mais n'essaie pas de t'enfuir sinon tu retournes tout de suite sur la table pour d'autres examens, c'est compris ?

— D'accord, répondis-je d'une voix faible.

J'avais trop mal pour bouger de toute façon. Le médecin arriva rapidement à moi, souleva la couverture et retira mes liens. Il me fit me relever lentement tout en vérifiant que je pouvais tenir assis par moi-même. Je gardai la couverture contre moi, pendant qu'il approchait la petite table en métal à roulettes, avec un plateau-repas dessus.

Mon cœur s'était mis à battre en entendant le son des roues sur le sol. J'appréhendais toujours de trouver des outils et autres produits pouvant me faire souffrir.

Il ne s'agissait cependant que d'un potage encore fumant dans un bol, avec du pain et un laitage. Je n'avais jamais faim après les expériences, mais j'avais besoin de récupérer et Handeïs y veillait toujours avec ce genre de repas plein de nutriments et facile à avaler.

J'avais appris à détester les bouillons à force de les retrouver après ce genre de moment, mais il fallait avouer que cela m'aider beaucoup à me remettre.

— Mange, je viens de l'apporter, tu en as besoin. Prends tout le temps que tu veux. Tu ne retourneras pas à ta chambre ce soir.

Ces mots me tendirent, il avait encore besoin de moi. Je l'avais certes cherché, mais je ne me sentais pas capable de rester plus longtemps ici.

Je ne savais pas si voir les heures défiler grâce à l'horloge sur le mur m'aiderait à tenir. Ce serait certainement l'inverse. J'avais déjà l'impression que cela faisait des jours que j'étais ici.

Je m'inquiétais aussi pour les autres. Je n'osai pas demander de peur d'en dire trop. J'ignorais ce qu'avait dit Zimeï à mon médecin alors je restai muet. Je verrais bien par la suite si il allait m'en parler.

Encore tremblant, j'apportais doucement un peu de potage à mes lèvres. Boire quelques gorgées me fit du bien. La chaleur me détendait et je commençais à me sentir mieux rapidement. Mon corps commençait à se réchauffer, mais j'avais toujours cette sensation désagréable que l'atmosphère était gelée, et qu'elle venait mordre ma peau.

Je fis en sorte de me concentrer sur le repas pour oublier cela. Tout ce que l'on mangeait était toujours bon. J'ignorais qui nous les préparait, nous mangions en général dans une salle en communauté, avec pour seul décor la peinture claire des murs.

— Tu as mal quelque part ? Ou une remarque précise sur les examens ? demanda mon médecin tout en m'aidant à manger.

Il s'agissait de questions habituelles. Handeïs prenait toutes les remarques en note ; celles qui faisaient avancer les expériences bien entendu. Il attendait souvent des excuses pour mon comportement aussi, mais je n'en faisais jamais.

Calix HiemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant