Partie 4

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Quelques jours plus tard,

Teru regarde nerveusement par-dessus son épaule alors qu'on se fraie un chemin à travers les rues bondées de la ville. Il a remarqué que le même homme nous suit depuis quelques pâtés de maisons, et cela commence à le mettre mal à l'aise. Je le regarde du coin de l'œil sans dire un mot.

On plonge dans une ruelle voisine, Teru espère perdre notre poursuivant. J'accélère le pas en sachant très bien que l'enfoiré à notre cul fera de même. On arrive devant un cul-de-sac, Teru me regarde apeuré. On entend des pas s'approcher derrière nous. On se retourne, et il y a l'homme, debout à quelques mètres de là.

— Vous n'avez nulle part où aller désormais ! sourit l'homme.

Je ne réponds pas et me contente de le fixer avec des yeux froids et morts. Teru sent un frisson parcourir sa colonne vertébrale. Soudain, l'homme se précipite en avant, je pousse Teru sur le côté et notre ennemi me saisit par la gorge. Je ne lutte pas pour me libérer, cela déstabilise mon adversaire. Il serre alors mon cou jusqu'à ce que je ne puisse plus respirer. Teru ne réagit pas, il a reçu mes ordres avant que tout cela ne commence.

L'homme est de plus en plus déstabilisé, ne voyant aucune réaction de ma part. Un sourire narquois se dessine sur mon visage. Il finit par lâcher prise, les bras tombant le long de son corps, le regard perdu, ne comprenant pas pourquoi je ne réagis pas.

— Qui es-tu ? bégaie-t-il

— Vu où tu vas atterir, tu n'as pas besoin de le savoir, dis-je.

Je secoue sèchement mon bras droit, une lame ressort de ma manche et avant que mon ennemi n'ait le temps d'agir, je lui transperce la carotide.

— Ce n'est pas toi qui m'intéresse, chuchoté-je avant de retirer la lame de son cou.

Je fais signe à Teru et on quitte les lieux.

— Tu devrais faire acteur ! lui dis-je

— J'ai bien joué le mec apeuré ?

— C'était parfait !

— Merci ! C'est quoi le plan maintenant ? demande-t-il en regardant l'écran de son portable.

— La crevure qui a ôté la vie de Rozenn.

— Tu comptes le retrouver comment ?

Je sors à mon tour un portable de ma poche droite. Ses yeux s'écarquillent.

— Le con !

— Notre ennemi pensait qu'il allait nous éliminer, donc il n'a pas pris la peine de laisser son téléphone à son QG, sourié-je, me suffit juste de répondre à ce message !

— Dis-moi quand tu les as éliminé, lit Teru, sont vraiment cons ceux-là/

— Absolument. Le genre d'ennemi qui m'ennuie !

Je tapote le clavier du portable et appuie sur la touche "envoyer" avec un grand sourire. Une notification arrive aussitôt.

"Bien joué, rejoins-moi tout de suite au Kork Bar"

— Teru, j'ai une course à faire ! dis-je en changeant soudainement de direction.

— De quoi ? répond t-il en manquant de glisser

— Il est temps de clôturer le bordel, dis-je sur un ton beaucoup plus froid.

Il tressaute en me voyant agir comme ça mais finit par hausser les épaules en lâchant un simple : "OK".

On arrive au fameux bar, on y entre puis on commande deux bières au comptoir. Je sens le regard de quelqu'un dans mon dos, cela me fait sourire en pensant à l'identité de la personne.

— T'as une touche, je crois, s'étonne Teru en le pointant du doigt.

Je me retourne et me retrouve face à cette crevure, nos yeux se fixent dans un regard féroce. Il est costaud et musclé avec des biceps saillants et un air renfrogné menaçant sur le visage. Connu pour être colérique et enclin à utiliser ses poings pour résoudre des problèmes.

— Un souci ? demandé-je tout en sirotant ma bière sans le quitter des yeux.

— Où est Max ? grogne-t-il.

— Connais pas de Max, désolé, sourié-je.

Teru me tape du coude en grimaçant. Je détaille la salle, il y a pas mal de monde à cette heure-ci, ça m'emmerderait de foutre le bazar longtemps. Alors que l'homme s'avance, les poings serrés et prêt à frapper, j'évalue la situation. Je sais que je dois créer une ouverture si je veux avoir une chance de gagner ce combat rapidement sans faire de dommages collatéraux. J'analyse rapidement les mouvements de mon adversaire et repère une faiblesse dans son stance. Avec des réflexes rapides, je m'élance en avant et donne un coup de pied au genou de cet enfoiré, le faisant fléchir et perdre l'équilibre. Saisissant l'opportunité, j'attrape le bras de mon adversaire et le tord derrière son dos, l'immobilisant. Il hurle de douleur alors que je me penche vers lui et lui murmure à l'oreille :

— On va régler ça dehors.

Teru s'excuse auprès de la clientèle et du propriétaire pendant que je traîne l'ordure hors du bar. On se met dans une ruelle un peu plus loin, je fous un coup de genou dans l'estomac du gars en l'ordonnant de marcher.

— J'obéis pas aux gosses, rit-il, vous avez cru quoi les morveux ?

Teru et moi, nous nous lançons un regard puis il observe les alentours. Il hausse les épaules et sans plus attendre, ma lame vient se planter dans son genou droit pendant que Teru lui met la main devant la bouche pour étouffer son cri.

— J'ai dit, tu marches enfoiré, maugrée-je.

Il ne se fait pas prier, et malgré sa blessure, il avance jusqu'à une porte que Teru dévérouille aussitôt. On pousse notre homme à l'intérieur et je referme aussitôt à clé.

— Bien, maintenant on sera tranquille pour discuter, dis-je en enlevant ma veste.

Je regarde autour de moi, le local ne dispose que d'une chaise et rien d'autre. Du moins, pour le moment.

— C'était quoi cet endroit avant ? demandé-je à Teru

— Euh, de tête, une chapellerie. Mais y a longtemps. Y a plus rien depuis une dizaine d'années.

— En même temps, vu la taille du local... Bref !

Teru installe notre homme sur la chaise et tapote ses joues en souriant. J'arque un sourcil en le voyant agir de la sorte.

— Ça t'arrive souvent ? questionné-je

— J'aime bien avoir des gestes rassurants, explique-t-il

— Tu veux rassurer qui avec cette technique ?

— Personne. Mais c'était marrant.

Il ne dit rien d'autre et part s'asseoir par terre, face à notre proie.

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