Capitulum 40

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L'après-midi était bien entamée et l'orage grondait de plus en plus au loin, se rapprochant doucement.

J'aidais un serviteur se prénommant Arbá à concocter une pâte pour en faire un gâteau de légumes. Rien que de la préparer me mettait déjà l'eau à la bouche. J'avais plus que hâte de déguster tout ce que l'on cuisinait.

C'était l'effervescence dans l'immense pièce où nous nous trouvions, mais Ëoh'l supervisait l'organisation d'une main de maître. Il n'était nullement surpassé, ou tout du moins, il ne le laissait pas paraître.

Les servants couraient en tous lieux malgré tout. Certains cuisinaient tout comme moi, d'autres demandaient conseil à l'incube pour installer les décorations ou faisaient encore un brin de ménage. C'était plutôt bruyant et toute cette agitation me tourmentait suffisamment.

Je n'avais toujours pas l'habitude de ce genre d'effervescence.

J'essayais au mieux de me concentrer sur ce que je faisais afin de faire abstraction de mon environnement. C'était néanmoins très compliqué, chaque coup de tonnerre me faisait relever le visage sur l'ouverture face à moi avec tressaillement. Le bruit me rappelait singulièrement ma dernière vision et je m'attendais presque à m'y retrouver.

Cela me fit frissonner d'angoisse. L'orage ne me faisait pas spécialement peur, malgré sa puissance, mais c'était bien la rage explosive du tempestaire qui m'avait le plus inquiété la première fois.

— Nous pouvons terminer de façonner la pâte afin de mettre les légumes dessus, déclara Arbá.

— Oui, entendu ! répondis-je instantanément.

Je bondissais un instant, mais m'appliquais autant que possible à ma tâche. Il fallait que je me canalise davantage si je ne voulais pas rater mon mélange.

J'étais vraiment très heureux d'aider et de pouvoir découvrir des plats que je n'avais encore jamais vus. Je comprenais comment Ëoh'l en connaissait toutes les recettes à présent. Il semblait passer beaucoup de temps entre ces murs lorsqu'il ne se concertait pas avec ses conseillers.

Il y avait aussi une autre chose qui me faisait tout autant plaisir que la beauté de me trouver ici. Cette vue face à moi.

La grande ouverture me montrait une partie de l'oasis qui s'étalait à côté d'une immense étendue d'eau claire. Je ne demandais qu'à y aller afin de me plonger dedans. Les reflets de l'étoile guide envoyaient une nuée de paillettes dorées sur les bâtiments alentour. C'était vraiment magnifique.

Ces derniers étaient très différents de ceux que je connaissais à Sokar. Ils étaient, pour ce que je pouvais voir, faits en sable et étaient très colorés. Je percevais entre les habitations les plus proches, des tentures se balancer au gré du vent. Celles-ci faisaient de l'ombre aux ruelles. Je ne pouvais donc que voir quelques silhouettes passer entre elles, signe que des personnes se promenaient.

J'étais vraiment soulagé que ma vision soit redevenue correcte. Découvrir ce lieu splendide ne pouvait pas me rendre plus ravi actuellement. Je n'arrivais pas à me lasser de cette vision et mon attention avait bien du mal à s'en décrocher.

— Fais attention, tu vas te brûler avec les légumes chauds...

Je descendis mon regard avec précipitation vers mes mains, mais découvris avec surprise que ma pâte ne s'y trouvait plus.

Le ricanement d'Ëoh'l me vexa presque, mon coeur battait encore si fort à cause de sa moquerie. Mais j'avais été une nouvelle fois un peu trop dissipé.

— La vue à l'air de vraiment te plaire. Mais comme tu le vois, tu ne pourras pas sortir ce soir hélas.

— Je sais, je m'excuse. Je suis vraiment curieux, tout est très différent de Sokar ici.

Calix HiemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant