Calix Hiemis

Capitulum 11

Anthèm'ir et Taìlann avaient souhaité rester une journée de plus à mes côtés afin de s'assurer que j'allais bien. Ils avaient veillé à ce que je sois reposé et que j'ai suffisamment confiance pour que nous puissions continuer nos exercices avec mon accord. J'avais tout d'abord eu peur de m'exprimer, mais j'avais finalement réussi, avec peine, à leur dire que tout allait pour le mieux.

Repenser à notre fin de soirée de la veille me mettait presque la nausée, mais j'étais bien trop heureux de ce qu'il s'était déroulé avant. Mes actions m'avaient quand même vraiment embarrassé lorsque je m'en étais souvenu à mon réveil. J'avais embrassé à pleine bouche deux êtres que je connaissais à peine.

Je m'étais même mis à les caresser ! Sur le moment, cela avait été si naturel, mais à présent, j'avais craint d'avoir mal agi en leurs présences.

Lorsque j'avais vu Anthèm'ir faire brûler de l'encens devant une statue d'une divinité du foyer de ces terres, j'avais souhaité prier avec lui. Je n'avais jamais fait cela. Les dieux n'existaient pas au centre. Nous ne serions jamais allés dans cet endroit sinon...

Néanmoins, j'espérais m'excuser auprès des deux vampires et de tous ceux qui auraient pu nous avoir vus pour l'audace que j'avais eue de toucher ces êtres.

Taìlann m'avait vu fermer les paupières si fort à m'en faire mal et tellement tremblant qu'il s'était étonné de mon envie de prier au côté de son lié. J'avais vaguement tenté de m'expliquer et je n'avais pas anticipé son exaspération.

— As-tu passé un si mauvais moment avec nous ?

J'avais été surpris de sa question et mes mots s'étaient tous butés les uns contre les autres, entre mes lèvres. Anthèm'ir, plus patient et délicat, avait compris ce qui me traversait.

— Le plaisir que tu éprouves à nos côtés n'est pas mauvais. Si tu as envie de nous caresser, tu peux le faire, si tu as envie d'un baiser ou d'une étreinte également. Tu ne t'es aucunement mal comporté à nos côtés, mon tendre. Si cela devenait le cas, nous te le dirions sur-le-champ, sois-en rassuré. L'intimité ne requiert pas de protocoles entre nous.

Je m'étais encore excusé et m'étais jeté dans les bras du prince taciturne afin de ne pas l'énerver davantage. Il ne semblait pas en colère contre moi cependant. Mais ses émotions étaient si claires pour moi, que j'avais l'impression qu'elles me heurtaient.

J'avais fini le reste de la journée dans les appartements à leur côté, observant Taìlann gronder après des parchemins et Anthèm'ir enfumer à l'aide de plantes, le petit autel de la divinité dans la pièce à côté. Ne voulant pas déranger le prince affairé, je m'étais intéressé à ce qu'il faisait.

Il m'apprit qu'il se sentait très proche des énergies de certains divins de ce monde. La divinité du foyer de la Province du Vide était une ancêtre de Taìlann et en la vénérant souvent à l'aide d'offrandes et de prière, il lui transmettait de l'énergie en échange de protection et de conseils dans ses rêves d'incube.

Je buvais ses paroles, la curiosité prenant le dessus. Je ne savais rien sur les croyances et j'appris que certains peuples vénéraient une multitude de divinités. Les incubes tout particulièrement.

Certaines avaient existé sur ces terres, mais d'autres étaient si anciennes que l'on pouvait presque en douter.

Passer le reste de ma journée à nettoyer l'autel avec Anthèm'ir m'avait complètement détendu et l'atmosphère de la pièce me paraissait considérablement plus agréable. Des papillons avaient même virevolté dans mon corps alors que le brun finissait d'oindre la statuette.

Taìlann avait terminé à nous rejoindre si tardivement dans la nuit que je m'étais à peine réveillé lorsqu'il m'avait serré contre lui.

J'avais vaguement repensé aux mots de l'incube le matin lorsqu'il m'avait dit qu'il n'y aurait aucune sorte de protocole dans l'intimité. J'en étais certes on ne peut plus rassuré, mais qu'en était-il lorsque je serai contraint à rencontrer d'autres personnes ?