— Rozenn, lâché-je sans regarder l'enfoiré sur sa chaise.
Il se met à glousser, il démarre mal lui.
— Rozenn, répété-je. Ça te parle apparemment.
— Et pas qu'un peu ! rit-il.
L'humain m'étonnera toujours, même dans une situation critique, il joue au con. Et je pense ne pas être au bout de mes surprises.
— Je peux même te raconter sa dernière nuit ! sourit-il.
Effectivement, je ne le suis pas. Il est définitivement con. Je ne le quitte pas du regard.
— Avec plaisir ! dis-je de façon enjouée. Je veux tout savoir, votre rencontre, les mots échangés, la façon dont tu l'as prise et la façon dont tu l'as tué !
Il ne s'attendait apparemment pas à cette réaction de ma part. Son visage affiche un air déboussolé.
— Merde, les pop-corns, lâche soudainement Teru en se tapant le front.
— Vous êtes qui tous les deux ?
— Personne. Toi, par contre, t'es dans la merde.
Je récupère ma veste et plonge ma main dans la poche droite pour prendre une sucette. Je défais l'emballage et la porte à ma bouche tout en ne quittant pas notre gars du regard.
— Tu étais à la même soirée que Rozenn, commencé-je, je t'ai vu discuter avec elle et ton pote Max là. Ça ne t'a pas plu que je prenne le micro pour prévenir ta proie que son pote l'attendait. Ce pote, c'est moi au passage. Le truc que je pige pas, c'est que mon ami l'a ramené chez elle, le lendemain, elle a été retrouvée dans le parc.
— Ton pote a mal fait son boulot, lâche t-il
Je stoppe Teru dans son élan, je le regarde en secouant négativement la tête. Il se rassoit en croisant les bras.
— Le dernier message que j'ai reçu de sa part c'est : Je suis désolée. Ce message, je t'avoue, je n'en comprends pas le sens. Elle aurait été désolée de quoi ? continué-je.
— Qu'est-ce que j'en sais ?
— Tu sais quoi alors ?
— Que j'ai pris mon pied avant d'égorger cette pute !
Mon cœur rate un battement et je manque de perdre mon sang-froid. Mais au lieu de ça, je le regarde en affichant mon plus beau sourire.
— Tellement poétique.
— Si tu l'avais entendu quand je la prenais puis quand elle m'a supplié ! continue t-il en mimant les gestes pour décrire la scène.
— Justement, je ne l'ai pas entendu ! avoué-je, c'était comment ?
Au moment où il décide de mimer de nouveau la scène, je lui sectionne la main droite avec le poignard qui se trouvait à l'arrière de mon jean. Son cri de douleur résonne dans la pièce, Teru et moi, nous grimaçons en priant que personne ne l'entende de l'extérieur.
— Qu'est-ce que tu as fait putain ! crie t-il en tenant son bras ensanglanté, t'es complètement taré putain !
— Ca je sais pas, je t'avoue que j'ai jamais pris le temps pour consulter.
— Merde j'ai oublié les produits pour nettoyer ! lâche Teru en se frappant de nouveau le front.
— J'ai une question pour toi, dis-je en regardant notre victime, pourquoi t'as pas bougé ton cul depuis que t'es ici avec nous ? Après tout, physiquement, tu nous éclate au sol quand tu veux, non ?
Même si j'en connais la raison, j'aimerai l'entendre dire sa façon de voir les choses. Comme je m'y attendais, il ne répond car même lui ne doit pas comprendre.
— Tu nous as demandé tout à l'heure, qui on était, n'est-ce pas ? dis-je en posant mes bras sur les accoudoirs de sa chaise.
Je vois des gouttes de sueurs couler sur son front, son corps commence à trembler, le voir comme ça me fait sourire.
— Étant donné que dans les secondes qui vont suivre, tu ne seras plus de ce monde, je peux alors te révéler notre secret.
Je me penche à son oreille et lui murmure :
"Nous venons tout droit de l'enfers"
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Kingdom of Cards
ParanormalNoah est un jeune homme introverti qui préfère rester dans l'ombre. Il n'a qu'un seul ami, Teru. Il essaie de résoudre des meurtres qui, au fil du temps, ont un lien avec lui. Noah déteste échouer, il n'aime pas perdre et n'hésite pas à faire appel...