Partie 4

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Une fois installés, je restes quelques minutes silencieux pour réfléchir à la façon dont je vais m'y prendre.

— Commençons par le commencement !

— Je t'écoute, dit-elle en saisissant sa tasse.

— C'est ici que le meurtre de ma mère et de mon frère s'est déroulé. Je t'explique ! Mon frère et moi aimions jouer aux cartes, il gagnait souvent et adorait montrer qu'il était plus fort que moi à ce jeu. Mais ce jour-là, je l'ai battu, ça ne lui a pas plu. Il a donc décidé de me faire la peau. Mais pas avec de simples coups de poing ou de pieds, non, sinon c'était pas marrant. Il a pris un couteau. Ma mère s'est interposée et elle s'est retrouvée avec une entaille à la hanche en premier. Moi, je suis resté à l'écart. Il avait perdu le contrôle, on aurait cru qu'un démon s'était emparé de lui ce jour-là. Ma mère, malgré qu'il soit qu'un gamin de sept ans, n'a pas pu l'arrêter, elle s'est retrouvé poignardé à plusieurs reprises. Quand j'ai vu son corps tombé à terre, là, c'est moi qui ai perdu le contrôle. Après avoir galéré à lui arracher le couteau des mains, je l'ai assené de plusieurs coups à mon tour. Cinquante-quatre fois.

Pour lui montrer que je dis la vérité, j'enlève mon sweat et mon t-shirt afin qu'elle voit toutes les cicatrices que j'ai. Elle passe ses doigts dessus, son regard montre de la tristesse, mais elle ne dit rien. Une fois que je me suis rhabiller, je continue l'histoire.

— Une fois le massacre découvert, ils se sont mis à la recherche du deuxième gamin, moi. Sauf que je n'ai jamais été retrouvé. Mais je sais où "je suis". Bref, après cela, l'appartement n'a plus jamais été reloué. Le propriétaire ne s'en est plus occupé.

— Mais pourtant...

— N'oublie pas ce que je suis, lui dis-je en la regardant. Tu vois l'appartement tel que je souhaite le montrer. Les policiers n'ont vu qu'un lieu délabré, avec des meubles à moitié défoncé, le parquet abîmé, les escaliers avec des marches manquantes. Bref, tout sauf ce que tu vois toi actuellement.

— Qu'es-tu devenu après cela ? Je veux dire comment...

— Suis-je mort à mon tour ? continué-je.

— Oui.

— Je suis parti dans la forêt un peu plus loin, je me suis laissé mourir.

Je vois des larmes rouler le long de ses joues, je baisse les yeux. Je pense que ça suffit comme information.

— Les cartes que tu as, les meurtres qui sont commis dont tu es lié, tout ça... Pourquoi ? demande-t-elle d'une voix faible.

— Je ne peux rien te dire sur l'origine de mes cartes, pour les meurtres, tu le sais.

— Ton frère tient à se venger ?

— Ce n'est même pas une question de vengeance, c'est une question qu'il a perdu des fusibles cérébraux, du coup y a un court-circuit dans sa tête. Pour faire court : C'est un gros con qui ne cherche qu'à foutre la merde juste pour le plaisir.

— Vous avez quittés le monde des...

— Morts. Non, lui, il a fugué. Moi, je suis censé le ramener.

— Alors fais-le !

— Tant que toutes les cartes ne sont pas jouées, je ne peux rien faire, avoué-je.

— Il faut cinquante-quatre victimes ! Mais pourquoi ?

— C'est le jeu. La seule façon de l'arrêter, c'est que je tombe sur une carte de tarot particulière : la Mort. Sauf que le tirage est aléatoire. Je peux tomber sur elle demain ou dans un mois et demi.

— Quelles cartes sont sorties depuis le début de cette guerre ?

— Sept cartes et un joker. Cela fait seulement 8 cartes. Mais on a quatorze victimes. Enfin quinze avec celle retrouvée aujourd'hui...

— Il en manquerait trente-neuf. C'est horrible de dire ça... lâche-t-elle tristement.

— Si tu le dis...

— Des filles se font égorgées, violées, c'est tout ce que ça te fait ?!

— Je suis censé réagir comment ?

— Putain mais tu as un coeur Noah ? s'énerve-t-elle.

Je l'attrape par le poignet afin de poser sa main contre mon torse. Je ne la quitte pas du regard. Ses yeux s'écarquillent, elle retire sa main puis me regarde.

— Il ne bat pas.

— Je suis mort Rhéa, dis-je en me levant.

Elle ne sait plus où se mettre après cela. Elle me demande si elle peut aller prendre l'air, je refuse.

— A part si tu veux faire partie des cinquante-quatre victimes, annoncé-je.

Discrètement, je fais apparaître une carte entre mes doigts, quand je vois laquelle c'est je manque de m'étouffer : Reine de Coeur. 

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