Anthèm'ir s'accola contre mon dos, sa main posée sur mon épaule. Son contact permanent avec moi m'apaisa amplement et je pus avoir le loisir d'observer le travail de l'homme sur le démon des plaines.
Ma main n'avait pas non plus lâché celle de Taìlann qui nous avait guidés jusqu'ici. Il y avait toujours plus de personnes dans l'immense pièce du banquet et j'en avais bousculé par mégarde quelques-unes. Aucun ne m'en avait tenu rigueur, beaucoup étaient déjà éméchés ou bien trop pris par la fête pour m'en tenir rigueur.
D'autres se trouvaient comme nous, à observer l'homme en train de graver son talisman. La table et les coussins avaient été poussés afin de faciliter sa tâche et les tentures n'avaient été tirées que d'un seul côté. La lumière du grand feu pouvait continuer à illuminer davantage l'endroit. Nous pouvions presque tourner autour de cette scène comme le faisaient une poignée de curieux et admirer son travail.
L'homme se servait d'une sorte de plume de couleur orange et semblait la laisser se mouvoir. Ses yeux étaient fermés et il récitait en boucle des paroles d'une langue que je n'avais encore jamais entendu.
À mesure de mon observation, je perçus une curieuse et pas moins très légère fumée rose, tournoyer vers le talisman et sa main. J'en étais vraiment impressionné et je n'avais encore jamais vu ça. J'étais persuadé que c'était une sorte d'énergie. Et à bien regarder, son courant partait du grand feu.
Mon esprit finit par se détendre, rassuré par le fait qu'aucune goutte de sang ne s'écoulait. Je tournais néanmoins beaucoup de fois mon regard autre part, la vision de la plume sur la peau me rappelant fortement les aiguilles du centre. J'en avais les mains moites et le cœur dans la gorge d'effroi.
Le démon restait très calme toutefois, voire stoïque. Aucune douleur ne l'étreignait. C'était le contraire au vu du sourire qu'il avait en regardant le grand feu de joie derrière nous.
Le talisman fut terminé quelques minutes à peine après notre arrivée. Le démon se redressa et montra à tous ceux qui le souhaitaient sa nouvelle gravure. La foule se mit à s'extasier et applaudir fortement. Je ne pus malheureusement pas voir ce qu'il en était, mais elle devait être somptueuse si autant de personnes s'en émerveillaient.
Suite à cela, le démon des plaines donna des runes à l'homme et repartit avec un contentement immense vers le feu de joie en récupérant un verre qu'un individu lui tendait.
J'étais assez stupéfié par le travail d'un talisman. Cela semblait si simple et rapide. J'ignorais si c'était toujours comme ça cependant. Mais je comprenais pourquoi mes liés en possédaient autant sur leurs peaux.
La foule se dispersa quelque peu, suivant le démon, bien que certains observaient toujours. Sans doute dans l'attente d'une nouvelle personne qui voudrait obtenir une gravure.
— Tu aimerais un talisman, petit ?
Je sursautais, le cœur battant, et manquant de marcher sur le pied d'Anthèmir. L'homme s'était redressé tout en continuant de ranger ses runes tout juste acquises et m'avait visiblement posé la question. Son regard venait de se pointer sur moi me le faisant ainsi comprendre.
J'avais plus été intéressé par ce qu'il faisait, espérant comme toujours me faire oublier. Et à présent, j'étais au centre de l'attention. J'étais bien tenté de m'enfuir, mais la main sur mon épaule s'était à peine resserrée afin que je réponde.
Je jetais un coup d'œil incertain à Taìlann qui se contenta de hausser les épaules avec son sourire mesquin. C'était à moi de prendre la décision bien entendu. Je n'étais plus un enfant.
— Je... Je ne sais pas.
Une décision bien prometteuse évidemment. Si mes amis avaient été là, ils auraient soufflé et maugréé. J'étais persuadé que mes liés le faisaient intérieurement de toute façon.

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Calix Hiemis
VampireSur les terres gelées de la Province du Vide, existe un centre de recherches expérimentales ayant pour but de voler les secrets des capacités des saklims. Sinaïh, jeune humain vivant depuis l'enfance dans ce centre, ne rêve que de liberté. Les mage...